Ce que la Covid vous a fait

07.10.2022 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


40 ans d’attente

Jadis au labo. Vous me permettrez bien une petite anecdote personnelle. Je reçois mardi soir le message d’un ami : « Dis moi, on a un prix Nobel français sur l’intrication quantique, tu n’as pas bossé de près ou de loin sur ça ?? »

Miettes dorées. Oui, lui répondis-je, mais pas avec le lauréat, que je ne connais pas personnellement. Le fond de sa pensée était tout autre : « Du coup tes travaux ont potentiellement aidé ? », insiste-t-il. Aurais-je donc moi aussi par procuration un petit bout de médaille ?

Flegme à moustache. J’ai souri ! Comme si le Nobel récompensait des travaux récents… Alain Aspect a dû attendre 40 ans pour l’obtenir en tranchant un débat sans fin entre Einstein et Bohr : sa fameuse expérience date de 1982. Mieux vaut être patient lorsqu’on est nobélisable.

En sourdine. Le grand public connaît finalement mal le fonctionnement de la recherche et n’en entend parler qu’à ces grandes occasions. En retour, vous, chercheuses et chercheurs, avez l’impression de ne pas être entendus. C’est l’analyse de Michel Dubois que j’ai interviewé cette semaine, suite aux résultats d’une grande enquête menée au sein du CNRS.

À très vite, 
— Lucile de TheMetaNews.

Sommaire

→  ANALYSE  Michel Dubois a enquêté sur vous
→  UN CHIFFRE  Petites mains de Nobels
→  UN OUTIL  Optimisez vos rédactions
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Force 3, trop facile pour vous ?

TEMPS DE LECTURE : 3 ou 7 MINUTES

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INTERVIEW

« La crise de la Covid a été un crash-test pour l’intégrité »


Motivations, engagement, pratiques dans les labos… Les chercheurs changent et la crise de la Covid n’y est pas pour rien, analyse le sociologue Michel Dubois.

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Pourquoi une enquête auprès des chercheurs ?

↳ Nous voulions mesurer son impact de la crise Covid sur la façon dont les chercheurs se représentent les enjeux d’intégrité. On a tous vu depuis deux ans les crispations, les polémiques, les querelles d’égos, des propos parfois irresponsables (…)

UN CHIFFRE

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Plus d’une centaine de jeunes chercheurs sont passés par le labo d’Anton Zellinger, affirme le co-lauréat du prix Nobel de physique qui a tenu à rappeler que rien n’aurait été possible sans le travail de ces éternels anonymes. En quarante ans de carrière et avec un séjour moyen de cinq ans, cela revient à une douzaine de personnes en permanence dans l’équipe – le standard dans ces grands groupes. C’est qu’il en faut du monde pour produire des particules intriquées !

UN OUTIL

Optimisez vos rédactions

Techniques de rédaction pour des projets de recherche, des articles ou des livres, mais aussi plein d’analyses d’outils et de logiciels… Découvrez la bibliothèque Zotero collaborative Ecritac sur l’écriture académique ! Le plus de 500 références disponibles y sont bien organisées et l’ingénieure de recherche Manon Durier vous explique tout sur son blog. Vous pouvez également relire notre numéro spécial sur la rédaction de la thèse.

EXPRESS

Des infos en passant


● Cotillons. C’est le coup d’envoi aujourd’hui de la Fête de la science : du 7 au 17 octobre en Métropole et du 10 au 27 novembre à l’international et en Outre-mer. Avec une thématique malheureusement en pleine actualité : le dérèglement climatique.

● Serpent charmeur. Est-ce bien éthique de lier des relations d’amitié avec les “enquêtés” ? Quand cela se transforme-t-il en manipulation ? Helen Kara pose cette épineuse question d’éthique dans LSE Impact of Social Science et propose les grandes lignes d’une conduite respectueuse.

● Super menteur. Science et société encore (et politique) : les fake news influencent les élections mais n’expliquent pas entièrement la montée du populisme, affirme une étude menée en Italie et publiée dans Research Policy, analysant la communication des partis politiques juste avant les élections.

● Out of Babylon. Les enseignants-chercheurs n’arrivent plus à chercher, s’insurge le Snesup-FSU. Entre les manques à palier en enseignement et le difficile accès aux appels à projet prestigieux, les universitaires, moins compétitifs, sont carrément parfois évincés de leur équipe, selon la dernière note du syndicat.

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Solo. L’économie de l’attention s’est bien installée dans nos sociétés et la science n’est pas innocente dans cette affaire. Elle y joue même un rôle déterminant, au détriment de l’esprit collectif de la science et de la confiance des citoyens, peut-on lire dans Big Think.

→ Numéro complémentaire. Après la Suisse ou la Nouvelle-Zélande – relire notre numéro spécial –, l’académie britannique pour les sciences humaines et sociales étrenne le tirage au sort pour départager des projets jugés de qualité équivalente par le comité de sélection, nous apprend Nature.

→ Méta. Face à des communications « toxiques » brouillant les frontières entre science et opinion, le philosophe et directeur de la communication à l’université de Bordeaux, Philippe Vellozzo, se fait l’avocat d’une « science de la communication des sciences » dans les colonnes du média AOC.

→ Tutti frutti. La diversité de la recherche s’affiche dans la presse française : entre une sociologue qui se fait embaucher comme femme de ménage – filmée par Konbini –, un chercheur en management qui décrypte les scènes de Louis de Funès – interviewé par Le Figaro –, un autre qui a réorienté ses recherches après avoir été touché de près par le syndrome des bébés secoués – son portrait dans Le Monde – et enfin un enseignant-chercheur percevant 2700 euros par mois mais qui refuse de se plaindre dans Le Parisien, il y en a pour tous les goûts

ENTRE DEUX EAUX

Et pour finir…


Êtes-vous incollable sur les Nobel ? Faites le test via ces mots croisés !