Belle interview d’Antoine Petit, à faire lire à tous ceux de nos camarades qui se sont émus (à mon avis en se laissant trop fasciner par ce passage de sa tribune) du fameux plaidoyer pour le darwinisme en recherche.
Mais il est gonflé, Antoine Petit, de dire qu’il « n’a pas entendu grand monde remettre en cause l’existence de l’ANR ». Le SNCS – ce qui n’est pas tout à fait négligeable – l’a fait explicitement, par ma voix, lors de l’audition menée par le groupe de travail n°1 pour la préparation de la LPPR, sous sa présidence, le 27 mars 2019. Le SNTRS-CGT avait dit la même chose, une heure avant. Le GT1 l’a purement et simplement censuré !
« Il est gonflé de dire qu’il n’a pas entendu grand monde remettre en cause l’existence de l’ANR »
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Ce n’est pas que rien de ce que nous avons dit n’est resté dans les rapports. Tant que nous avons abondé dans le sens du constat consensuel « la recherche est sous-financée », tout est allé très bien. En revanche, tout ce que nous avons raconté sur la nécessité de réduire la « culture de projet » et d’abandonner les idées délétères de ceux qui nous gouvernent en matière de « starisation » du système est passé sur nos auditeurs comme l’eau sur les plumes d’un canard. La question de la suppression de l’ANR en est l’exemple-type. Lorsque Petit m’a interpellé en disant quelque chose du genre « le constat, nous le faisons tous, ce que nous attendons de vous ce sont des propositions concrètes » j’ai répondu à peu près : « En voilà une : nous vous proposons de supprimer l’ANR et de restituer ses moyens, tant en personnel que budgétaires, aux organismes de recherche ». Josiane Tack, secrétaire générale du SNTRS-CGT, qui avait été auditionnée avant moi, avait fait exactement la même proposition. Nous avons remarqué très vite, ensuite que cette proposition très concrète avait été complètement passée sous silence dans le rapport du GT1. Mais je ne pensais tout de même pas que Petit aurait le toupet de soutenir que personne, jamais, n’a proposé de supprimer l’ANR. Deux syndicats, et pas les moins représentatifs du monde de la recherche publique, l’ont fait, lors d’une audition officielle, devant lui, et ça remonte à moins d’un an.
« Le milieu a maintenant un profond sentiment de rejet vis-à-vis de l’ANR. Les gens hésitent juste encore un peu à le dire ouvertement. »
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C’est encore sur le même sujet que je suis intervenu, le 4 juillet dernier, lors de la réunion plénière du Comité national, au centre universitaire des Saints-Pères. Comme j’avais essentiellement suggéré à mes chers collègues de réclamer la suppression de l’ANR parce que le CNRS, dont on célébrait en même temps les 80 ans, avait très bien vécu entre 1939 et 2005 sans ANR, concluant que l’ANR était un « organisme parasite », j’eus droit à un tonnerre d’applaudissements dont je suis presque resté gêné. Le milieu a maintenant un profond sentiment de rejet vis-à-vis de l’ANR. Les gens hésitent juste encore un peu à le dire ouvertement. Il faut les encourager et on progresse ! |