Quand des chercheurs se paient Les Echos

— Le 21 février 2020


Nos lecteurs ont la parole



Les retraites
sont l’affaire de tous



Dans cette parodie d’un article des Echos, le Collectif d’action du Collège de France dénonce le traitement réservé aux chercheurs dans la loi Retraite.




La réponse
du Collectif



Le patronat réclame le maintien de la retraite par répartition pour les hauts salaires


Les scientifiques réclament le maintien de la retraite par répartition pour les hauts diplômés



Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, estime qu’il n’est « pas possible » de passer de la répartition à la capitalisation. (Eric TSCHAEN/REA)


Armelle Rancillac, la candidate collective à la présidence de l’HCERES estime qu’il n’est « pas possible » de passer de la répartition à la capitalisation.



Branle-bas de combat dans les milieux patronaux. La réforme des retraites inquiète les entreprises qui emploient des cadres gagnant plus de trois plafonds de la Sécurité sociale, soit 120.000 euros par an. Alors que ceux-ci cotisent actuellement jusqu’à huit fois le plafond (329.000 euros) pour la retraite (à l’Agirc-Arrco), ce qui leur permet de toucher une pension élevée dans le système par répartition, il ne leur restera plus demain qu’une cotisation ne donnant aucun droit à retraite au-dessus solidarité déplafonnée de 2,81 % ne leur de 120.000 euros de revenus. « Pour le top management, ça peut signifier un taux de remplacement à la retraite divisée par deux », remarque un représentant patronal, sidéré.

Comment la réforme des retraites rebat les cartes pour les cadres

« On aura un problème d’employeur pour ces gens-là », « qui sont extrêmement mobiles » parce qu’« ils ont la chance d’être employés partout dans le monde », a alerté le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, mercredi, devant les députés de la commission spéciale sur les retraites de l’Assemblée, évoquant un « problème de compétitivité ».
Certes, la cotisation patronale va chuter de 16,68 % à 1,69 % sur cette tranche de revenus, avec de grosses économies à la clé. Mais les entreprises n’en profiteront pas forcément, car ces salariés devraient se tourner vers leur employeur pour obtenir des compensations. Ces augmentations, primes ou abondements risquent de leur coûter plus cher en fin de compte, parce que les entreprises devront payer des cotisations dessus, sans déductibilité fiscale.

Afep et CGT
D’où la mobilisation qui s’est accentuée ces derniers jours des milieux patronaux. Une poussée de fièvre qui a surpris l’exécutif, alors que l’arbitrage sur le seuil des 120.000 euros date de plus d’un an, et que le Medef n’avait guère réagi. Le gouvernement avait en revanche anticipé que les entreprises bondiraient sur fiscaux et sociaux supplémentaires pour l’occasion pour demander des avantages l’épargne – retraite. Le projet de loi sur les retraites ouvre d’ailleurs la voie à ces aménagements pour les « super cadres ». Mais cela ne suffit pas. […].

La question des hauts salaires sera d’ailleurs très probablement inscrite à l’agenda de la conférence de financement, installée ce jeudi par le Premier ministre au Conseil économique social et environnemental, pour trois mois. Alors que les partenaires sociaux cherchent 12 milliards d’euros pour combler le déficit du système de retraite en 2027, ils pourraient demander que l’on ne se prive pas de 4 milliards d’euros de cotisations annuelles en 2025. Mais les députés pourraient aussi se saisir du sujet dès la semaine prochaine en commission.

Solveig Godeluck Publié le 30 janv. 2020 à 17h30


Branle-bas de combat dans les milieux scientifiques. La réforme des retraites inquiète les chercheurs qui emploient des doctorants gagnant le SMIC. Alors que ceux-ci cotisent pour leur retraite malgré tout, ils ont peu de perspective professionnelle dans le monde académique (baisse de 25 % des recrutements en 10 ans). Si par miracle, ils obtiennent un jour un poste de chercheur, ils perdront dans les 38 % de leur retraite, s’ils arrivent à cotiser jusqu’à 66 ans. Mais avec des postdoctorats à l’étranger toujours plus longs et un âge moyen de recrutement à 34 ans, la retraite à taux plein reste une utopie. « Pour le top scientifique, ça peut signifier un taux de remplacement à la retraite divisé par deux », remarque un représentant universitaire, sidéré.

Comment la réforme des retraites rebat les cartes pour les cadres

« On aura un problème d’employeur pour ces gens-là », « qui sont extrêmement mobiles » parce qu’« ils ont la chance d’être employés partout dans le monde », a alerté la candidate collective à la présidence de l’HCERES, Armelle Rancillac, mercredi, devant le collectif d’action du Collège de France, évoquant un « problème de compétitivité ».
Certes, l’uniformisation des taux de cotisation engendrera un passage de 74,28 % du salaire brut dans la fonction publique d’État à 16,68 %, représentant un déficit de 45 milliards par an. Mais les chercheurs n’en profiteront pas, car ils n’auront pas de compensation. Cette chute des retraites va accentuer la dégradation du service public et aura en fin de compte un coût sociétal élevé en dévalorisant leurs métiers.

SNPTES et SNESUP
D’où la mobilisation qui s’est accentuée ces derniers jours dans le milieu scientifique. Une poussée de fièvre qui a surpris l’exécutif, alors même que l’ébauche de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) semble elle aussi condamner la recherche publique. Pour la retraite à points, le différentiel des taux de cotisation ne sera pas restitué au budget de la recherche, qui stagne toujours endessous de la moyenne des pays de l’OCDE (2,34 %). Cela ne suffit pas. […].

La question des salaires de ces plus hauts diplômés ne sera par ailleurs sans doute jamais inscrite à aucun agenda, car les scientifiques ne réclament qu’une loi égalitaire pour une politique redistributive afin de pouvoir continuer à produire des connaissances. Alors que les partenaires sociaux cherchent 12 milliards d’euros pour combler le déficit du système de retraite en 2027, ils pourraient demander que les 4 milliards d’euros de perte de cotisations annuelles en 2025 pour les plus hauts salaires n’accaparent pas les négociations, puisque le sacrifice du service public rapportera 45 milliards.

Collectif d’action du Collège de France Publié le 21 fev. 2020 à 09h00


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