Comment vous êtes-vous rendu compte du piratage de votre identité ?
S.K. : J’ai reçu un email du Research journal of plant pathology, qui a attiré mon attention car il me remerciait d’avoir « reviewé » des articles pour leur compte. Il y avait le mot de passe de « mon » profil en bas du mail, j’ai donc pu y accéder et réaliser que j’étais censé avoir rendu quatre rapports (très mauvais d’ailleurs), alors que je n’ai jamais travaillé pour cette revue.
Avez-vous contacté les éditeurs de la revue pour avoir des explications ?
S.K. : J’en doutais au départ mais il s’agit de vraies personnes ! Un chercheur aux Etats-Unis, un autre en Chine, les deux assez reconnus. J’en ai parlé à l’administration de mon institut et nous avons décidé que je ne les contacterai pas personnellement, mais d’agir de manière formelle. Une lettre signée de mon institut est en cours de rédaction à l’attention de la revue ainsi que des deux éditeurs. C’est également mon employeur qui décidera s’il y a lieu d’engager des poursuites judiciaires.
Quel est le meilleur moyen de lutter contre les revues prédatrices ?
S.K. : Par la transparence. Je suis pour un système « publish & filter » et non l’inverse, où le peer-review se fait sur des plateformes dédiées comme PREreview après mise en ligne du preprint. Les maisons d’édition historiques ne sont pas forcément un gage de qualité du peer-review même si les chercheurs se cachent souvent derrière le fait qu’un article est publié dans Nature pour ne pas se poser de questions. Cela peut être très dangereux, comme nous montre le cas de l’article liant vaccination et autisme, qui a finalement été retiré mais 18 ans après sa publication.
Philippe Grandcolas : « Se préoccuper de la biodiversité n’est pas une dérive idéologique »
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