Retailleau succède à Retailleau

17.01.2024 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE


Fermez le ban !

Les mêmes. L’hypothèse de la reconduction de Sylvie Retailleau à la tête d’un ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche au périmètre inchangé n’avait pas le vent en poupe. L’Élysée et une part inquantifiable de hasard en ont voulu autrement.

Tribord, toute. La séquence cataclysmique de la loi immigration en fin d’année (le suspense durera encore jusqu’à fin janvier) ainsi que la fronde de Sylvie Retailleau et d’une poignée de ministres avait fragilisé son positionnement au sein d’un nouveau gouvernement que les commentateurs voient bien pencher à droite.

Sutures. La seule cicatrice — purement symbolique — qui en reste est aujourd’hui sa rétrogradation à la dernière place dans l’ordre protocolaire de l’équipe de Gabriel Attal. Mais en politique tout est affaire de symboles.

Sutures. Il n’en reste pas moins que votre nouvelle ministre voit sa mission — ou plutôt ses missions — confortées pour au moins les dix-huit mois à venir, si l’on écoute Emmanuel Macron. Lesquelles au juste ? On fait le point dans ce premier numéro de 2024.

Bonne lecture, 

— Laurent de TheMetaNews.

Sommaire

→  ANALYSE Retailleau succède à Retailleau
 BRÈVES Nouvelle tête à la CP-CNU, année d’élection dans les universités
→  LA VIE DE L’ESR Première salve de l’année 2024
→  EXPRESS Votre revue de presse
ET POUR FINIR Loterie du nouvel an

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ANALYSE

Retailleau succède à Retailleau


La reconduction de Sylvie Retailleau à un ministère au périmètre inchangé lui octroie un peu de temps pour mener à bien ses (très nombreuses) promesses de changement.

The A-team. C’est après un suspense qui n’avait que trop duré que la composition du premier gouvernement Attal a été révélée le 11 janvier dernier. Son effectif plutôt resserré a néanmoins laissé intact le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Sa version 2024 ressemble très exactement à celle qui le précédait (…)

BRÈVES

Pendant ce temps dans la recherche


→  Caméo ministériel. La nouvelle Commission permanente du Conseil national des universités (CP-CNU) s’est réunie début janvier et a élu à sa présidence la physicienne Anne Joulain, professeure à l’université de Poitiers. Contactée par nos soins, l’intéressée a rappelé le principal enjeu de son mandat, à savoir défendre l’aspect national des statuts qui « protège des dérives locales et contribue à un environnement de travail plus sécurisant et égalitaire ». En réaction aux annonces présidentielles de décembre, la nouvelle présidente de la CP-CNU rétorque : « Le statut n’est à la base pas si complexe, c’est rajouter des types de contrats différents (comme les Chaires de professeur junior) qui le complexifie. » Alors que les inquiétudes sont vives parmi les membres de la CP-CNU, la visite de la ministre Sylvie Retailleau lors de cette première réunion de janvier a été appréciée. 

→ Séquence électorale. L’année 2024 sera une année élective dans bon nombre d’universités (pas moins de 33). On connaît aujourd’hui les résultats pour l’université Grenoble-Alpes et Aix-Marseille Université. Dans le premier établissement, c’est Yassine Lakhnech qui a été réélu le 11 janvier pour un nouveau mandat sur fond de tensions, matérialisées par un recours de la liste alternative et d’une plainte en retour du nouveau président, apprend-on de source syndicale. Côté AMU, Eric Berton a été réélu président le 09 janvier dernier. Jeanick Brisswalter a également été rérélu à l’Université Côte d’Azur le 9 janvier. Enfin, Odile Rauzy entame un premier mandat à l’Université Toulouse 3 Paul Sabatier depuis le 15 janvier.

EXPRESS

C’est la vie de l’ESR


→ Le JO au pas de course. Deux postes de chargés de recherche de classe normale ainsi que deux postes de directeurs de recherche de 2e classe sont ouverts à l’Ined • Le CA de la fondation de coopération scientifique « PRES Bourgogne Franche-Comté » a décidé la dissolution de la fondation • Est créé au sein du ministère un service à compétence nationale dénommé « Institut des hautes études pour la science et la technologie » : l’IHEST continue mais son statut change donc • Les règles des sections du Comité national de la recherche scientifique (CNRS) évoluent  Le Code de la recherche continue sa mue • Le centre universitaire de formation et de recherche de Mayotte se transforme en établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel • Des instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation sont accrédités ou réaccrédités • Un décret précise les modalités d’information sur l’utilisation d’échantillons à des fins de recherche nécessitant des études génétiques • Deux dispositions pour encadrer les études sur l’égalité homme-femme dans l’enseignement supérieur et la recherche • Les statuts de l’Université Clermont Auvergne sont modifiés pour accueillir l’École nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand • 20 postes de chargés de recherche de classe normale, 21 de directeur de recherche de seconde classe, 2 d’ingénieurs d’études de classe normale, ainsi que 4 d’ingénieurs de recherche sont ouverts à l’Inria • Le taux de la prime d’enseignement supérieur et de recherche des enseignants des universités titulaires de médecine générale est fixé à 1344 euros et les fourchettes précisées dans ce texte • 29 avancements au grade de bibliothécaire assistant spécialisé de classe supérieure sont ouverts mais aussi 32 avancements au grade de bibliothécaire assistant spécialisé de classe exceptionnelle et enfin 16 au grade de bibliothécaire hors classe • Création de postes d’astronomes et de physiciens et d’astronomes adjoints et de physiciens adjoints • Ouverture d’un poste de directeur de recherche 1ère classe au CNRS mais aussi de 314 postes de directeur de recherche de 2e classe et 254 de chargé de recherche de classe normale • Le régime indemnitaire des personnels enseignants et chercheurs (Ripec) bouge en ce début d’année • Les statuts de la communauté d’universités et établissements ComUE Lyon Saint-Étienne sont approuvés 

→ Ils réimpriment leur carte de visite. Une grande volée de nominations en tant que professeurs des universités (une deuxième, une troisième et une petite dernière) au Journal officiel (à consulter dans la rubrique MESR). Sont également nommé·es des PU-PH  Sont nommés les membres de la commission d’examen des candidatures à la fonction de président de l’IRD • Estelle Dhont-Petrault est nommée cheffe du service de l’innovation, du transfert de technologie et de l’action régionale (SITTAR) • Clément Cadoret est chargé d’exercer par intérim les fonctions de président du Cnous • Fabrice Raynal est nommé directeur de l’agence ITER-France au sein du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives • Raffaella Casotti est nommée membre du conseil scientifique du Muséum national d’Histoire naturelle • Xavier Darcos est nommé chancelier de l’Institut de France à compter du 1er janvier 2024 • Pierre-Michel Menger est élu à l’Académie des sciences morales et politiques • On connaît la nouvelle composition du cabinet de Sylvie Retailleau (qui ressemble fort à l’ancienne) • L’Académie d’agriculture a nommé un nouveau bureau « majoritairement féminin », avec à sa tête Marion Guillou • Esther Duflo, prix Nobel d’économie, a été élue le 11 janvier 2024 présidente de l’École d’économie de Paris (Paris School of Economics, PSE) • La participation de la mathématicienne Claire Mathieu au conseil présidentiel de la science (nous vous en parlions) aura été de courte durée ; l’intéressée a démissionné fin décembre •

→ Et si c’était pour vous ? La fonction de président du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur est à pourvoir suite au départ de Thierry Coulhon pour l’Institut polytechnique de Paris (IPP) •

EXPRESS

Votre revue de presse


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Que la confiance règne.« De grâce, faites-nous confiance, laissez-nous travailler » : c’est la supplique qu’adressent certains de vos collègues au président de la République dans une tribune parue dans Le Monde ↯ , suite aux annonces d’Emmanuel Macron du 07 décembre dernier (nous vous en parlions). Les signataires craignent à terme la disparition des organismes de recherche. Toujours dans Le Monde, ces annonces ont également inspiré une parabole pyramidale  au chercheur Jean Farago et une analyse plutôt vénère de notre confrère David Larousserie.

→ Inaudible.« Respect et considération pour les dirigeants du Hamas » : ces propos du chercheur retraité du CNRS (il n’est plus émérite) François Burgat ne passent pas ↯, sur fond de conflit entre Israël et le Hamas depuis les attentats du 07 octobre dernier, détaille Libération.

→ Apparatchiks.«La tentation du Gosplan existe toujours », prévient le président de PSL Alain Fuchs dans une tribune parue dans les Échos le 26 décembre dernier suite aux annonces présidentielles du 07 décembre. Tribune dont le timing aurait pu laisser penser, si on avait l’esprit mal placé, à une candidature pour le poste de la montagne Sainte-Geneviève. Et si vous ne savez pas ce qu’est un “gosplan”, c’est par ici.

→ SAV. Sylvie Retailleau a accordé sa première interview post “Loi immigration” au quotidien régional Ouest France ↯. Elle y justifie sa démission, explique son maintien au gouvernement et détaille ses missions, tout particulièrement sur le volet “vie étudiante”.

À la marge. Accès restreint des publis, prix des abo et des frais de publication en augmentation, rien ne va dans le système, dénonce Alternatives Économiques. Mais des récompenses en termes de financement entretiennent bel et bien la course à la publication. Des financements qui pourraient être investi pour la science ouverte, analyse le média en partenariat avec le site d’information Sciences Critiques.

LOTERIE DU NOUVEL AN

Et pour finir…


Il n’est pas encore trop tard pour jouer à cette roulette russe des cabinets ministériels.