Suspendus à l’Europe

— Le 9 décembre 2020
La titularisation assurée en cas d’obtention d’un financement européen ?
Inria le propose à ses post docs. Ca mérite quelques explications.

De quoi parle-t-on ? L’Institut de recherche a lancé un dispositif pour les postdocs, salariés ou non de l’Inria, visant à améliorer leurs chances de décrocher l’ERC starting grant, un financement européen, prestigieux, sélectif (moins d’une chance sur six d’en décrocher un) et rémunérateur. Les candidats retenus dans le dispositif se verront offrir un poste d’une durée de trois ans et un accompagnement personnalisé pour constituer leur dossier à l’ERC et le déposer jusqu’à deux fois.

Dix candidatures, trois postes. Initié début novembre et présenté aux représentants des chercheurs dans la foulée, le dispositif devait être bouclé au 10 décembre. Il suscite des remous en interne, notamment parce qu’il conditionne la pérennisation du poste des candidats à l’obtention de ce fameux ERC. Rappelons qu’une fois obtenu, la grant de l’ERC est aux mains du chercheur qui l’a gagnée. Trois postes sont concernés au sein de l’Institut, une dizaine de candidatures aurait été récoltée.

Calendrier serré. Un chercheur proche du dossier témoigne des inquiétudes au sein des représentants du personnel pour cette disposition qui concerne des personnels précaires : « Préparer une ERC est un gros travail qui ne se valorise pas en cas de refus (…) nous demandons l’arrêt du dispositif pour cette année et qu’il y ait une discussion. L’Inria veut plus d’ERC : nous aurions pu proposer d’autres stratégies pour ce faire. »

Un ballon-sonde. Interrogé, Jean-Frédéric Gerbeau, directeur général délégué à la science de l’Inria, nous livre son analyse : « Même si elle a raté l’ERC, la personne pourra naturellement présenter des concours de recrutement. Cela ne la pénalisera en aucune manière (…) Les postes qui seront attribués par ce biais existaient déjà (…) Le sujet n’est pas de faire de cette voie une norme pour nos recrutements permanents, cela n’aurait pas de sens. » 

Question de contexte  Limitée à l’Inria — à moins qu’elle n’inspire d’autres établissements —, cette disposition a une valeur symbolique plus forte que sa portée réelle mais intervient dans un contexte politique marqué par les débats autour des chaires de professeur junior. L’Inria avait par ailleurs lancé il y a quelques mois les ISPF.

À lire aussi dans TheMetaNews

La recherche américaine peut-elle résister ?

« Scientifiques persécutés, démocratie en danger », « Scientists support scientists », « Science against totalitarianism »… Voici quelques-uns des nombreux slogans que l’on pouvait lire sur les pancartes brandies par les manifestants — peut-être l’un d’entre vous...

Prêts pour une partie de risque ?

Comment faire tomber un œuf (cru) d’une hauteur de dix mètres sans le casser ? C’est un des problèmes qu’une dizaine de chercheur·es INRAE ont tenté de résoudre le 13 novembre dernier lors d’un atelier EXPLOR’AE — le programme de recherches dites “à risque” de...

Ces bourdes qui mènent à la rétractation

L’erreur est humaine et le monde de la recherche n’y fait pas exception. Oublier de changer les paramètres de l’expérience d’une mesure à l’autre, mettre une virgule en trop dans le code d’analyse ou copier-coller trop vite… Les possibilités d'étourderie sont...