Il y a deux semaines, quelques chercheurs ont pris la parole, dont François Gemenne, alors que le mouvement Extinction Rebellion bloquait la place du Châtelet pour dénoncer l’urgence climatique. Serge Janicot, chercheur de l’IRD, n’est pas un habitué de ce genre d’événement, mais a pourtant accepté d’y participer. Il nous dit pourquoi. Qu’avez-vous dit le 10 octobre, rue de Rivoli, et quelles ont été les réactions ? Extinction Rebellion (ER) cherchait des scientifiques pour faire une tribune à propos des conséquences du changement climatique sur les migrations. Il se trouve que c’est mon domaine de recherche. C’était très informel. L’important pour moi était de délivrer un message scientifique, qui est qu’il existe déjà des zones inhabitables en Afrique subsaharienne à cause du changement climatique. Les gens étaient intéressés, très réceptifs. Ils ont posé beaucoup de questions à propos des solutions, mais ont également abordé la question des sentiments chez les scientifiques. Justement, un chercheur peut-il faire part de son sentiment personnel ? L’émotionnel est crucial lorsqu’on veut faire passer un message, y compris scientifique. Surtout sur le changement climatique, qui reste un problème souterrain pour la plupart des gens. Face à un discours neutre sans émotion, les citoyens ne s’inquièteront pas, et ne réagiront pas. Au contraire, la peur, si on ne se laisse pas déborder par les émotions, pousse à l’action. Vous considérez-vous comme militant ? Les mouvements de désobéissance civile sont intéressants mais je ne suis pas militant. Disons que je suis un scientifique engagé et sympathisant de ces actions. Les résultats scientifiques montrant l‘urgence, la démission de Nicolas Hulot, les marches pour le climat ou les grèves de lycéens m’ont donné une impulsion pour aller plus communiquer en direction du grand public en tant que chercheur. Au sein de mon laboratoire, on trouve tout le panel : des scientifiques qui souhaitent rester absolument neutres, des chercheurs qui veulent communiquer plus, et certains qui sont carrément très engagés. |
Philippe Grandcolas : « Se préoccuper de la biodiversité n’est pas une dérive idéologique »
Que retenez-vous de la COP sur la biodiversité qui vient de s'achever à Rome ? La signature d’un accord par près de 200 pays est une relative bonne nouvelle. Cela faisait plus de 30 ans qu’on attendait une mise en œuvre plus concrète de la Convention sur la...