24.01.2025 • N° 478 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE
Trump la science
Planet of Sound. Il y a ce qu’on dit et ce qu’on fait. Le dicton s’applique bien aux politiques scientifiques : la plupart des dirigeants tiennent des discours laudateurs sur la recherche mais ne font pas grand-chose pour en augmenter les moyens.
Letter to Memphis. Néanmoins, s’agissant de l’ancien et nouveau président des États-Unis Donald Trump, on peut dire qu’il agit en cohérence avec ses propos : il malmène la science et les chercheurs autant dans les mots que dans les faits.
Head on. Deux chercheuses américaines ont recensé toutes les actions antisciences de l’administration Trump durant son premier mandat, au point de transformer durablement les pratiques de recherche dans les agences fédérales. C’est le sujet de notre analyse de la semaine.
Bonne lecture,
— Lucile de TheMetaNews
Sommaire
→ ANALYSE Comment Trump a muselé la science
→ OUTIL Parlez intégrité au labo
→ CHIFFRE Ces postdocs qui quittent la recherche
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR À la barre
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ANALYSE
Comment Trump a muselé la science
Discrédit, entrave, voire censure : les actions antisciences de Donald Trump ont été suivies de près durant son premier mandat. De quoi annoncer la couleur du second ?
↳ « Je l’ai vu, j’en ai lu une partie, c’est bien », déclarait en novembre 2018 Donald Trump, déjà Président des États-Unis, d’un ton nonchalant devant les micros tendus des journalistes lors de la remise au Congrès du rapport national sur le climat. Mais la sentence était très vite tombée : « Je n’y crois pas. Non, je n’y crois pas. » Deux ans de labeur avaient pourtant été nécessaires aux agences fédérales (…)
OUTIL
Parlez intégrité au labo
Ça va mieux en le disant. Vous souhaitez aborder les questions d’intégrité scientifique dans votre labo ? L’Office français de l’intégrité scientifique (Ofis) propose une présentation déjà prête accompagnée par un guide listant notamment onze façons de parler d’intégrité scientifique. Un kit à destination des directions d’unité mais qui pourra être utile à toutes et tous. Au passage, on vous signale que le Code de conduite européen pour l’intégrité en recherche révisé en 2023 est maintenant disponible en français. Ce texte de référence rappelle les bonnes pratiques et définit les types de manquements allant des plus graves, comme le plagiat ou la fabrication de données à des pratiques qui peuvent paraître anodines comme « allonger de manière inutile la bibliographie d’une étude afin de satisfaire les éditeurs, les examinateurs (reviewers) ou les collègues » ou bien encore « émietter les résultats de la recherche dans le but spécifique d’accroître artificiellement le nombre de publications scientifiques (saucissonnage) ». À bon entendeur !
EXPRESS
Pendant ce temps dans les labos
● Écolo 1 – Institution 0. Le chercheur Gianluca Grimalda employé du Kiel Institute for the World Economy (institut privé allemand) avait été licencié pour avoir refusé de rentrer d’une mission à l’autre bout du monde en avion – il avait donc entamé un long voyage en train, nous vous en parlions. Des indemnités lui ont été accordées suite à une décision de justice, il en reversera 75 000 euros à des associations, annonce-t-il dans un communiqué. Le média Reporterre en parle également.
● Procès perpétuel. Toujours poursuivie pour terrorisme par la justice turque, la sociologue Pınar Selek est convoquée le 7 février à Istanbul. Chercheuse à l’université Côte d’Azur, elle verra se dérouler depuis la France la quatrième audience de son cinquième procès. Son comité de soutien dénonce un « acharnement judiciaire incessant ». France Culture lui consacre une chronique et vous pouvez relire notre interview réalisée au début de ce procès.
● Mais aussi… Le portail BibCnrs d’accès aux ressources documentaires numériques propose une nouvelle version enrichie et optimisée. Dernière chance de suivre le webinaire de présentation aujourd’hui à 14h ● Vous êtes jeune chercheuse ou chercheur ayant soutenu depuis moins de sept ans et en poste permanent dans un établissement d’Île-de-France ? Candidatez aux Chaires de recherche Sciences humaines et sociales de la région francilienne jusqu’au 15 avril 2025 ●
CHIFFRE
41%
Voici la proportion de postdocs quittant la recherche, révèle une étude publiée dans PNAS basée sur l’analyse bibliométrique d’environ 45 000 chercheurs. Les auteurs ont cherché la clé du succès : publier un très bon papier – apparaissant dans les 5% les plus cités de la discipline – durant le postdoc booste les chances de poursuivre une carrière académique. Plus facile à dire qu’à faire, on vous l’accorde. Nature en parle également.
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Good deal. Travailler moins pour gagner plus. Après des mois de mobilisation, les jeunes chercheurs du National Institutes of Health (NIH) étasunien ont réussi à négocier un nouveau contrat plus avantageux, rapporte le magazine Science. Reste une grosse inconnue : le Congrès accordera-t-il le budget suffisant ?
→ Pas automatique. Face à l’augmentation de l’antibiorésistance, de nouvelles générations de chercheurs entament une quête du Graal : comprendre les mécanismes de défense des bactéries. Certains étudient celles présentent dans la terre, d’autres analysent leur génome… Le Monde propose un tour d’horizon ↯.
→ Pile ou face ? Faut-il interdire les PFAS, ces polluants éternels présents dans vos poêles et vêtements techniques ? Alors que l’Europe projette de statuer sur la question, un article publié dans une revue d’Elsevier s’avère beaucoup moins innocent qu’il n’en a l’air. La journaliste du Monde Stéphane Horel, primée journaliste scientifique de l’année 2024, dénonce une manipulation du lobby de la chimie ↯.
→ Au boulot. L’initiative #HelloQuitteX – relire notre interview de David Chavalarias – déchaîne les critiques. Pour le rédac’ chef de L’Opinion, le boycott de X stigmatise les utilisateurs « libérés des maîtres de la bien-pensance ». Dans les colonnes du Figaro, l’essayiste Nicolas Bouzou estime que les chercheurs du CNRS feraient mieux de se demander pourquoi il n’existe pas d’Elon Musk européen.
→ Rois du pétrole. La productivité des universités saoudiennes explose, mais que se cache-t-il derrière les chiffres ? Incitation à la publication, jeux d’affiliation, politique pour attirer les talents de l’étranger, déconnexion entre les résultats de recherche et les objectifs de développement durable… University WorldNews dresse un tableau en demi-teinte.
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