15 avril 2020 /// L’actu de la profession |
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La république
des savantsOn l’a peu dit mais, depuis un mois, la France est aux mains d’une oligarchie qu’on espère éclairée : celle du conseil scientifique Covid-19. Une première dans l’histoire de la démocratie. Et pourtant le politique n’est jamais loin, comme le déplore Pierre Ouzoulias, sénateur et tête de pont de l’opposition à la loi Recherche, qui nous a accordé une interview « déconfinée ».
Nous reviendrons dès que possible sur les annonces faites par Emmanuel Macron d’un déconfinement progressif à compter du 11 mai… les labos seront-ils au même régime ?
Keep calm & science hard,
Laurent de TheMetaNews |
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Si vous n’avez que 30 secondes
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A partir d’ici 5’ou 10′ de lecture, c’est vous qui voyez
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Sortie de route pour Ferrari
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Le Conseil européen de la recherche s’est séparé de son président, nommé depuis seulement trois mois. Récit express. |
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Il n’aura fallu que trois mois à Mauro Ferrari pour perdre la confiance de son employeur. Ce spécialiste de nanomédecine récemment nommé à la tête de l’ERC – une agence européenne dotée de deux milliards de budget – a en effet été débarqué fin mars. En cause ? A écouter le principal intéressé, des divergences stratégiques quant à la gestion de la crise du Covid-19. Mais pour l’Europe, Mauro Ferrari se dispersait à la fois entre les continents, puisqu’il passait un temps considérable aux Etats-Unis, et entre les activités, dont certaines à but commercial plus que contestées. Clap de fin ? On verra. |
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Des infos qu’il vous faut //////// Faut-il suspendre toutes les mesures non urgentes en période de pandémie ? Les signataires (syndicats, sociétés savantes…) de cette pétition le pensent //////// Un coup d’œil du côté de L’Agence nationale de la recherche, qui vient de diffuser la liste des lauréats de son appel d’offre flash autour du Covid-19 ; par ailleurs, un nouvel appel recherche action devrait être lancé aujourd’hui 15 avril ////// Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des finances, a plaidé devant le Sénat pour la création d’un fond européen pour la recherche sous forme d’emprunt de plusieurs centaines de milliards d’euros ////// |
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Une interview au microscope avec… Pierre Ouzoulias |
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« Les scientifiques sont instrumentalisés » |
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Ce sénateur des Hauts-de-Seine, archéologue au CNRS, est devenu par la force des choses la voix de l’opposition à la loi Recherche. |
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La France semble gouvernée par les scientifiques depuis maintenant un mois, c’est historique ! Est-ce un changement de mentalité ? Contrairement à ce qu’on nous explique, les décisions politiques sont prises… puis justifiées par la science. Aujourd’hui, les scientifiques sont instrumentalisés. Quand le président de la République prend la décision de passer trois heures avec Didier Raoult à Marseille, je doute qu’il ait demandé à son conseil scientifique avant. C’est désespérant. L’épidémie aurait dû être le moment de renouer le fil entre la République et ses savants, fil qui s’est rompu depuis un certain temps. Mais pour des raisons qui touchent à la fois aux finances, à une défiance générale contre la recherche publique mais aussi au statut de la science et la vérité, cela n’a pas eu lieu. Un autre discours était possible.
Les millions débloqués pour la recherche contre le Covid-19 ne sont-ils tout de même pas une preuve d’intérêt ? Il n’y a pas d’appel d’air budgétaire que ce soit sur la recherche médicale ou fondamentale sur le virus lui-même. Au contraire ! Mes collègues de Marseille [L’unité de virologie de Bruno Canard, NDLR] demandaient depuis 2016 un microscope cryogénique adapté à l’étude des virus dont Frédérique Vidal m’a assuré qu’il était disponible à Nice [université dont elle a été présidente, NDLR] mais que personne n’a retrouvé, c’est ballot. Or le microscope de Nice est de type photonique et toute autre discussion est renvoyée à l’examen de la LPPR… dont on ne sait pas si elle sera examinée un jour, selon ses propres dires. Il n’y a donc pas de changement.
Quand Emmanuel fait ses annonces le 19 mars à l’institut Pasteur (lire notre numéro spécial), personne ne l’y pousse, surtout dans ce contexte. Ne faut-il pas y voir tout de même un signe positif ? Absolument… mais le budget qui l’accompagne discrédite le discours, avec cette annonce de 5 milliards en plus au bout de 10 ans. Souvenez-vous des demandes du premier groupe de travail LPPR : tous conviennent que pour rattraper le retard, il faut 5 milliards par an ! L’annonce d’Emmanuel Macron, c’est dix fois moins. On ne peut pas s’en satisfaire. De plus, la communication autour de ces annonces est très alambiquée. On parle de 400 millions dès 2021 pour toute la Mires [Que diable est la Mires ?]. Si c’est bien le cas, ce serait dérisoire. Prendre des engagements sur les mandatures suivantes tout le monde sait le faire. Or 2021 était la dernière année pleine pour ce gouvernement ; on aurait pu espérer un signal plus fort. |
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On passe au carnet mondain //////// Francesca Grassia est nommée secrétaire générale du Comité national de la recherche scientifique (CoNRS) //////// Toujours au CNRS, Arnaud Lalo est nommé responsable Opérations auprès du directeur général délégué à la science depuis le 15 avril 2020 /////// La turbopause, ça vous dit quelque chose ? Si non, rien de grave mais sachez que ce beau mot, on le doit à Jacques Blamont, astrophysicien, qui nous a quitté à l’âge de 93 ans, pour des cieux qu’il connaissait bien /////// Encore une nouvelle triste : la disparition de Jon Tennant, paléontologiste et grand promoteur de l’open science, le 09 avril dernier /////// |
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Une (petite) semaine de JO //////// Sonnez trompettes, battez tambours, six emplois d’astronomes et physiciens sont à pourvoir par concours //////// Puisque les trompettes sonnent toujours, on y ajoute sept ouvertures de postes de professeurs et maîtres de conférence dans diverses universités //////// Emploi toujours, mais côté animal, on signale un avis de recrutement pour un assistant d’enseignement et de recherche contractuel à l’Oniris //////// |
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Et pour finir
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Puisqu’on est tous sous l’eau en ce moment, autant savoir ce qui s’y trouve. Ce magnifique projet baptisé Deep sea vous le montrera, à condition de scroller jusqu’aux abysses (cliquez sur l’image). Un projet de Neal Agarwal.
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