
03.10.2025 • N° 536 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE
Arnaques, crimes et revues scientifiques
Diamant. Chaque communauté possède sa revue de référence, dans laquelle les chercheur·ses publient leurs résultats et grâce à laquelle ils se tiennent informés des dernières avancées dans leur domaine, en toute confiance.
Tu publies et tu raques. Mais du jour au lendemain, celle-ci se met à sortir des papiers un peu louches, hors sujet, par des auteurs inconnus de l’autre bout du monde. Le comité éditorial démissionne et la revue perd son facteur d’impact.
Boxe à mains nues. Ce scénario catastrophe n’est pas le fruit de mon imagination mais d’un phénomène bien réel qui n’épargne aucune discipline. Au moins sept revues françaises seraient passées aux mains d’obscurs éditeurs. On vous explique tout dans notre analyse de la semaine.

Bonne lecture,
— Lucile de TheMetaNews
Sommaire
→ ANALYSE L’invasion des profanateurs de revue
→ OUTIL Transférez vos connaissances
→ EXPRESS Urgence à Gaza et des recherches plus disruptives
→ CHIFFRE Partagez, vous serez davantage cité
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Attractions dansées
TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES |
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ANALYSE
L’invasion des profanateurs de revue
Des revues dévoyées par d’obscurs éditeurs qui leur font adopter des pratiques prédatrices ? Le phénomène existe depuis quelques années mais commence tout juste à être documenté.

L’achat et la revente de revues scientifiques deviendrait-il un business juteux ? Depuis quelques années, certains éditeurs en chef croulent sous les emails d’obscures sociétés basées aux quatre coins du monde, de Singapour au Royaume-Uni en passant par l’Inde, proposant le rachat de leur revue. Les montants proposés ? De 75 000 à 500 000 dollars, du moins d’après les sources connues (…)
OUTIL
Transférez vos connaissances
Vos recherches pour la société. Hors sol la recherche ? Elle est, du moins, encore trop peu mise en pratique et écoutée par les décideurs. C’est en partant de ce constat que l’équipe de recherche RENARD en collaboration avec l’Institut de recherche pour le développement (IRD), avec le soutien du Centre de pédagogie universitaire (CPU) de l’Université de Montréal, ont élaboré un Mooc sur le transfert de connaissances. Vous pouvez vous y inscrire à tout moment pour profiter des capsules théoriques ou d’intervenants dans le domaine, suivies d’exercices pratiques pour un équivalent de 20 heures de formation.
EXPRESS
Pendant ce temps dans les labos
● Destins entre nos mains. Les évacuations de Gaza – suspendues depuis août dernier – doivent reprendre au plus vite pour permettre aux 25 lauréats d’être accueillis en France, demande le programme PAUSE. Ce dernier alerte également sur le manque de financement – seuls quinze nouveaux candidats pourraient être accueillis sur une centaine de demandes, la plupart en danger de mort imminente. La directrice Laura Lohéac nous en parlait déjà en mai – relire son interview. « L’enjeu est historique : la France doit se montrer à la hauteur de son engagement », conclut le communiqué.
● Le charme du débutant. Chefs d’équipe, vous voulez faire de la science encore plus novatrice ? Embauchez des débutants. Selon une étude déposée sur arXiv analysant des millions de publications, les auteurs ayant peu d’expérience signent les articles les plus disruptifs. Nature en parle également.
● Stoppé par le gong. Hier jeudi 2 octobre avait lieu la finale internationale de Ma Thèse en 180 secondes à Bucarest. La doctorante en sciences cognitives Ondine Simonot-Bérenger y représentait la France. Le ou la gagnante n’était pas encore connu à l’heure où nous avons bouclé ce numéro mais vous le saurez en regardant la rediffusion sur Youtube.
● Mais aussi… Une proposition d’enquête à la Cour des comptes qui va en intéresser plus d’un·e et pour laquelle vous pouvez voter : Les marchés publics de voyagistes ● L’OCDE lance un nouvel indicateur sur les carrières scientifiques et vous serez certainement curieuses et curieux des performances de la France ●
CHIFFRE
+19%
Partagez, vous serez davantage cité ! Un papier déposé en preprint voit son nombre de citations augmenter de 19% en moyenne, révèle une étude déposée elle-même sur arxiv, menée par des scientifiques de PLOS sur 900 000 publications françaises entre 2020 et 2022. Avec de grandes variations d’une discipline à l’autre : c’est en humanités que le preprint fait la plus grande différence (+63%), en sciences sociales que l’ouverture du code invite le plus à la citation (+38%), en biologie que le partage de données entraîne le plus de référenciation (+35%) et pour les sciences médicales que l’accès ouvert change le plus la donne (+14%). Des résultats encourageants pour le Comité pour la science ouverte.
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Touche pas à mon pote. Face aux attaques dont l’économiste Gabriel Zucman est l’objet – notamment de la part Bernard Arnault dans Sunday Times, nous vous en parlions – des collègues se mobilisent et signent une tribune au Monde ↯, rappelant sa rigueur et sa reconnaissance internationale.
→ Mon précieux. La recherche est-elle un lieu de parfaites coopérations ? S’appuyant sur une étude menée auprès de chercheurs en sciences de l’environnement, le magazine Sciences humaines revient sur les réticences à partager des données parfois durement acquises ↯ – nous vous en parlions également.
→ Transparents. Que les chercheurs travaillant sur la manipulation des virus ou du climat dévoilent leurs liens d’intérêt et sources de financement, voici le message que porte la présidente du comité d’éthique du CNRS Christine Noiville interviewée par Le Monde ↯, suite à leur avis publié en juin dernier – nous vous en parlions.
→ Bourg Dieu. Les sciences sociales sont (toujours) un sport de combat : le média Politis leur consacre un dossier. Le chercheur Julien Duval y évoque les menaces venant de l’extrême droite alors qu’un doctorant témoigne des coupes budgétaires et de la précarité.
→ Postponed babies. Être mère ou chercheuse : l’un empêcherait-il l’autre, dans un milieu compétitif et encore très inégalitaire ? La chercheuse Marie Janot Caminade revient dans The Conversation sur son enquête menée auprès de jeunes chercheuses, dont l’une a avorté plusieurs fois.
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