Isabelle This Saint-Jean, professeure à Paris Nord-13, est également secrétaire nationale du PS en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche. Y a-t-il une petite chance qu’on parle de recherche pendant la future présidentielle ? Malheureusement non, la présidentielle risque d’être focalisée sur les débats qu’on connaît : sécurité, immigration et éventuellement de la dette. Il y a un tel déficit d’information du grand public sur ces sujets et une méconnaissance totale de la situation de la recherche que le débat serait biaisé. Personne ne mesure la gravité de la situation, même si elle apparaît parfois dans les discours avec les classements internationaux. Et je serai tout aussi sévère sur le quinquennat Hollande, où les investissements n’ont pas été à la hauteur. Le gouvernement sortant aura à son bilan les 25 milliards de la loi recherche. Qu’en pensez-vous ? Il s’est surtout agi de gagner du temps pour le gouvernement. L’effort est encore en-deçà de ce qu’il faudrait faire et est étalé sur une période beaucoup trop longue. Il y aurait dû y avoir un effort massif de refinancement de la recherche et de l’université dès le début du quinquennat, surtout qu’on sortait d’une période de crise. Combien la France a-t-elle mis sur la table pour la recherche contre le Covid ? Pas assez. Par ailleurs, à l’université, le financement par étudiant s’effondre : où est le redressement ? On ne peut pas dissocier recherche et université, les deux questions sont complètement liées, on est donc loin du compte malgré des revalorisations salariales, dont les chercheurs ne se satisferont pas. Pourquoi ne pas refinancer la recherche avec les 7 milliards annuels du Crédit impôt recherche (CIR) ? Il faut dissocier : soit le CIR est un instrument de politique de recherche et le constat de son inefficacité a déjà été fait, soit c’est un soutien à l’investissement et à la compétitivité et la discussion est différente. Il faudra un jour se mettre d’accord là dessus. Arrêtons de dire que le CIR est un instrument efficace pour aider la recherche française. Les effets d’aubaine existent, il faut donc y mettre fin et imposer un certain nombre de critères, comme la transition écologique. |
Hélène Gispert : « L’absence des femmes aux Nobel n’est que la partie émergée de l’iceberg »
Les femmes sont encore une fois les grandes perdantes de cette série de Nobel 2024. Faut-il s'en indigner ? En effet, si l’on regarde les cinq dernières années, sur les trois prix de médecine, physique et chimie, 29 hommes et seulement six femmes ont été récompensés....