Le jeu du hasard.
On sent bien que depuis quelques années, devant le faible nombre de financement disponible, la sélection des projets se fait avec une part de hasard. Après une première sélection, comment choisir entre les dix meilleurs projets ? Dure question…
Les Néo-zélandais assument l’arbitraire et ont instauré une loterie. Peut-être au passage une façon de réduire les biais et de permettre à des idées originales de percer.
Bonne lecture,
Lucile de TheMetaNews
PS. Le saviez-vous ? 52% des doctorants présentent des symptômes qui nécessiterait un suivi psychologique. Ce n’est pas nous qui le disons mais une enquête Doctopus dont nous vous reparlerons vendredi prochain. Rendez-vous à la présentation des résultats ! |
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La semaine prochaine dans [TMN]. Troquer sa liberté de chercheur pour un poste de haut fonctionnaire ? C’est le dilemme de Quentin Glorieux, arrivé premier du nouveau concours de l’Ena pour les docteurs. Alors que débute dès lundi sa semaine de remise à niveau, on vous raconte tout vendredi prochain.
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Une après-midi
avec Emmanuel Macron |
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Le temps des arbitrages est passé. Voici venir le temps du service prévente pour la future loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), annoncée par Edouard Philippe en février dernier et qui devrait arriver au Parlement début 2020. Cette fois c’est Emmanuel Macron lui-même qui monte au front : le président, accompagné de la ministre de la Recherche Frédérique Vidal a ainsi reçu à l’improviste un aréopage d’une demi-douzaine de chercheurs, aux profils très divers, dont voici la liste, à une réunion de travail à l’Elysée le 18 novembre dernier pour « consulter » sur un texte certainement déjà écrit par les services du gouvernement. Passons.
Séquence com’ dans 3… 2… 1…
Le président a noté les doléances de la profession : « Nos demandes portaient sur l’augmentation du budget de la recherche, le maintien des emplois et le poids trop important de l’évaluation ; il n’a pas personnellement fait de propositions mais a noté ce que nous disions », souligne Cornelia Meinert, qui a elle-même foulé la moquette élyséenne le 18 novembre dernier. Selon toutes probabilités, la semaine prochaine, marquée par un symposium à l’occasion des 80 ans du CNRS, sera celle des révélations, avec un discours de Frédérique Vidal prévu en clôture et la présence d’Emmanuel Macron pressentie le soir lors d’un dîner au Palais de la découverte. Il serait en effet temps de passer aux explications car seul un chercheur sur dix déclare (sondage BVA santé pour MSD) « connaître les ambitions du gouvernement », concernant la LPPR. Êtes-vous ce chercheur ?
Laurent Simon
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Déposez sur HAL, je le veux
Comment obliger les chercheurs à déposer leurs publications sur l’archive ouverte HAL ? Le CNRS l’avait promis, son PDG Antoine Petit l’a annoncé lundi soir aux deuxièmes journées nationales pour la science ouverte : pour les évaluations, les listes de publications seront automatiquement extraites de HAL, sans possibilité de modification par les chercheurs. Antoine Petit a également demandé aux chercheurs de ne pas exagérer la difficulté à utiliser HAL : « C’est une fausse excuse, n’importe qui avec un BEPC peut le faire ». Vous avez un BEPC ?
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C’est la note accordée aux métiers scientifiques par le grand public en Espagne. Les scientifiques, eux, sous-estiment leur valeur auprès du grand public anticipant une note de 3.1/5. La même étude montre que 75% des scientifiques trouvent que le grand public ne comprend pas le raisonnement scientifique.
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« Certains aimeraient
me faire taire » |
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Après 15 ans de recherche à Stanford, Elisabeth Bik s’est lancé à temps plein dans la détection de fraudes dans les publications scientifiques. Parmi ses récentes « découvertes » : un professeur chinois reconnu.
Vous décryptez des publications en biologie, entre autre les duplications d’image. Avez-vous un don pour le jeu des sept erreurs ?
EB C’est plutôt le jeu des sept ressemblances ! Non, je n’ai pas de talent particulier, tout le monde peut le faire. J’utilise des routines, mais aussi beaucoup mes yeux. J’ai de l’expérience et je sais quoi chercher. Ensuite j‘écris aux revues, qui doivent suivre les recommandations de la COPE [Committee on Publication Ethics, NDLR] et prendre en compte les commentaires des lecteurs… mais j’ai très peu de réponses. Je publie donc également le résultat de mes investigations sur PubPeer. Parmi les 800 articles que j’ai dénoncés en 2016, seuls 51 ont été retirés. Certains ont été corrigés mais au final deux tiers sont restés tel quel.
Comment sélectionnez-vous les publications que vous passez au crible ?
EB Entre 1995 et 2014, j’ai analysé plus de 20 000 articles de 40 journaux différents, dont environ 4% comportaient des erreurs. A partir de ça, j’ai pu repérer des auteurs qui avaient tendance à manipuler leurs données. Je suspectais en particulier plusieurs articles signés par un même chercheur chinois : j’ai finalement trouvé et révélé les fraudes. Au départ, je ne savais pas que le professeur Xuetao Cao était si reconnu en Chine ! Ironiquement, il est le président de la commission pour l’éthique.
Cette histoire a pris de l’ampleur et on voit la censure à l’œuvre sur les réseaux sociaux chinois. Avez-vous peur ?
EB Certains aimeraient me faire taire et j’ai surtout peur qu’on pirate mon compte Twitter, donc j’ai redoublé de sécurité. Les réactions avaient déjà été très fortes il y a un an lorsque des fraudes d’un autre professeur avait été révélées, avec la suspension du compte Weibo [L’équivalent chinois de Twitter, NDLR] de l’internaute relayant ces informations. Dans mon cas, le professeur Cao a reconnu qu’une erreur avait pu lui échapper et l’affaire est numéro deux des sujets chauds sur un autre réseau social chinois [Zhihu, NDLR], ce qui est un signe d’amélioration.
Qu’est-ce qui pousse les chercheurs à frauder ?
EB Nous connaissons tous la pression à la publication. Elle se répercute sur les doctorants et les postdocs, qui sont dépendants de leur chef [qui les paye, comme c’est très souvent le cas à l’étranger, NDLR]. Le professeur a donc un immense pouvoir et quand il dit : « Je veux ces données, le graphique doit ressembler à ça », les étudiants et postdocs peuvent être tentés de manipuler les résultats s’ils ne correspondent pas à ce qui est attendu. La responsabilité est donc partagée.
Propos recueillis et traduits de l’anglais par Lucile Veissier
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Quelques infos en passant Laurent Simons (aucun rapport avec Laurent Simon de TMN) va entamer un PhD à l’âge de 9 ans Plus vous publiez tôt avec des scientifiques de renom, plus vous irez loin, tente de vous apprendre Nature. No. Way. José. Si vous avez envie de faire partie des Experts intégrité aux States, c’est le moment de préparer vos CV. Après son rachat par les Chinois, quel sort attend EDP science ? Le consultant Matthias Wahls pense que l’éditeur français s’en sortira « intact ». |
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Notre revue de presse express
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