Excellence en pĂ©ril. Donne-t-on parfois le doctorat Ă des Ă©tudiants qui n’ont pas le niveau ? Cette question entĂŞtante Ă©tait en toile de fond de la table ronde qui s’est tenue la semaine passĂ©e lors de la JournĂ©e nationale du doctorat. Mais une fois la question posĂ©e, difficile de trouver LA solution.Â
De nouveaux textes encadrant le doctorat pour septembre 2022
Quelles mesures ? L’objectif affiché du ministère, représenté par Sébastien Chevalier, professeur en sciences des matériaux, est simple : faire évoluer les règles encadrant le doctorat datant de 2016 en proposant un texte au printemps 2022, qui serait applicable dès la rentrée suivante.
Oral prĂ©ventif. L’idĂ©e d’une prĂ©-soutenance Ă huis clos est avancĂ©e par Fabienne Blaise, rectrice dĂ©lĂ©guĂ©e Ă la rĂ©gion Grand Est. Cette prĂ©-soutenance, qui existe en Suisse — par exemple Ă l’universitĂ© de Lausanne — ou en Belgique, permettrait d’évaluer de manière plus approfondie les candidats par rapport Ă la soutenance actuelle, se dĂ©roulant devant famille et amis.
Doit-on « réorienter » le doctorant après deux ans et demi de thèse ?
Complaisants. SĂ©bastien Chevalier est Ă©galement en faveur d’un passage devant le jury vers la fin de la thèse et avant la soutenance « pour que puisse se tenir une discussion scientifique ». Il a d’ailleurs avouĂ©Â lui-mĂŞme avoir participĂ© Ă deux jurys (sur une cinquantaine dans sa carrière), oĂą le candidat n’Ă©tait pas très bon… mais a pourtant obtenu son doctorat.
« On ne va pas arrêter une thèse après 18 mois ou plus »
Une question de tempo. Ces pré-soutenances seraient mises sur pied en fin de thèse, au plus tard trois ou six mois avant la soutenance. La question est la suivante : est-il envisageable de réorienter le doctorant si tard ? Sébastien Chevalier se veut rassurant : « On ne va pas arrêter une thèse après 18 mois ou plus ». Il prône donc un renforcement des comités de suivi.
Dès l’entrĂ©e. L’idĂ©e ne fait nĂ©anmoins pas l’unanimitĂ©. Sacha Kallenbach, autrice du rĂ©cent rapport de l’IGESR sur le doctorat s’oppose elle Ă une soutenance en deux Ă©tapes et dĂ©fend plutĂ´t une procĂ©dure de recrutement basĂ©e sur l’autoĂ©valuation, en plus de l’évaluation du futur directeur de thèse : si l’étudiant n’a pas les aptitudes, il serait amenĂ© Ă le comprendre dès le dĂ©part.Â
L’encadrant a souvent sa part de responsabilitĂ© lorsque la qualitĂ© de la thèse n’est pas au rendez-vous
La mĂ©thode avant tout. Enfin, comment assurer la qualitĂ© des thèses avec ce carcan des trois ans du contrat doctoral qui ne convient pas dans tous les cas, notamment en SHS ? Pour Sacha Kallenbach, le volume de la production scientifique ne devrait pas ĂŞtre un critère d’obtention du doctorat : l’Ă©valuation des compĂ©tences devrait primer.
Et les encadrants ? La ConfĂ©dĂ©ration des jeunes chercheurs a rappelĂ© durant cette journĂ©e que l’encadrant a souvent sa part de responsabilitĂ©Â en cas de souci. Une formation des futurs directeurs de thèse au moment de l’HDR est dans les tuyaux du ministère. Mais pour Fabienne Blaise, cette formation devrait ĂŞtre proposĂ©e Ă tous, avant ou après l’HDR, et de manière continue pendant toute la carrière du chercheur.
|