đź”· Vois-tu venir la vague C ?



26 janvier 2022 | La recherche et sa politique
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Sucession story. Fin du suspense (tout relatif) : Antoine Petit est le candidat de choix de l’ElysĂ©e pour succĂ©der Ă  lui-mĂŞme Ă  la prĂ©sidence du CNRS ; il ira dĂ©fendre ses propositions devant les parlementaires dans quelques jours.
Amis-amis. LĂ  oĂą l’exercice avait Ă©tĂ© disputĂ© concernant Thierry Coulhon (dont il est Ă©galement question dans ce numĂ©ro), l’exercice ne devrait pas prĂ©senter de difficultĂ©s pour Antoine Petit qui a su cultiver ses attaches parlementaires.
Exception culturelle. N’en reste pas moins que son second mandat sera placĂ© sous le signe… des universitĂ©s. Nous vous le rappelions dans notre dernier numĂ©ro : le CNRS devra-t-il rentrer dans le rang international dans les cinq ans ?
Florilège. Il y a tellement à dire sur le sujet que nous le ferons certainement dans une prochaine interview du principal intéressé, deux ans après celle-ci, où Darwin tenait une place importante.

Keep calm & science hard,
Laurent de TheMetaNews

Au programme de ce numéro
  • Des infos en passant (mais d’importance)
  • Souriez, vous ĂŞtes Ă©valuĂ© : un tour du cĂ´tĂ© du HcĂ©res
  • Cette semaine au JO, une plongĂ©e en section disciplinaire
  • Ils mettent Ă  jour leur carte de visite
  • Et pour finir…

A partir d’ici 8 minutes autoĂ©valuĂ©es

 Des infos en peu de mots  Le CP-CNU ne dĂ©colère pas suite aux dĂ©cisions inscrites dans la Loi Recherche limitant ses prĂ©rogatives et a lancĂ© une pĂ©tition qui a dĂ©passĂ© les 10 000 signatures ////////// Ca y est, la deuxième volĂ©e de l’appel Ă  projets Science avec et pour la sociĂ©té destinĂ© aux Ă©tablissements est lancĂ©e. ClĂ´ture le 1er mars ////////// Cette semaine est une grande semaine europĂ©enne avec une rĂ©union informelle des ministres de la recherche europĂ©ens et la tenue du FUF (sic), le Forum universitaire pour le futur de l’Europe, dont voici le programme. Si le jargon europĂ©en vous dĂ©passe, essayez ce lexique (merci LaLIST) ////////// 
La vague C déferle
L’Ă©valuation des unitĂ©s connait-elle une dĂ©rive bureaucratique ?
Si vous avez ratĂ© le dĂ©but. Les vagues d’Ă©valuation du HcĂ©res se suivent et ne se ressemblent pas. Nouveau rĂ©fĂ©rentiel, Ă©volutions de la doctrine des visites (nous vous en parlions dĂ©jĂ ) systĂ©matiques sur site, la vague C (Bourgogne-Franche-ComtĂ©, du Centre-Val-de-Loire, de Corse, du Grand-Est, de Provence-Alpes-CĂ´te-d’Azur et d’Outre-Mer) suscite une vague… de contestation de la part de collectifs de chercheurs et de syndicats.
La Cour. Tous les cinq ans, vous vous pliez Ă  l’exercice : votre unitĂ© est Ă©valuĂ©e par les experts — et nĂ©anmoins collègues — du HcĂ©res. Les règles du jeu ont rĂ©cemment changĂ© avec la publication de ce nouveau rĂ©fĂ©rentiel en novembre dernier et le changement de doctrine quant aux visites sur site. Son prĂ©sident, Thierry Coulhon, insiste :
« On doit constater d’emblĂ©e une chose : les nouveaux rĂ©fĂ©rentiels sont plus simples et plus clairs, celui des unitĂ©s de recherche passe de 26 pages auparavant Ă  7 pages aujourd’hui. »

Fronde quali. Que se passe-t-il donc en ce cas ? Ceux qui ont commencĂ© Ă  remplir le dossier d’Ă©valuation s’en sont rendus compte, des changements ont eu lieu. Et ils amènent quelques craintes, comme en tĂ©moigne Christine Barralis (Sgen CFDT) :
« J’entends de la part des collègues y compris seniors, un mécontentement et une perte de sens que je n’avais pas entendu auparavant »

Excellent Excel. Le HcĂ©res demande en effet aux unitĂ©s de remplir des tableurs (voir un exemple vierge) avec des donnĂ©es (RH, production scientifique…) disponibles par ailleurs. Une tache chronophage qui mobilise inutilement les personnels de soutien, pointe Boris Gralak (SNCS FSU) :
« Les Ă©valuations demandĂ©es sont dĂ©routantes, les chercheurs doivent remplir un grand fichier Ă  coup de copiĂ©-collĂ©s sur plusieurs centaines de lignes. (…) Nous avions l’habitude de dĂ©crire nos activitĂ©s de recherche en 30 Ă  50 pages auparavant, ce rapport n’est plus demandĂ© aujourd’hui. »

Peur du quanti. Le HcĂ©res, pourtant rĂ©cent signataire de la charte Dora succombe-t-il Ă  la tentation du comptage bĂŞte et mĂ©chant, sur fond de « dĂ©rive bureaucratique » dĂ©noncĂ©e par l’Association des directions de laboratoire (ADL) dans cette pĂ©tition qui compte 750 signatures ? Le HcĂ©res s’en dĂ©fend.

Dialogue de sourd. InvitĂ© Ă  exposer sa vision de l’Ă©valuation devant les syndicats le 18 janvier dernier, le prĂ©sident du HcĂ©res Thierry Coulhon n’a pas bougĂ© d’un iota sur cette stratĂ©gie, Ă  Ă©couter ces derniers. Mais il le reconnait :
« Le fichier est compliqué, les chercheurs ont raison. Notre système d’information est antédiluvien mais heureusement il va évoluer : nous proposerons un module de dépôt en ligne amélioré qui permettra de prélever les données là où elles existent. J’espère que nous pourrons lancer cette rénovation pour la vague D. »

QuĂŞte de sens. Reste le soupçon de produire des Ă©valuations uniquement quanti. Ni le CV ni les conditions de la nomination du prĂ©sident du HcĂ©res (voir encadrĂ©) ne rassurent ceux qui s’y opposent. Un soupçon que Thierry Coulhon voudrait Ă©galement dissiper :
« Nous n’avons nulle intention de  mettre ces fichiers dans une machine qui ferait tourner un algorithme pour produire une note. La publication des premiers rapports de la vague C en 2024 calmera ces craintes, j’en suis certain. »

Un ĂŞtre vous manque. L’autre sujet sont les nouvelles modalitĂ©s de visite « en distanciel ». Elles exposent Ă  plusieurs risques : celui de ne pas permettre une discussion scientifique de qualitĂ© avec les experts du HcĂ©res mais aussi empĂŞcher la dĂ©tection de cas problĂ©matiques, voire de lanceurs d’alerte, comme le craignent les syndicats.
A quoi bon ? Au-delĂ  de ces doutes, il reste donc Ă  crĂ©er et transmettre une « envie d’Ă©valuation », un processus que personne ne remet en cause.  Mais aujourd’hui, comme l’ADL le dit crĂ»ment :
« Tout le monde sait que ces rapports ne servent Ă  rien, ils ne sont jamais lus et ne servent qu’Ă  montrer à Bercy que les chercheurs sont Ă©valuĂ©s. »
Le Conseil d’Etat valide
La nomination de Thierry Coulhon Ă  la tĂŞte du HcĂ©res a Ă©tĂ© rocambolesque. Parmi les recours formĂ©s, dont une inĂ©dite candidature collective, celui auprès des sages du Palais-Royal Ă©tait toujours pendant, une audition publique a lieu dont les requĂ©rants (une dizaine d’universitaires) ont produit un rĂ©sumĂ©. En conclusion, le rapporteur public a rejetĂ© ce recours mais a, selon les requĂ©rants, exprimĂ© « sa gĂŞne » devant le processus de nomination. En matière de nomination d’autoritĂ©s publique indĂ©pendantes (et sur beaucoup d’autres sujets), c’est le PrĂ©sident de la RĂ©publique qui a le dernier mot. RĂ©ponse dĂ©finitive du Conseil d’Etat dans trois semaines.
 Le Journal officiel au pas de course  Du cĂ´tĂ© de la section disciplinaire du Cneser, une affaire de harcèlement (encore), une autre d’abus sexuel, de la fraude avec un tĂ©lĂ©phone portable, la prĂ©sentation de faux certificats mĂ©dicaux, de la dissimulation de copie, des propos racistes contre du personnel de sĂ©curitĂ©… /////// Une disposition concernant la qualification des professeurs est modifiĂ©e /////// Le CNRS recrute 69 ingĂ©nieurs de recherche de 2e classe, 115 ingĂ©nieurs d’Ă©tude de classe normale, 78 assistants ingĂ©nieurs, quatre techniciens de la recherche de classe normale /////// Le cahier des charges du concours d’innovation i-Nov est paru /////// Des parcelles situĂ©es Ă  La Tronche sont dĂ©classĂ©es (comprenne qui pourra) /////// 
 Ils refont leur carte de visite  Sylvain Gandon (section 29), CĂ©cile Voyer (32) et Sara Angeli-Guiton (40) ont Ă©tĂ© nommĂ©s au ComitĂ© national de la recherche scientifique (CoNRS) en remplacement de membres dĂ©missionnaires /////// Une erreur de compo Ă  la commission paritaire locale pour les ATR, rectifiĂ©e /////// Matthieu Fohrer est nommĂ© professeur des universitĂ©s associĂ© Ă  mi-temps Ă  l’universitĂ© de Strasbourg /////// 
Votre revue de presse express

Et pour finir

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Cette prise de vue spectaculaire de ce qui semblent être des Gliophorus psittacinus (y a-t-il un mycologue dans la pièce ?) est apparemment truquĂ©e mais ça n’en reste pas moins un très beau champignon (Luke Penry sur Instagram).