01.03.2024 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE
Le jour où tout bascule
Convoquée. Chemisier, veste et chaussures de ville, j’étais sur mon 31 – pour les standards de la recherche s’entend. Ma présentation tournant en boucle depuis plusieurs jours dans ma tête, je pénétrais dans la salle d’audition.
Première impression. Face à moi le jury : une vingtaine de chercheurs en poste. Seuls un ou deux visages connus. J’ai esquissé un sourire, le plus enthousiaste possible, alors que je tremblais de panique tout en essayant de rester concentrée.
Chrono on. Dérouler sa présentation, puis répondre aux questions, le tout en moins de 30 minutes. Essayer de ne pas penser que l’issue va déterminer les trente prochaines années de sa vie. Un mental à toute épreuve est recommandé pour l’exercice.
Marge de manœuvre. Mais une bonne préparation peut tout changer et c’est sur ça que vous allez pouvoir travailler ! On vous donne tous les conseils glanés au fil de nos interviews dans notre analyse de la semaine. Et bonne chance à tout·es les candidat·es !
À très vite,
— Lucile de TheMetaNews
PS « Demain, ouvrir TMN » ? Notre campagne touche bientôt à sa fin : découvrez où nous en sommes
Sommaire
→ ANALYSE Bienvenue au petit théâtre des auditions
→ OUTIL Un bilan carbone pour vos algos
→ CHIFFRE Propagation d’erreurs
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Pizzapple
TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES |
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ANALYSE
Bienvenue au petit théâtre des auditions
C’est le moment-clé des concours aux postes de chercheurs et d’enseignants chercheurs : l’audition. Comment la préparer ? Voici tous nos conseils.
↳ Tic-tac… Les premières listes des sélectionnés pour les auditions vont commencer à tomber ! Côté chargé·e de recherche (CR), le CNRS ouvrira le bal avec les premières auditions dès le 18 mars, puis à l’Inserm en avril… on vous épargne la liste de tous les organismes. Les candidat·es aux postes de maître·sse de conférences (MCF) devront quant à elles et eux attendre jusqu’en avril-mai. Les heureux élus seront avertis par courrier environ deux à trois semaines avant – ça va donc aller très vite (…)
OUTIL
Un bilan carbone pour vos algos
Et pourtant, il tourne. Estimez l’empreinte carbone de vos algorithmes avec Green Algorithms. Présenté dans un article publié en 2021 par des chercheurs britanniques en bioinfo ou data science, l’outil en ligne vient d’être également décrypté par Labos 1point5. Calculant la quantité de gaz à effet de serre émis par l’exécution d’un algorithme en fonction du type d’appareil sur lequel il tourne et du mode de production d’énergie locale, les résultats sont jugés réalistes et cohérents par ce collectif qui veut verdir la recherche. Les limites ? L’outil ne prend pas en compte la fabrication des machines (qui représente en moyenne 75% de l’empreinte), les autres impacts environnementaux (eau, matériaux…) ni n’interroge l’utilité sociale des algos.
EXPRESS
Pendant ce temps dans les labos
● Transparent mais pas trop. Une “scoping review” – on apprend le terme en même temps que vous, il s’agit d’une synthèse sur un sujet plus vaste que la “systematic review” – publiée dans Research Evaluation analyse la portée de l’Open Peer Review. Si la pratique s’élargit, elle est encore loin d’être la norme et entraîne finalement peu de changement dans les pratiques de reviewing : pas de refus, ni de délai dans le processus. L’ouverture des rapports est perçue positivement, contrairement à la levée de l’anonymat des reviewers. Les craintes quant aux potentiels retours de flamme suite à des critiques restent ancrées.
● Candidature spontannée. Alors que la présidence du Hcéres reste vacante, vos collègues – anonymes ou presque – de RogueESR ont imaginé la lettre de candidature de ChatGPT lui-même (à télécharger ici). On avoue qu’on a trouvé ça très drôle. L’IA peut en effet s’enorgueillir d’écrire la majorité des évaluations et autres textes exigés par la “bureaucratie” (relire notre analyse de vos usages) qui dissiperait au passage entre 20 et 30% des budgets. À quand ChatGPT ministre de l’ESR ?
● Alexandra, Alexandrie. La base de données bibliométrique ouverte OpenAlex – on vous en parlait début février – a le vent en poupe. Le ministère vient d’annoncer un partenariat avec cette dernière, comprenant un soutien financier et humain à la plateforme considérée comme une « infrastructure cruciale de science ouverte ». La bibliomètre de l’École des Ponts Frédérique Bordignon l’a testée pour son institution : 93% des publications sont bien recensées par OpenAlex mais le taux d’erreur d’affiliation reste élevé (environ un quart).
● Interdit de labo. Gianluca Grimalda, le chercheur en sciences sociales de l’Institut de Kiel qui avait été viré après avoir refusé de prendre l’avion pour revenir de Papouasie-Nouvelle-Guinée, vient d’être débouté par les prud’hommes allemands. Estimant que prendre six semaines pour revenir de mission n’est pas acceptable, la cour avait proposé un compromis financier que le chercheur a refusé : son but est que la loi protège les employés faisant valoir leur “objection de conscience” climatique, explique-t-il dans un communiqué de presse.
Mais aussi… La détectrice de manipulation d’image Elisabeth Bik lance avec trois collaborateurs dont la chercheuse en psychologie Simine Vazire le Scientific Integrity Fund avec pour objectif de fournir une aide pour les lanceurs d’alerte et des financements pour des journalistes étudiants ● Vos événements Calenda et billets de blog Hypotheses se voient maintenant chacun attribuer un DOI (Digital Object Identifier) qui aidera à leur référencement, explique OpenEdition ● Alors que la sortie de Zotero 7 est imminente, voici les dernières fonctionnalités de Zotero 6 ● Quel avenir pour le score SIGAPS ? C’est l’intitulé du colloque organisé par l’Office français pour l’intégrité scientifique le 20 mars à Paris (nous y serons) ● On vous en parlait en revue de presse il y a deux semaines : un des instituts du CNRS avait encouragé ses chercheurs à participer à une campagne pro nouveaux OGM : le SNCS lui demande des explications
CHIFFRE
20%
Une publication sur cinq comporterait des images problématiques – manipulations ou erreurs de bonne foi –, révèle cette étude déposée sur bioarxiv et réalisée dans le domaine de la santé. L’ampleur du phénomène a surpris les deux auteurs danois : ces publications problématiques restent citées autant que les autres et apparaissent dans des revues réputées. Les chercheurs appellent à agir sans plus tarder.
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Funèbre anniversaire. Alors que sonnent les deux ans du début de l’invasion russe en Ukraine (souvenez-vous de notre entretien avec des chercheurs ukrainiens), le magazine Science brosse le portrait de quelques-uns des 100 scientifiques décédés depuis le début de la guerre.
→ En plein vol. Paris-Saclay est au bord de l’implosion ↯, titre L’Express. Estelle Iacona, présidente sortante ayant pris la suite de Sylvie Retailleau et dont la liste n’a pas remporté les dernières élections, pouvait espérer être réélue par le conseil d’administration grâce aux personnalités extérieures, explique Academia. Le camp adverse représenté par Yves Bernard tente le tout pour le tout. Affaire à suivre !
→ Covid arnaque. Des chercheurs espagnols, allemands et suédois sont plongés dans une bataille juridique depuis deux ans : une mystérieuse entreprise polonaise, joliment nommée Villa Europe, leur demande jusqu’à 80 000 euros pour avoir participé à des conférences en ligne. Les justices suédoise et espagnole viennent de trancher en faveur des chercheurs, rapporte Science.
→ Anti-woke. Les hommes blancs disparaissent-ils des campus américains ? Le chercheur Lawrence Krauss – accusé d’agression sexuelle en pleine conférence – le pense et l’écrit dans Quillette, une revue de tendance libertarienne. Le magazine Le Point publie sa traduction et ça ne fait pas l’unanimité, loin de là.
→ Au fer blanc. L’article date de décembre mais sa lecture vous sera longtemps utile : la chercheuse américaine Rosaline Coleman, aujourd’hui à la retraite, raconte dans les colonnes de Science comment elle a appris et vécu la fraude d’un de ses postdocs. Un sentiment de culpabilité qui semble toujours la travailler.
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PIZZAPPLE
Et pour finir…
Vous souhaitez une alimentation plus saine ? C’est possible si vous mangez avec les yeux.