11.05.2022 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE
Le rêve américain
Darpa par ci, par là. La Defense Advanced Research Projects Agency américaine (missile hypersonique, robots, internet, bombardiers furtifs et tutti quanti…) fait rêver en France et en Europe.
Outre Atlantique. La création d’une “Darpa à la française” est ainsi devenu un passage obligé des programmes pendant la présidentielle. La réinvention du cataplasme pour soigner les carences hexagonales en matière d’innovation et d’industrie.
Bis repetita. L’équivalent existe déjà au niveau européen avec l’European innovation council (sans le côté militaire) mais certains comme l’économiste Philippe Aghion, grand penseur de l’ESR qui a conseillé Emmanuel Macron, souhaite “Darpa-iser” l’innovation (et donc la recherche) française dans une récente note.
On refait le match. L’innovation étant placée haut dans les priorités du prochain mandat, les intitulés des futurs ministères en diront long sur les intentions présidentielles : l’innovation restera-t-elle au ministère de la Recherche ? Réponse sous peu.
Dernière minute. Si le cœur vous en dit, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’adressera aux étudiants de Sciences po, Polytechnique, Inalco et Paris aujourd’hui à 13h. C’est à suivre ici.
A très vite,
— Laurent de TheMetaNews.
PS
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Sommaire
→ ÉLECTIONS Un chercheur investi en vaut deux
→ LA VIE DE L’ESR Le JO au pas de course
→ BRÈVES Cnes, post-docs rognés et plaidoyer pétrolier au menu
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Rencontrez le boss des maths
| TEMPS DE LECTURE : 5 MINUTES |
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ÉLECTIONS
Un chercheur investi en vaut-il deux ?
Des chercheurs vont tenter de gagner un siège de député — ou de le conserver — lors des prochaines législatives.
→ À l’assaut de l’assemblée. Parmi les milliers de candidats qui se présenteront au scrutin des 12 et 19 juin prochain, ils sont une poignée de chercheurs. Une espèce finalement plutôt rare à l’Assemblée si l’on compare leurs effectifs : une quinzaine que nous avons relevée parmi les 577 sortants, comparé aux avocats ou aux médecins, représentés chacun par une trentaine de députés.
« Si je suis élu, je compte me positionner sur les questions de recherche, d’espace, de défense… »
Arnaud Saint Martin, NUPES
→ Exfiltration imminente. Parmi les candidats déjà déclarés du côté de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES), on citera Cédric Villani (5e circo de l’Essonne), Sandrine Rousseau (9e circo de Paris) mais aussi Arnaud Saint-Martin, sociologue au CNRS (1ere circo de Seine-et-Marne) ou Hendrik Davi (Inrae, 6e circo des Bouches-du-Rhône). Les deux derniers ont été parmi les artisans du programme de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.
→ Comptez-vous. Toujours du côté de la NUPES, on citera également Aurélie Trouvé (9e circo de Seine-Saint-Denis). Mais la grosse majorité des chercheurs (au sens large) ou enseignants chercheurs dont nous avons relevé la candidature viennent des rangs de La République en Marche (pardon de Renaissance), qui a publié la liste presque complète de ses troupes.
→ Nouvelle vie. Parmi eux, de nombreuses personnalités reconduites pour un possible second mandat : Philippe Berta, Danièle Herin, Jean-Luc Fugit, Pierre Henriet, Catherine Fabre, Christophe Euzet, Jean-François Eliaou, Valérie Gomez-Bassac, David Labaronne ou Richard Lioger. Du côté des Républicains, David Lorion et Philippe Gosselin affichent un CV universitaire.
→ Work in progress. Les sciences humaines (en particulier le droit) sont fortement représentées dans leur rang.L’habit ne fait néanmoins pas forcément le moine : peu de ces députés, à l’exception de Philippe Berta ou de Cédric Villani se sont impliqués dans la précédente mandature sur les questions de recherche malgré leur tropisme. La nouvelle génération changera-t-elle la donne ?
◆ Et Frédérique Vidal, à propos ? ◆
Parmi les 17 (!) ministres du gouvernement qui se lancent dans l’aventure d’une campagne législative des noms connus (Gérald Darmanin, Jean-Michel Blanquer, Olivier Véran, Gabriel Attal…), d’autres moins (Marc Fesnot, Olivier Dussopt) mais au moins une absente : Frédérique Vidal. L’intéressée, présente à la cérémonie d’investiture d’Emmanuel Macron, fait toujours mystère de ses intentions, en attendant la constitution d’un nouveau gouvernement. Après avoir tenté de se positionner pour les régionales, stoppera-t-elle son parcours politique en s’adonnant à la philosophie des sciences, comme elle nous le confiait ? La suite au remaniement.
EXPRESS
C’est la vie de l’ESR
→ Le journal officiel au pas de course. Une nouveauté pour les futurs internes en médecine et pharmacie avec cette formation « Innovation et recherche », dont les détails sont ici et les adaptations réglementaires ici • L’Université de Lorraine adhère au Centre interdisciplinaire d’études et de recherches sur l’Allemagne • Quatre commissions représentant les agents CNRS sont constituées auprès de son président Antoine Petit • L’Agence nationale de recherche et de la technologie sera contrôlée budgétairement par l’État • Si vous avez glané une de ces prestigieuses distinctions, vous serez dorénavant directeur ou -trice émérite de plein droit • Attention, un décret qui modifie quelques dispositions dans les carrières des chercheurs : création d’un échelon hors classe supplémentaire (avec revalorisations à la clef), évaluation tous les trois ans, modification de l’accès à la classe exceptionnelle des directeurs de recherche mais aussi « simplification » (de façade en réalité) de certaines procédures • Ça continue : création d’un échelon exceptionnel pour les chargés de recherche hors classe • Donner son corps à la recherche ? Les règles changent • Création d’un comité de suivi des cycles licence, master et doctorat au Mesri • Repyramidage, je crie ton nom avec une volée de décrets concernant les ingénieurs de recherche, (conditions et places) et les professeurs des universités •
→ Ils changent leur carte de visite. Frantz Grenet remplace Jean Richard (décédé) à l’Académie des inscriptions et des belles lettres • Suspense, les fonctions de président de l’ENS Paris-Saclay seront bientôt vacantes mais on ne sait pas quand • Une belle poignée d’élections à l’Académie des sciences, dont Katalin Karikó, une des découvreuses des vaccins à ARN ou Yann Le Cun un des scientifiques en chef de Facebook • Le poste d’administrateur général du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) est vacant, avis aux amateurs • Sébastien Paturance (CNRS) est commissionné pour enquêter sur les infractions à l’utilisation d’OGM à des fins de recherche • Des vacances d’emploi de maître de conférence / praticien hospitalier et de professeur des universités / praticien hospitalier • Huit nominations au conseil d’administration du Campus Condorcet • Cinq postes de conservateur stagiaire sont ouverts au concours • Trois radiations du corps de professeurs des universités et des nominations ! • Martine Bagot et Nathalie Rives sont nouvellement élues à l’Académie nationale de médecine •
EXPRESS
Pendant ce temps dans la recherche
→ Opération spatiale. Le conflit ouvert avec la direction au Centre national d’études spatiales va-t-il essaimer dans les autres Établissements publics à caractère industriel et commercial (Epic) ? C’est le souhait de l’intersyndicale du Cnes, qui s’est déjà rapprochée de l’Onera. Promis, on y revient bientôt dans TMN mercredi.
→ Qui va à la chasse. On a (un peu) joué au petit jeu de devinette sur l’identité du prochain ministre de la Recherche. Quelques noms sont ressortis de nos “investigations”. Les évidents d’abord : Thierry Coulhon, président du Hcéres, Antoine Petit, PDG du CNRS (ça jase en interne) ou Louis Vogel, ex président de la CPU (devenu France Universités), qui a été une cheville ouvrière de la campagne d’Emmanuel Macron. Plus surprenant, celui de Claude Malhuret, médecin, sénateur et associé fondateur de Doctissimo a été également été cité. Probabilité de ces nominations : faible. Reste une dernière possibilité : que Frédérique Vidal reste en place. Réponse sous peu.
→ Quand c’est flou. L’Association nationale des candidat·e·s aux métiers de la science politique condamne vivement le non respect d’une disposition de la loi Recherche favorable aux postdocs, imposant une durée minimale d’un an (et de maximum trois ans). L’ANCMSP constate en effet que des petits malins requalifient les postdocs en contrats d’ingénieurs de recherche, dont la durée peut être inférieure.
→ Passage à la pompe. Une lettre ouverte signée par 175 scientifiques (à titre individuel) dont six Français plus ou moins liés aux pétroliers a été adressée à la Commission européenne par le lobby Fuels europe représentant les intérêts des dites industries pétrolières. Son but ? Combattre l’injustice semble-t-il faite aux carburants bas carbone (sic) dans la législation européenne.
EXPRESS
Votre revue de presse
→ À fonds perdus. 665 millions de francs suisses seraient passés sous le nez des chercheurs suisses, selon la Tribune de Genève. En effet, seuls 4% de ces sommes destinées à compenser l’exclusion du programme européen Horizon Europe auraient été utilisées au grand dam des intéressé·es, vous pensez bien. Pendant ce temps, la Confédération cherche de nouveaux partenariats dans l’espace et le quantique, selon Science|business.
→ Far from home. L’AFP (batonnée ici par France24) est allée à la rencontre de chercheurs ukrainiens en France et en raconte les peurs, les espoirs de leur nouvelle condition de réfugiés scientifiques.
→ 1100 briques. L’Université d’Oxford va toucher 11 millions d’euros de financement de la société Lego pour aider la recherche sur l’éducation et l’enfance en danger, pointe le média régional This Is Oxfordshire.
→ Copier n’est pas jouer. Associated Press signale que le président péruvien Pedro Castillo et sa femme auraient plagié plus de la moitié de leur mémoire de maîtrise. Deux de ses ministres avaient également été accusés du même chef. Pas sûr qu’en France une telle incartade académique fasse autant de bruit.
LE BOSS DES MATHS
Et pour finir…
Et l’on découvre (avec cinq ans de retard) cette carte très instructive de toutes les spécialités des mathématiques. Des aires de recherche sont peut-être nées dans l’intervalle, qui sait ?