ThĂ©Ăątre dâombres
Ricochets. Deux rapports viennent Ă quelques jours dâintervalle dresser le portrait (chinois ?) des ingĂ©rences Ă©trangĂšres dans la recherche française. Le premier baptisĂ© « Les opĂ©rations dâinfluence chinoise » a Ă©tĂ© produit par deux chercheurs de lâIrsem, le second porte sur les ingĂ©rences Ă©tatiques extra europĂ©ennes et a Ă©tĂ© produit par une commission sĂ©natoriale (voir lâinterview).
Coup sur coup. Loin de son traditionnel mutisme, la Chine nâa pas manquĂ© de rĂ©agir au premier par la voix trĂšs peu modĂ©rĂ©e de son ambassade. Un changement de ton qui signe la montĂ©e dâun nationalisme trĂšs actif⊠et qui se fait sentir jusque dans les labos français. Pour cela, la Chine attaquerait, selon lâIrsem lĂ oĂč le bĂąt blesse en France :
« Le manque de reconnaissance et de moyens dans les laboratoires a rapidement Ă©tĂ© identifiĂ© par PĂ©kin comme un talon dâAchille »
Coup sur coup. Le rapport cite ainsi le chercheur Antoine Bondaz â qualifiĂ© de « petite frappe » par lâambassadeur de Chine, rappelez-vous âpour qui la Chine est « un paradis : des labos flambant neufs, des moyens financiers importants et des Ă©quipes de soutien Ă la recherche plĂ©thorique ». Ce qui explique lâentrisme chinois dans certains Ă©tablissements moins bien dotĂ©s, comme Poitiers, Angers, Arras ou Pau. Comme le rĂ©sume le sĂ©nateur Pierre Ouzoulias :
« Si lâon veut Ă©viter que les chercheurs se financent par des sociĂ©tĂ©s Ă©crans chinoises, il faut leur donner plus de moyens (âŠ) notre systĂšme public nous protĂšge encore »
Les chemins mĂšnent Ă Pekin. La France est une cible importante pour le Parti communiste chinois. Le rapport liste ainsi environ plusieurs centaines de cellules chargĂ©es dâattirer des chercheurs : les EÌtats-Unis sont la cible prioritaire, avec 146 cellules identifieÌes, puis viennent lâAllemagne (57), lâAustralie (57), le Royaume-Uni (49), le Canada (47), la France (46).
Mille talents. Le rapport de lâIrsem rappelle quâune publicitĂ© placĂ©e en janvier 2018 dans la revue scientifique Nature expliquait ainsi que tous les candidats retenus recevraient une prime de dĂ©part de 126 000 ⏠et pourraient demander une dotation dâenviron 500 000 euros, dans le cadre du programme Mille talents (dissous depuis).
CĂ©citĂ© sur les SHS. Outre les sciences « dures », les sĂ©nateurs pointent les « nouvelles stratĂ©gies dâinfluence qui ciblent les sciences humaines » ou lâimpact du classement de ShanghaĂŻ. A tel point quâils proposent dans leur rapport de crĂ©er un classement alternatif, oĂč les universitĂ©s seraient notĂ©es sur lâintĂ©gritĂ© ou les libertĂ©s acadĂ©miques.
Notre analyse Aucune trace du rachat pourtant hautement symbolique dâEDP science par lâAcadĂ©mie des sciences chinoises dans ces deux rapports. Aucune trace non plus de lâislamogauchisme comme influence extĂ©rieure dans notre vie acadĂ©mique. |