Au théâtre ce soir

24.05.2024 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Sept fois sa langue…

Neutralité. S’engager quand on est chercheur ? Cette question lancinante agitait encore cette semaine le monde de la recherche. Après notre interview de Christine Noiville la semaine dernière, le comité d’éthique qu’elle préside tenait un colloque sur le sujet ce mardi.

Obsidional. Au milieu de vos collègues s’interrogeant sagement – faut-il citer son employeur lorsqu’on exprime son opinion ? –, notre consoeur journaliste à Mediapart Jade Lindgaard a rappelé la cruelle réalité du monde et des ennemis de la science qui ne s’embarrassent pas de questionnements éthiques.

Représentation. Toute occasion de faire un pas de côté, de sortir la tête du guidon est bonne à prendre. Cette semaine, c’est la physicienne et aujourd’hui directrice de théâtre Élisabeth Bouchaud qui nous emmène dans l’univers des femmes de science oubliées par l’histoire.

Bonne lecture, 
— Lucile de TheMetaNews

Sommaire

→  PORTRAIT  Élisabeth Bouchaud, de la physique au théâtre
→  OUTIL  Des contrats open pour vos livres
→  CHIFFRE  Ambassadeurs de la francophonie
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Carte (publi)postale

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

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PORTRAIT

Élisabeth Bouchaud, la vie en deux actes

Physicienne un jour, physicienne toujours ? Cette chercheuse a néanmoins décidé de consacrer sa deuxième vie au théâtre et aux femmes de science.

   ↳ On accède au bureau d’Élisabeth Bouchaud, situé sous les toits d’un immeuble parisien, grâce à un de ces étroits escaliers en colimaçon. L’ambiance, ocre et rouge, y est méditerranéenne. Au rez-de-chaussée, la pièce du jour s’apprêtait à débuter ; l’ouvreuse appelle les derniers spectateurs à s’asseoir. Bienvenue au théâtre parisien de la Reine Blanche, l’antre d’Élisabeth Bouchaud (…)

OUTIL

Des contrats open pour vos livres

À livre ouvert. Vous publiez une monographie et souhaitez rester en accord avec les valeurs de l’open science ? Le comité Ouvrir la science propose trois nouveaux modèles de contrat à destination des auteurs : deux d’entre eux leur permettent de conserver leurs droits (et donc de déposer leur œuvre sur des archives ouvertes), avec ou sans rémunération, le troisième permet une cession à titre exclusif mais pour une durée limitée. Et si vous souhaitez une piqûre de rappel concernant la publication dans les revues, voici le récapitulatif de tous les contrats et un webinaire pour remettre un peu de contexte.

EXPRESS

Pendant ce temps dans les labos

● Chipeur l’indicateur. La Declaration on Research Assessment (DORA) publie une note sur les indicateurs quantitatifs que sont l’impact factor des revues, le nombre de citations, le h-factor ou les altmetrics. Plutôt que de proscrire leur utilisation, DORA fait dans la nuance en recommandant aux institutions d’expliciter ce que ces métriques apportent à l’évaluation et comment elles entrent en jeu dans les décisions.

● Green docs. Le groupement de recherche Labos 1point5 organise en novembre à Paris un colloque sur trois jours sur l’empreinte environnementale et la soutenabilité des activités de recherche. Vous avez des résultats permettant d’estimer, de comprendre et d’agir sur les impacts environnementaux de la recherche ? L’appel à communication est ouvert jusqu’au 30 juin.

● Répliquer n’est pas voler. La première édition française des Replication games aura lieu le 26 juin à Grenoble, organisée par l’économiste de l’Inrae Paolo Crosetto avec l’appui du Institute for Replication. Le principe ? Rassembler des chercheurs pour répliquer les résultats de papiers publiés dans des revues prestigieuses. Nous y serons !

  Mais aussi…  Le portail scanR, qui permet explorer la recherche française (publications, auteurs, brevets…), fait peau neuve ● Double Science, festival gratuit et interdisciplinaire dédié à la vulgarisation scientifique, revient les 8 et 9 juin à Paris ● Si vous n’en avez pas eu assez, un colloque sur l’engagement des chercheurs est organisé par l’Union rationaliste le 22 juin ●

CHIFFRE

3 / 4

Environ trois quarts des étudiants étrangers ayant effectué un séjour en France durant leurs études (22% y étaient inscrits en doctorat) utilisent actuellement le français au quotidien, révèle une enquête de Campus France auprès de 10 000 alumni de 154 nationalités, dont un bon quart d’Afrique subsaharienne. Près de 9 sur 10 ont trouvé un emploi en moins d’un an, pour une moitié en France, pour l’autre dans leur pays d’origine.

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Moral en berne. Le pessimisme grandit parmi vos collègues climatologues. C’est du moins ce que révèle une enquête menée par The Guardian et reprise par le média français Reporterre. Trois quarts des interrogés, tous auteurs du GIEC, estiment que la hausse des températures atteindra 2,5°C et se disent « terrifiés, mais déterminés à continuer à se battre ».

→ Avis d’expert. Les scientifiques ont-ils le droit de s’engager ? Oui, répond la présidente du comité d’éthique du CNRS ↯, Christine Noiville – que nous interviewions la semaine dernière – dans les colonnes du Monde. Certains ne l’ont pas attendu pour passer à l’action – nous vous en parlions à l’automne 2022 – et le quotidien consacre un long papier à ces scientifiques qui désobéissent ↯.

→ Responsable mais pas coupable. Dans le même ordre d’idée mais sur une autre tonalité, l’association Sciences citoyennes signe une tribune dans Libération, appelant la communauté scientifique à se libérer des injonctions et à réorienter ses recherches pour montrer qu’« une autre science est possible ».

→ Foisonnant. Les scientifiques sont plus religieux qu’on pourrait l’imaginer. Deux chercheuses le révélaient dans une étude publiée il y a déjà huit ans – la France étant sans grande surprise en tête de l’athéisme. Mais les collègues restent tolérants et les chercheurs croyants arrivent à faire cohabiter les deux témoignent pour Nature.

→ Sentence arbitraire. Le physicien russe Anatoli Maslov a été condamné à 14 ans de prison pour trahison ; il a été officiellement accusé d’avoir fait fuiter des informations sur un programme d’armement. Mais sa simple participation à un programme de recherche européen pourrait en être la vraie raison. Âgé de 77 ans, il n’est pas le seul chercheur à avoir été arrêté ces dernières années, rapporte la correspondante à Moscou pour RFI.

→ Bagage oublié. Et pour terminer la revue de presse sur un ton bien plus léger, voici l’histoire de la toute nouvelle docteure en biologie Alexia Nguyen Trung qui, dans l’après-coup de la soutenance de thèse, a oublié dans le train son ordinateur et son disque dur de sauvegarde contenant ses six années de recherche. Elle pose avec ses biens retrouvés grâce aux réseaux sociaux dans les colonnes de Ouest France.

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CARTE (PUBLI)POSTALE

Et pour finir…

Vous ne pensiez pas que votre première publication finirait… sur un frigo.