Retour vers le futur en 2055

19.07.2024 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Full metal science

ConCERNé. Plus personne n’étudiera les particules élémentaires lorsque notre société se sera effondrée. Voici en substance la réponse du mathématicien Alexandre Grothendieck à ses collègues qui l’accusaient de tenir un discours anti-science (voir notre revue de presse).

Intrication. Certains jugeront ses propos farfelus, d’autres y seront sensibles. Et si la survie de la science et celle de l’humanité étaient liées ? Et quel type de recherche souhaite-on voir perdurer ? Vous, en tant que chercheurs et citoyens, êtes doublement concernés.

Les tableaux. Imaginer une recherche qui réponde aux défis actuels – ils sont immenses –, c’est l’objectif d’une exposition réalisée par Éléonore Pérès de l’Université Paris-Saclay, entourée de chercheurs soucieux. Nous sommes allés la visiter en compagnie de ses concepteurs.

Bonne lecture, 
— Lucile de TheMetaNews

Sommaire

→  ANALYSE  Où sera la recherche en 2055 ?
→  OUTIL  (Re)Synchronisez votre biblio
→  CHIFFRE  Des co-publications internationales
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR PhD Foo Fighters

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

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ANALYSE

Où sera la recherche en 2055 ?

Une exposition réalisée au sein de l’université Paris-Saclay tente d’imaginer les contours d’une recherche à la hauteur des défis écologiques et sociétaux. On a fait une visite guidée.

   ↳ Dans le hall fraîchement climatisé du tout nouveau bâtiment LUMEN de Paris-Saclay, les lettres s’inscrivent en grand caractère sur la baie vitrée : À la limite – Innover à la mesure du monde – 2055. Mélange de science et d’un brin de fiction, l’exposition a été commandée par l’Université Paris-Saclay à sa Direction des Bibliothèques, de l’Information et de la Science Ouverte et c’est Éléonore Pérès, docteure en biologie et aujourd’hui médiatrice scientifique, qui a eu la lourde mais passionnante tâche de la concevoir. Son objectif ? Projeter les jeunes scientifiques dans un futur désirable (…)

OUTIL

(Re)Synchronisez votre biblio

Votre bibliothèque à la plage (ou à la montagne). L’été n’est-il pas le moment parfait pour faire un peu de tri dans sa biblio et pourquoi pas perfectionner ses outils ? Mettons que vous utilisiez Zotero et son service de synchronisation entre appareils : il permet d’enregistrer vos PDF sur les serveurs de Zotero dans une limite de 300 Mo, une option qui devient payante au-delà. Mais il existe une solution alternative que les auteurs du blog collectif Zotero francophone vous explique en détail : le stockage via WebDAV, un protocole de synchronisation qui fonctionne notamment avec ownCloud et Nextcloud. Des “solutions cloud” que vos établissements vous proposent peut-être déjà : MyCore au CNRS, NextCloud InraeB’UL à l’Université de Lorraine et bien d’autres !

EXPRESS

Pendant ce temps dans les labos

● Évaluation fatale. L’excellence scientifique : piège ou opportunité pour les femmes ? C’est la question débattue par des collègues au sein de la revue Travail, genre et sociétés. Si le politiste Maxime Forest s’autorise à « envisager une compatibilité possible entre impératifs d’excellence et égalité des chances », quatre autres contributions s’inscrivent en faux, observant un effet Matilda — une invisibilisation des femmes — dans les appels à projets et « invitent plutôt au dépassement (voire à l’abandon) de la notion d’excellence au nom de l’égalité », selon les termes des chercheuses Fanny Gallot, Marion Paoletti et Sophie Pochic.

● Arrivederci. L’Université de Lorraine amorce sa sortie des classements commerciaux : elle se retire définitivement de ceux de Times Higher Education et de QS et ne commentera plus ceux de Shanghai, annoncent la présidente Hélène Boulanger et son vice-président numérique, données et science ouverte Nicolas Fressengeas. L’établissement a signé la déclaration de Barcelone sortie en avril (nous vous en parlions) prônant l’utilisation de données bibliométriques libres et ouvertes. Il soutient d’ailleurs OpenAlex à hauteur de 10 000 euros.

● Double face. Les candidats à cet appel à projet ouvert par la Fondation Volkswagen vont évaluer les dossiers de leurs concurrents. Cette approche dite du distributed peer review a pour ambition d’explorer des méthodes d’évaluation plus robustes, plus rapides et plus justes, rapporte le Research on Research Institute qui va observer l’expérience. Et les candidats ont l’air d’y croire. Résultats des courses en décembre.

● Prolongations. Sous la pression populaire, des écoles doctorales mais aussi des syndicats (ici le Snesup), le ministère a cédé : les candidatures à la qualification pourront être déposées jusqu’au 17 janvier 2025 pour les doctorats soutenus après le 23 novembre et avant le 10 janvier. Mais ce sera la dernière année, prévient le ministère dans un communiqué qui rappelle que cette disposition avait été mise en place exceptionnellement au moment de la Covid-19.

  Mais aussi…   Amies chercheuses, vous pouvez profiter de la pause estivale pour préparer votre candidature au prix Irène Joliot-Curie, à déposer jusqu’au mardi 10 septembre 2024 à minuit ● Une bonne nouvelle pour vous qui revenez de mission ou allez partir : plus besoin de scanner chacun de vos tickets justificatifs de vos repas. Vous pourrez déchirer les additions à la sortie du resto ! Le CNRS publie son rapport d’activité 2023, mettant notamment en avant que 95% des publications de ses chercheurs et chercheuses sont en accès ouvert● Que faire lorsque sa publication subit une rétractation ou une expression of concern ? Le National Information Standards Organization (NISO), organisation à but non-lucratif américaine fondée en 1939, publie ses recommandations sur comment communiquer

CHIFFRE

65%

C’est la part de copublications internationales en France en 2020, selon une note publiée par le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres). Un pourcentage un peu moins élevé qu’au Royaume-Uni (68 %), mais plus fort qu’en Allemagne (59 %), en Espagne ou en Italie. La propension à co-signer des papiers avec des collègues à l’international a bien augmenté depuis 2010 où elle se situait sous la barre des 50%. Elle dépend des familles disciplinaires mais aussi des régions (un focus est réalisé sur l’Île-de-France). Au global, la proportion des publications signées par des chercheurs d’un même labo ne représentent plus qu’une publication sur dix en 2021.

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Salutation au soleil. Cours de yoga et de méditation à l’Université de Zurich, ateliers autour de la dépression saisonnière au Imperial College London, accompagnement pour trouver son prochain job… Nature réalise un tour d’horizon des initiatives pour compenser les problèmes de santé mentale dus notamment au fort stress que ressentent les jeunes chercheurs. Un traitement des symptômes qui ne s’attaque pas aux causes profondes, commenteront certains.

→ Tanné. Le chercheur américain John Trinkaus a étudié méticuleusement les phénomènes qui l’énervaient : le non-respect des panneaux stop, les chaussures de sport au bureau, le temps d’attente dans un cabinet de médecin… Il a reçu le prix igNobel pour cela, et les journalistes Radio Canada lui consacrent une chronique pleine d’humour dans l’émission Moteur de recherche.

→ Canicule neuronale. Situé à Denver dans le Colorado, le plus grand congélateur stockant des carottes de glace — parmi les plus vieilles du monde — à -36°C va remplacer ses gaz réfrigérants. Les gaz fluorés utilisés à sa construction et depuis interdits sont malheureusement bien connus pour détruire la couche d’ozone. Trouver une alternative durable relève du casse-tête, rapporte Nature.

→ Publi vs procès. Chad Mirkin, chimiste lauréat 2024 du prix Kavli, tente de faire taire les critiques concernant la solidité de ses travaux venant de notre côté de l’Atlantique via la voix de Raphaël Lévy, professeur à l’Université Paris Sorbonne Nord, rapporte Retraction Watch. Ce dernier nous avait expliqué – relire notre portrait – ses efforts infructueux pour répliquer les résultats.

→ Compromis. Peut-on faire de la belle science avec un financement qui ne fait pas rêver ? Oui, répond le chercheur nord-américain Stephen B. Heard sur son blog. Sa méthode : pitcher un projet qui correspond aux attentes des financeurs mais le concevoir de manière à ce que les données collectées vous permettent de répondre également aux questions qui vous passionnent. Une démarche qui a révolutionné son labo.

→ Auto-critique. De son enfance en camp de concentration à sa rupture avec la communauté scientifique, en passant par la reconnaissance mondiale de son génie mathématique, France Culture consacre une série de cinq épisodes d’une heure à Alexandre Grothendieck, interviewant famille et anciens collègues. LA série de podcast à écouter cet été.

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PHD FOO FIGHTERS

Et pour finir…

Et vous, qu’avez-vous écouté durant la rédaction de votre thèse ?