Chercheur et aveugle, c’est possible

07.07.2023 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Sous les sunlights des publis

Dominos. Six points en relief sur deux colonnes : un pour le A, deux pour le B… Mardi, j’ai eu le droit à un mini-cours de braille par l’astrophysicien Ludovic Petitdemange, dans le cadre de mon reportage sur les malvoyants dans la recherche.

À tâtons. J’ai également déambulé dans Jussieu avec Salomé Nashed, doctorante en bioinformatique. Un campus toujours en travaux où les passerelles se construisent et se déconstruisent chaque mois. Elle avec sa canne blanche, moi avec mes yeux.

Réalité diminuée. Comment se représenter leur quotidien ? « Mettre des lunettes déformantes sur le nez pendant une journée et voir comment on s’en sort ! », suggère le physicien Benoît Blossier pour sensibiliser les “voyants”, depuis son bureau aux murs nus et à l’atmosphère spartiate.

Immersion totale. Grâce à TMN, plongez cette semaine dans le quotidien de cinq chercheuses et chercheurs malvoyants. Leur parcours, leurs galères, leurs satisfactions mais aussi leurs propositions sont à lire sans plus attendre.

À très vite, 
— Lucile de TheMetaNews

Sommaire

→  ANALYSE  Chercheurs et aveugles, ils témoignent
→  OUTIL  L’entrepôt qu’il vous faut 
CHIFFRE L’indice de spécialisation de la recherche française
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Duel de bingo

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

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ANALYSE

Être chercheur et malvoyant

Voici cinq destins de chercheurs aux prises avec un handicap qu’ils ont su surmonter malgré tout.

   ↳ Salomé Nashed est doctorante en bioinformatique à Jussieu, Gilles Ramstein paléoclimatologue au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement à Saclay. Leur point commun ? Tous deux sont ce qu’on appelle déficients visuels. « Je vois tout juste un peu plus que des ombres lorsqu’il y a de forts contrastes » (…)

OUTIL

L’entrepôt qu’il vous faut

Où déposer vos données ? À l’occasion de l’ouverture de l’entrepôt CNRS Research Data hébergé par le service Recherche Data gouv, ce dernier publie un diagramme permettant de vous orienter vers l’entrepôt le plus adéquat. Le journal du CNRS le précise : son nouvel entrepôt générique est à destination des communautés qui ne disposent pas d’un entrepôt thématique plus adapté, dont voici le catalogue.

CHIFFRE

2,12

Dans quels domaines de recherche la France se distingue-t-elle à l’international ? L’Observatoire des sciences et techniques du Hcéres a calculé « l’indice de spécialisation » de l’Hexagone pour chaque domaine – il s’agit du rapport entre la part d’un domaine donné dans le total des publications du pays et la part de ce même domaine dans les publications mondiales. Résultat ? La France se fait remarquer par sa production scientifique en étude du passé humain (indice de 2,12) et mathématiques (1,69). Contrairement aux États-Unis très spécialisés dans les sciences humaines et sociales, la France a publié apparemment moins que la moyenne mondiale dans ces disciplines.

EXPRESS

Des infos en passant

● Une belle histoire. Terminés les h-index et les listes de publications à n’en plus finir, place aux CV narratifs ! Mais est-ce que ça marche ? S’il semble difficile d’en mesurer précisément les retombées, les candidats comme les évaluateurs semblent enthousiastes, révèle une étude publiée dans Research evaluation en avril dernier. Les trois spécialistes en bibliométrie que sont Frédérique Bordignon – relire son interview sur la surpromotion des papiers –, Lauranne Chaignon et Daniel Egret – relire son courrier des lecteurs sur les classements –, expliquent sur le blog Impact of social sciences en quoi ce nouveau format permet d’appréhender différemment l’évaluation et d’ouvrir le débat sur l’utilisation des métriques.

● But contre son camp. Le Collège de déontologie du ministère vient de publier un avis dans le cadre de “l’affaire Paris 13”. La chercheuse dont les manquements avaient été signalés par Raphaël Lévy – relire notre analyse sur les procédures – avait saisi les instances de son établissement, accusant ce dernier de harcèlement. Plus sévère que le rapport du CNRS, le Collège de déontologie rappelle que les « graves manquements à l’intégrité scientifique » de la chercheuse ont été minimisés par le labo et appelle les tutelles à l’action, notamment à « repenser l’ensemble des affectations et des positions au sein du laboratoire ». Concernant Raphaël Lévy, le collège conclut à l’absence de harcèlement mais laisse peser une responsabilité sur ses épaules en affirmant qu’il n’aurait « pas suffisamment pris en compte les conséquences humaines de son signalement et de son attitude à l’égard des différents membres du laboratoire dans un contexte de grande fragilité de l’unité ». Une manière de ménager la chèvre et le chou qui pourrait malheureusement décourager les potentiels futurs lanceurs d’alerte.

● Musk et ses marionnettes. L’Unesco organise le 13 juillet prochain à Paris une conférence sur l’éthique des neurotechnologies réunissant chercheurs, politiques et entreprises. Parmi les intervenants : Hervé Chneiweiss, que nous avions interviewé en novembre dernier à l’occasion de la sortie d’une charte française. Les enjeux sont mondiaux : les investissements de quelques géants privés aux États-Unis le prouvent. Une session « de haut niveau réunissant des ministres et des décideurs politiques, axée sur les actions politiques et la coopération internationale » est prévue.

EXPRESS

Votre revue de presse

→ With a little help from my… students. Utiliser les étudiants pour monter dans les classements universitaires ? C’est ce système d’auto-citation qu’utilise une école indienne, rapporte le magazine Science. Les étudiants sont amenés à publier des papiers de recherche dans lesquels ils doivent citer les travaux de leurs professeurs. Une méthode qui a permis à l’école de se retrouver parmi les 15 meilleures écoles dentaires au monde.

→ Conflit générationnel. Lors de la conférence annuelle des lauréats du prix Nobel, le chimiste Kurt Wüthrich – décoré du titre en 2002 – a exprimé l’idée qu’une discrimination masculine était ressentie, rapporte Science. Des propos qui ont provoqué un débat houleux notamment porté par des jeunes doctoresses et docteurs. On vous parlait justement de discrimination positive pour les femmes dans une récente analyse.

→ À l’arrêt. La Cour suprême des États-Unis a interdit toute discrimination positive basée sur des critères raciaux pour l’admission dans les universités du pays, explique Nature dans son édito. Une décision attendue mais qui n’a pas manqué de faire réagir les universitaires américains tout comme les français. Le sociologue Eric Fassin signe ainsi une tribune au Monde sur le sujet.

→ Publications inégales. Les preprints signés par des auteurs venant de pays à faibles revenus semblent se convertir en articles moins souvent que pour les autres pays, rapporte Nature,qui avance l’hypothèse d’un manque de ressources financières. L’étude originale publiée dans PLOS ONE révèle également que certains éditeurs, comme PLOS, publient plus d’articles en provenance des pays pauvres, contrairement à Nature.

— Revue de presse rédigée par Noémie Berroir

DUEL DE BINGO

Et pour finir…

Une fois n’est pas coutume, on reprend cette semaine une blague de sociologues.