Créer une start-up est-il synonyme de départ de l’académie ?
La loi Pacte permet désormais que les chercheurs soient pour partie dans l’entreprise [plus de détails ici, NDLR], pour partie dans le laboratoire, cela a fait bouger les choses. Auparavant, les chercheurs avaient recours à trois dispositifs dont le 25.1 qui leur permettait d’obtenir un détachement d’un maximum de 6 ans sans plus être au laboratoire. Dans ce schéma, le lien avec le labo était plus distant, il publiait moins ; pas évident donc de revenir dans l’académie sans “track record”, notamment pour les demandes de financement.
Que pensez-vous du volet “inno” de la loi recherche ?
On aurait aimé plus de densité sur cet aspect dans la loi. La valorisation a longtemps été le parent pauvre et reste encore marginalisée parfois. L’éternelle question de la publication versus la valorisation est un sujet dont on parle depuis 20 ans. Les chercheurs sont confrontés à des choix de carrière : on leur répète sans cesse que la publication fait tout mais déposer un brevet n’est pas incompatible avec le fait de publier.
Quand on évoque les start-up, la méfiance est-elle encore présente ?
Oui elle persiste parfois, même si on a beaucoup évolué en quelques années. Certains chercheurs se disent peut être que cela ne devrait pas faire partie de leur activité voire que c’est une perte de temps. On doit faire œuvre de conviction. Les nouvelles générations ont une vision plus positive ; la culture du laboratoire dans lequel ils évoluent joue un rôle primordial. Et il y a encore une méconnaissance alors qu’il s’agit d’une réelle opportunité de carrière lorsque l’on sait que seuls 15% des jeunes docteurs resteront dans le public, vu l’offre d’emploi disponible. |