Un jour sans fin

03.09.2025 • N° 527 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE


Le jour de la marmotte

I got you babe. Il est 6:00, le réveil sonne, le gouvernement est en sursis, l’Enseignement supérieur et la recherche craint les arbitrages budgétaires de l’automne tout en ne sachant pas si budget il y aura dans le temps imparti.

I got you babe. Si vous avez un air de déjà-vu, c’est tout à fait normal : la rentrée 2025 fait furieusement penser à celle de 2024, à quelques détails près qu’on explore avec vous dans ce premier numéro de la saison 2025-2026.

I got you babe. Avec en tête le film Un jour sans fin, voici donc un grand point, en attendant notre enquête sur l’accueil des chercheurs étrangers en France la semaine prochaine : Choose France or not ? That will be the question.

Bonne lecture,
— Laurent de TheMetaNews

Sommaire

→  EXPRESS La rentrée vue de Dijon et autres infos
→  LA VIE DE L’ESR Premier rattrapage estival
→  EXPRESS Votre revue de presse
ET POUR FINIR Figure de rock

TEMPS DE LECTURE : 6 ou 12 MINUTES

℗ Contenu réservé à nos abonné·es

EXPRESS

C’est la vie de l’ESR


Moutarde et recherche (1). Nous étions au Colloque des vice-présidents Recherche et innovation ainsi que du Resup les 25 et 26 août dernier à Dijon : l’occasion de faire un point annuel sur ce qui agite la recherche. Il a beaucoup été question lors de cette édition de la Délégation globale de gestion (DGG) qui consiste à « transférer [la gestion] d’une UMR à l’un des établissements tutelle », hors financements issus de l’ERC ou de chaires de professeur junior (CPJ). Un serpent de mer qui a refait surface cet été suite à la volonté exprimée par le (futur ex- ?) ministre de la Recherche Philippe Baptiste de passer 40 % desdites unités sous ce régime en 2026 et 80 % en 2027. Mehdi Gmar, DGDI du CNRS, évidemment en première ligne sur le sujet, a promis une « proposition » sous forme de courrier sous peu. Une méthode qui se démarque de celle adoptée pour les « Keylabs » (nous vous en parlions). Pour autant, off, on s’inquiète des conséquences de la DGG sur les personnels CNRS dans les unités dont il n’aurait plus la tutelle… Ainsi que de la charge administrative non négligeable que cette DGG ferait peser sur les directeurs d’unité 

Moutarde et recherche (2). Le sort du Hcéres n’a jamais été aussi incertain : si le 8 septembre, le gouvernement Bayrou prend effectivement la tangente, l’examen des textes parlementaires en sera perturbé. Or la loi de Simplification de la vie économique, dont un amendement prévoit la suppression du Hcéres, est toujours en attente du dernier jalon de son parcours législatif. Sa présidente, Coralie Chevalier, a défendu le 26 août devant les vice-président·es Recherche les réformes qu’elle souhaite mener dans l’institution qu’elle dirige, mettant en avant l’ndépendance et la transparence de cette dernière. Elle considère certaines des critiques faites au Hcéres comme « légitimes » (nous vous en parlions), notamment celles sur la simplification. Le Hcéres ne demanderait ainsi à terme plus la liste de vos financements et respecterait les particularités disciplinaires, notamment en terme d’indicateurs. La fréquence des évaluations est également sur la table : Coralie Chevalier a mis en avant les exemples suédois, espagnol, hollandais ou belges où les évaluations ont lieu tous les six ans. Wait and see 

→ Compta’. Le Cneser disciplinaire a publié un bilan des sanctions disciplinaires prononcées à l’encontre des enseignants-chercheurs en 2024. Au total, l’instance fait mention de 22 sanctions — sans compter les relaxes, sursis ou dépaysements : six concernent des manquements à l’intégrité, six des violences sexistes et sexuelles (VSS) et six autres des incorrections, violences ou insultes. Dans deux cas, la révocation a été décidée — c’est la sanction la plus lourde du code de l’Éducation —, pour un cas de VSS et un d’ivresse au travail. Sur l’ensemble des cas traités, seuls deux mettaient en cause des femmes.

→ Une info en vitesse. Le classement de Shanghai 2025 est paru comme un métronome le 15 août : pas de grosses surprises (on n’en attendait plus), les universités françaises tiennent globalement leur rang 

EXPRESS

C’est la vie de l’ESR


Le JO au pas de course. La loi Duplomb a été adoptée au grand dam de certains scientifiques, est-ce pour autant la fin de cette saga ? • La loi relative à la lutte contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur l’a également été • Des décisions du Cneser disciplinaire : ici et  • Un arrêté fixe le montant de l’indemnité attribuée aux rapporteurs et aux membres du Cneser disciplinaire • Le Collège de déontologie de l’enseignement supérieur et de la recherche répond à une question sur les compétences des référents déontologues des établissements • L’Institut des récifs coralliens du Pacifique au sein de l’École pratique des hautes études est supprimé • Le transfert de certains sites du CNRS — hébergés par l’UFR de pharmacie de l’Université de Paris-SaclayCentral Supélec, et l’ENS Paris-Saclay — vers Gif-à-Yvette ouvre droit aux dispositifs indemnitaires des agents • Plusieurs commissions interdisciplinaires sont créées au sein du Comité national de la recherche scientifique • Un arrêté modifie le périmètre du rapprochement des universités Paris-I et Paris-III et de l’ESCP Europe pour y intégrer l’Institut national des langues et civilisations orientales • Un arrêté du ministère de la Culture scinde la direction générale de la démocratie culturelle, des enseignements et de la recherche en deux services et en détaille les missions •

→ Ils réimpriment leur carte de visite. Naomi Peres, agente contractuelle et ex-directrice de cabinet de l’ancienne ministre de l’ESR Sylvie Retailleau, est nommée déléguée générale à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle • Lydia Coudroy de Lille (université Lyon-II Lumière) et Daniel Alquier (université de Tours) sont les nouveaux responsables du réseau des vice-présidents recherche et valorisation. Ils succèdent à Lionel Montagne (université de Lille) et Jean-François Carpentier (université de Rennes) • Plusieurs nominations de médecins au conseil médical ministériel • D’autres nominations à l’Institut universitaire de France • Quelques modifications de la composition du Conseil national des astronomes et physiciens • Des nominations et titularisation de conservateurs des bibliothèques • Thomas Römer est renouvelé dans ses fonctions d’administrateur du Collège de France • Charles-Edouard Escurat est nommé directeur général de l’Agence de l’innovation en santé en remplacement de Lise Alter • Bénédicte Corvaisier est nommée directrice générale des services (DGS) de l’université Grenoble Alpes • Philippe Huthwohl est nommé DGS de l’université Lumière Lyon 2 • Jérôme Chausson est nommé DGS de l’université Paul-Valéry Montpellier 3 • Pascale Bourrat-Housni  est nommée DGS de l’université de Nîmes • Sylvie Monsinjon est nommée DGS de l’université de Rouen • Éric De Saint Leger  est nommé DGS de l’université de Limoges • Thierry Camus est nommé DGS de l’université Sorbonne Paris Nord • Marie-Laure Lopezest nommée DGS de l’université de Polynésie française • Jean-Baptiste Pouret est nommé directeur de l’École polytechnique universitaire de l’université de Lyon 1 • Guillaume Ferre est nommé directeur général de l’Institut polytechnique de Bordeaux • Joël Alexis est nommé directeur de l’École nationale d’ingénieurs de Tarbes et Jean-Yves Fourquet est nommé directeur de l’université de technologie de Tarbes • Delphine Riu est nommée directrice de l’École nationale supérieure de l’énergie, l’eau et l’environnement de l’Institut polytechnique de Grenoble • Valérie Vitzthum est nommée directrice de l’École européenne d’ingénieurs en génie des matériaux (EEIGM) • Gaétan Le Floch est nommé directeur de l’École supérieure d’ingénieurs en agroalimentaire de Bretagne atlantique de l’université de Brest • Matthieu Mourer est nommé membre du conseil d’administration de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) en qualité de représentant suppléant du ministre chargé de l’Environnement •

→ Et si c’était pour vous ? Des sièges sont à pourvoir pour certaines sections du Comité national de la recherche scientifique • D’autres pour les conseils scientifiques d’instituts du CNRS • Les fonctions de directrice ou directeur de l’École nationale supérieure en systèmes avancés et réseaux de l’Institut polytechnique de Grenoble seront vacantes à compter du 15 novembre 2025  Les fonctions de directeur ou de directrice de l’École nationale supérieure agronomique de Toulouse seront vacantes à compter du 31 décembre 2025 

EXPRESS

Votre revue de presse


Science délaissée. Au mois de juillet, de nombreux scientifiques se sont inquiétés du vote de la loi Duplomb. Dans une interview au Monde, le chercheur belge Fabrice DeClerck, coordinateur du chapitre sur l’alimentation du dernier rapport de l’IPBES, déplore l’absence de connaissances scientifiques dans les discussions ↯ qui ont mené au vote de la loi. De même pour Xavier Coumoul, toxicologue, directeur de recherche à l’Inserm, qui revient également sur les dangers de l’acétamipride ↯ — le pesticide dont l’utilisation ne sera finalement pas ré-autorisée — dans une interview à L’Express. Enfin, Agnès Buzyn, ex-ministre de la Santé et présidente du think tank Evidences — dont elle nous parlait dans une interview — signe une tribune au Monde pour dénoncer « un vide démocratique préoccupant » ↯.

→ Attention, déluge. Dans les universités états-uniennes, la période estivale n’a pas été de tout repos : la prestigieuse Harvard est depuis la mi-juillet visée par une enquête pour propagation de « l’idéologie woke », rapporte la chaîne d’info TF1 ; Columbia a cédé aux pressions et sanctionné 80 étudiants ↯ suite à leur participation à des manifestations contre le génocide à Gaza, rapporte L’Humanité, et signé un accord de 221 millions de dollars avec l’administration Trump, rapporte L’Express. Du côté de Stanford, l’établissement a annoncé la suppression de 360 postes suite aux coupes drastiques décidées par le gouvernement, rapporte France Info. Enfin, la présidence de l’University of California, Los Angeles (UCLA) a annoncé que le gouvernement lui réclamait une amende d’un milliard de dollars pour les manifestations survenues au printemps 2024, explique Le Monde avec AFP.

Round 2. Toujours outre-Atlantique, la Cour suprême a validé mi-août les coupes budgétaires de 800 millions de dollars prévues par l’administration Trump dans les subventions accordées aux organismes supervisant la recherche médicale, rapporte Le Monde avec AFP. Quelques semaines auparavant, le ministre de la Santé américain, Robert Kennedy Jr. avait annoncé couper partiellement les financements des recherches sur les vaccins à ARN messager ↯, explique ce même média.

→ Décor planté. « L’université, cette grande école de la classe moyenne » : dans une tribune à Libération, le philosophe des sciences Philippe Huneman revient sur cette phrase ↯ utilisée dans le projet « Pour une nouvelle donne économique et climatique » présenté par le parti Renaissance à la mi-juillet. Une expression qui entérine à ses yeux la reproduction sociale. Le directeur de recherche signe également une seconde tribune, cette fois au Mondeoù il y contredit les propos tenus par la ministre Elisabeth Borne qui affirmait quelques semaines plus tôt que l’ESR était un prolongement de la société, en droite ligne de la résurgence de la polémique sur « l’islamogauchisme », dont nous vous touchions un mot avant les vacances.

→ Cauchemar. Début août, alors que l’évacuation de familles gazaouies vers la France était bloquée suite à la découverte de posts antisémites d’une étudiante, Médiapart a pointé un blocage plus ancien ↯ : des familles d’universitaires et d’artistes du programme PAUSE — nous avions interviewé Aaied Ayoub, un de ses lauréats — attendent depuis plus de trois mois. Télérama dénonce le manque de financement alloué au programme et appelle à la création d’un fonds exceptionnel pour l’évacuation des scientifiques et artistes palestiniens. Un collectif de chercheurs et d’artistes appelle également dans une tribune au Nouvel Obs à soutenir le programme.

Liens menant à des articles derrière un paywall :

FIGURE DE ROCK

Et pour finir…


Un groupe de rock qui s’inspire des codes scientifiques, ça donne quoi ?