Scientifiques en rébellion (Ep.1)

21.10.2022 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Still got the blouse

Peaux sensibles. S’enchaîner, c’est “has been”, la glu est devenue la nouvelle mode chez les militants climat qui se collent la main au sol lors d’occupations. Un geste moins photogénique mais surement plus douloureux.

Au nom de la science. Si les mouvements climat se sont beaucoup appuyés sur des travaux scientifiques pour justifier leurs actions, les scientifiques en restaient jusqu’alors largement spectateurs. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

La tension monte. En amont de la COP27, quelques-uns de vos collègues chercheuses et chercheurs donnent de leur personne en ce moment-même à Berlin, revêtant blouses blanches affublées du X d’Extinction Rebellion.

Amour et désespoir. Alors comment sont-ils passé de simples chercheurs à scientifiques en rébellion ? J’ai interrogé six d’entre eux pour l’enquête de cette semaine, première d’une série de deux épisodes.

À très vite, 
— Lucile de TheMetaNews.

 PS  Avez-vous réservé votre séance ? Le festival de film scientifique Pariscience a démarré le 19 pour se terminer le 31 octobre. Rendez-vous samedi 29 pour la projection du Manifeste de l’Arcouest suivie d’une table ronde que j’animerai.

Sommaire

→  ANALYSE  Anatomie de scientifiques en rébellion
→  UN CHIFFRE  Des hypothèses solides (ou pas)
→  UN OUTIL  Laissez vous guider
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Et un Van Gogh sans tomate

TEMPS DE LECTURE : 3 ou 7 MINUTES

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ANALYSE

Anatomie de scientifiques en rébellion


Des militants en blouse blanche qui se collent à la glu les mains au sol pour bloquer une route, revendiquant d’urgence des actions pour le climat ? Ce sont peut-être vos collègues, participant à un mouvement qui monte.

­Quatre chercheuses et chercheurs français sont à Berlin cette semaine. Pas pour une conférence mais pour désobéir. Élodie Vercken, écologue à l’Inrae que nous avions interviewée en mars dernier, en fait partie. Ils y rejoignent une cinquantaine de scientifiques du monde entier venus protester contre l’inaction climatique (…)

UN CHIFFRE

59%

59% des publications en psychologie comportent du “selective reporting” : un ajout, un retrait ou une altération d’hypothèses ou de données en vue de coller avec les résultats. C’est le résultat de cette étude déposée en preprint sur MetaArxiv et menée sur environ 600 publications dont le protocole avait été pré-enregistré. Les auteurs, des Néerlandais, plaident pour que les hypothèses de départ soient plus clairement formulées et précisément présentées dans le papier final !

UN OUTIL

Laissez vous guider

Vous voulez que votre article soit lu ? Cela se joue dès l’écriture jusqu’au jour de sa “sortie”, selon PlosOne qui vous propose un guide pour faire la promotion de vos publications sur les réseaux sociaux. Autres guides sur des sujets différents : l’initiative ministérielle Ouvrir la science publie un livret qui s’attaque aux clichés sur les pratiques de la science ouverte et un second sur les enjeux particuliers de l’ouverture des codes et logiciels

EXPRESS

Des infos en passant


 ● Circuits courts. Être visible à l’international ou dans votre propre pays ? Les deux ne vont pas de pair pour les chercheurs chinois dont les publications dans des revues internationales, très encouragées depuis plusieurs années, se retrouvent du coup moins accessibles en Chine, conclut une étude publiée dans Scientometrics par Vincent Larivière et ses collègues.

● Shot de publi. Triche-t-on de la même manière en sport et en science ? Le statisticien et politologue Andrew Gelman voit deux différences et une similarité : la frontière entre tricherie et honnêteté est souvent floue, explique-t-il sur son blog.

● Diamants sur la banquise. Le CNRS doit-il cautionner des campagnes scientifiques aux pôles financées par un opérateur de tourisme de luxe privé ? Le collectif Scientifiques en Rébellion – décidément sur tous les fronts – demande clarification dans une lettre ouverte. Toujours du côté des pôles, Nature raconte comment les scientifiques se sont débrouillés sans expédition durant la pandémie.

● Action discrète. Face aux risques de biais et de conflits d’intérêt, le créateur de la base de données Open Editors, qui comporte presque 600 000 chercheurs au sein de 7 000 revues, appelle à plus de transparence de la part des maisons d’édition sur le blog LSE Impact of Social Science.

● Salade tomate oignons. Accumuler les belles figures pour épater la galerie, c’est bien, mais un peu plus de réflexion sur le fond serait souhaitable, argumente le chimiste Song Jin dans un éditorial de ACS Energy Letters au sujet de ce qu’il nomme les publications “sandwich”.

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Ni acide, ni basique. Notre analyse du jour le confirme : le devoir de neutralité ne tombe plus sous le sens pour tous les chercheurs français, analyse le sociologue Michel Dubois – relire son interview. Il signe avec ses collègues une tribune dans le Monde sur la nécessité d’engager un travail sur cette épineuse question.

→ Habeas corpus. Les anti-IVG mènent une bataille juridique contre l’Agence de la biomédecine, qui délivre les autorisations de recherche aux labos, et mettent des bâtons dans les roues des chercheurs travaillant sur les cellules souches embryonnaires. Ces « soldats du fœtus » comme les nomme Antonio Fischetti, ex-chercheur en acoustique devenu journaliste scientifique, en prennent pour leur grade dans les colonnes de Charlie Hebdo.

→ Le sexe du kangourou. Parité en Australie : la principale agence de financement en santé donnera la moitié de ses “grants” à des femmes ou des non-binaires. Les dirigeants souhaitent notamment encourager les chercheuses plus expérimentées, qui ne représentaient qu’une candidature sur cinq l’an dernier, peut-on lire dans Nature.

→ Médailles en chocolat. On ne vous a pas parlé des IgNobel cette année mais vous aurez le résumé dans les colonnes d’Impakter. Trois prix Nobel dans le comité de sélection, des recherches primées sur la chance, les crèmes glacées ou les canards… Ainsi qu’un lauréat financé par l’ERC – qui s’en félicite – étaient au programme.

→ 40 ans, toujours… Amis chercheurs, faut-il ravaler votre égo ? Pas toujours, surtout quand on est toujours postdoc à 40 ans. Avec beaucoup d’abnégation, John Tukker a ravalé sa fierté et se satisfait malgré tout de sa situation même sans poste de professeur, raconte-t-il dans eLife. 

ET UN VAN GOGH SANS TOMATE

Et pour finir…


Puisqu’on se souvient que l’art est important et que vous n’avez peut-être pas assez admiré les tableaux de Van Gogh