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18 mars 2022 | La recherche et ses pratiques
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Bas les masques. Hier 17 mars, c’était l’anniversaire de début du premier confinement – deux ans déjà . Souvenez-vous le véritable chaos : les universités avaient fermé leurs portes et nous avions, comme beaucoup de médias, ouvert à tous TheMetaNews.
Ahurissement. Alors que s’étiraient devant les supermarchés de longues files d’attente silencieuses, la recherche et ses expériences s’étaient, non sans mal, arrêtées – animalerie, gros équipements… – dans une ambiance de fin du monde.
Le tragique nous rattrape. Aujourd’hui, la fin du monde est malheureusement bien plus rĂ©elle en Ukraine. Une Ă©tudiante en mathĂ©matiques, apparemment très douĂ©e, est morte sous les bombes Ă Kharkiv, et certainement d’autres avec elle.
Chasse aux sorcières. En Russie, la situation prend Ă©galement une tournure inquiĂ©tante. Poutine a officiellement dĂ©clarĂ© hier engager la lutte contre les « nationaux-traĂ®tres », comme le craignait le chercheur Nikita Tananaev interrogĂ© par Laurent mercredi, un des signataires de l’appel des 7000.
Bonne lecture,
Lucile de TMN
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Si vous n’avez que 30 secondes
- L’Ă©cologue Élodie Vercken se rebelle (avec d’autres scientifiques)
- Un chiffre sur des petites phrases machinales, mais fausses
- Des infos en passant
- Votre revue de presse express
- Et pour finir avec une avenue bien éclairée… celle de la recherche
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Cinq minutes dans le monde de la recherche
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Quelques questions à … Élodie Vercken
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« Voir des collègues se mettre en danger m’a beaucoup émue »
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Directrice de recherche Ă l’Inrae, cette Ă©cologue, fatiguĂ©e d’expliquer vainement la science aux politiques, est passĂ©e Ă l’action.
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 Si vous avez ratĂ© le dĂ©but NĂ© en 2020 autour d’activistes britanniques, le mouvement Ă©cologiste Scientist Rebellion est inspirĂ© – vous le devinez sans mal – par son grand frère Extinction Rebellion, bien connu pour ses actions de dĂ©sobĂ©issance civile. Sa version scientifique s’est Ă©largie, internationalisĂ©e et compte aujourd’hui plus de 1000 chercheuses et chercheurs impliquĂ©s dans au moins viingt pays diffĂ©rents dont un rĂ©seau en France. Des actions sont prĂ©vues en avril prochain.
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Pourquoi êtes-vous entrée dans le mouvement Scientifiques en Rébellion ?
Par frustration de voir que les choses n’avancent pas suffisamment vite, même dans le monde de la recherche. Certaines évidences pour moi, comme ne plus prendre l’avion, ne le sont malheureusement pas pour mes collègues. Si ne nous sommes pas capables d’être vertueux, comment voulons-nous être entendus ? Cela crée une véritable dissonance cognitive : on alerte mais on n’effectue aucun changement dans nos comportements.
Les scientifiques doivent-ils montrer l’exemple ?
Oui, déjà parce que nous sommes des citoyens comme les autres. Et il faut que cesse cette désinvolture, cette impression qu’on donne d’être au-dessus de la mêlée. Certains chercheurs ont une très haute opinion de l’utilité de leur travail qui les dispenserait de faire des efforts sur leur empreinte carbone, par exemple. Selon moi, le modèle productiviste de la recherche – multiplier les conférences internationales, les publications, les projets de recherche – est aussi à remettre en cause.
L’objectif du mouvement est-il la désobéissance civile ?
Scientifiques en Rébellion est pour l’instant très protéiforme, avec une ligne pro désobéissance civile et une autre plus centrée sur la communication par les scientifiques. Les chercheurs ont des habitudes de bons élèves et c’est dur de les mobiliser. Mais lorsque des scientifiques ont été arrêtés suite au blocage d’un pont durant la COP26, il y a eu un effet rebond et les universitaires britanniques ont largement réagi. Personnellement, voir des collègues se mettre ainsi en danger m’a beaucoup émue. C’était un symbole fort.
Et que répondez-vous à ceux qui veulent garder une posture de scientifique neutre ?
C’est un dĂ©bat que nous avons rĂ©gulièrement entre collègues… Ă€ ceux qui invoquent le mythe de la neutralitĂ© scientifique, je rĂ©ponds que nous avons une responsabilitĂ©. De plus, en tant qu’écologue, nous avons une relation d’affect avec notre objet de recherche qu’est la nature. Enfin, on ne peut pas se reposer sur les politiques : j’étais experte pour le ministère de l’Écologie et j’ai vu ces hommes en cravates nous Ă©couter mais faire tout l’inverse de ce que nous recommandions. On dit souvent que les politiques sont mal informĂ©s mais il s’agissait bien de choix dĂ©libĂ©rĂ©s. Toute cette Ă©nergie pour n’être au final qu’une caution scientifique… Je n’y crois plus.
Des actions sont prévues pour le mois d’avril. Pouvez-vous en dire un mot ?
Les 4 et 5 avril prochains, coïncidant avec la sortie du troisième volet du rapport du GIEC, des actions  de désobéissance académiques sont prévues. Cela peut consister à changer le contenu de cours, faire grève ou occuper les campus. Nous pensons que le rôle de l’université est de préparer les citoyens à vivre dans un monde différent pour limiter notre impact. J’avais donné devant des ingénieurs un cours sur l’effondrement de la biodiversité qui les avait beaucoup touché. Cela fait partie des sujets dont les étudiants en lettres n’entendent jamais parler, alors qu’il faudrait au contraire les enseigner dans toutes les formations.
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Vous voulez réagir ? Nous le publierons
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Un chiffre qui en dit long
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Un tiers des publications contiennent au moins une phrase copiĂ©e d’un autre article, rĂ©vèle une Ă©tude publiĂ©e dans PLOS ONE sur plus de 100 000 articles de la mĂŞme revue. Concernant principalement la description des mĂ©thodes d’analyse statistique, ces phrases sont rĂ©pĂ©tĂ©es d’un papier Ă l’autre d’une façon machinale, semblerait-il. Exemple flagrant, la prĂ©sence de la phrase suivante dans plus de 10% des papiers : « a p-value < 0.05 was considered statistically significant ». Les auteurs appellent donc les reviewers Ă plus d’exigence.
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Vous aimez ce que vous lisez ? Alors réfléchissez à deux fois avant de nous transférer : une fois ça va, vingt fois, bonjour les dégâts.
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Votre revue de presse express
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- La science n’est pas aveugle. Un peer review Ă la fois transparent (publiĂ© avec l’article) et doublement anonyme (le reviewer ne connaĂ®t pas le nom des auteurs), c’est la meilleure solution pour rĂ©duire les biais selon Kim Eggleton de la maison d’édition IOP Publishing, qui l’Ă©crit dans Times Higher Education.
- On fait le bilan. Partir en expédition au Pôle nord pour sauver la planète ? Pas si évident. Des scientifiques calculent leur bilan carbone, certains arrêtent de prendre l’avion, d’autres encore se réorientent… Socialter fait le tour des différentes réactions face au changement climatique parmi les chercheurs.
- On passe la seconde. Savoir combien de CO2 la recherche émet et comment le réduire, c’est bien. Mais décider jusqu’où on change nos pratiques, c’est aujourd’hui crucial. Le collectif Labos1point5 appelle via une tribune dans le Monde à définir une « éthique environnementale » en sortant du « productivisme scientifique ».
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