20.09.2024 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE
Et les nominés sont…
Je m’voyais déjà. Les prix Nobel seront décernés dans quelques semaines, entre le 7 et le 14 octobre, si vous voulez le noter dans vos agendas (mais nous vous en reparlerons).
En haut de l’affiche. Certains d’entre vous les suivent avec attention, d’autres les snobent – il faut dire que toutes les disciplines ne sont pas représentées. D’autres encore préfèrent les Ig Nobel (voir notre “Et pour finir”).
Sous mon maquillage. Mais nous avons récemment découvert un autre événement qui leur est lié : les rencontres Lindau-Nobel, qui ont lieu tous les ans depuis 1951. En aviez-vous déjà entendu parler ?
Au bras d’une star. Imaginez-vous en tant que doctorant·e, aller à la rencontre de plusieurs dizaines de prix Nobel pour une semaine. Six jeunes français l’ont expérimenté en juillet dernier ; nous avons recueilli leurs impressions à chaud… c’est à lire dans notre analyse de la semaine !
Bonne lecture,
— Lucile de TheMetaNews
Sommaire
→ ANALYSE Elles et ils ont rencontré des Nobel
→ OUTIL Lire un article scientifique (pour les nuls)
→ CHIFFRE Des références interdisciplinaires
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Project pigeon
TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES |
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ANALYSE
Ils et elles ont rencontré des Nobel
Six jeunes Français chanceux ont passé une semaine auprès de prix Nobel. Un séjour à Lindau qu’ils ne sont pas prêts d’oublier.
↳ Lorsqu’on aperçoit des images de la ville de Lindau, bordée par les eaux du lac de Constance, avec son centre-ville historique, ses toits orangés, la forêt environnante et les Alpes suisses à l’horizon, on ne peut s’empêcher de l’imaginer encapsulée dans une boule à neige. En la secouant, vous ne verriez pas voler de faux flocons mais de vrais prix Nobel (…)
OUTIL
Lire un article scientifique, pour les nuls
Ordres et désordre. Comment lire un article scientifique ? Spoiler : pas dans l’ordre dans lequel il est écrit ! Patrick Savage, chercheur néo-zélandais, a rédigé un guide, déposé en preprint sur PsyArXiv, à destination des jeunes doctorants et étudiants en master – on n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace, nous direz-vous. On vous conseille de vite sauter à la figure 3 qui montre son ordre optimal de lecture : titre, puis abstract, puis figures… et ça marche aussi pour l’écriture.
EXPRESS
Pendant ce temps dans les labos
● En mode furtif. Des articles publiés, corrigés… mais sans mention des modifications apportées, le chercheur Rene Aquarius et ses collègues (dont Guillaume Cabanac) en ont trouvé plus d’une centaine dans la littérature scientifique – et la liste est non exhaustive. Ils en font part dans un preprint déposé sur arxiv : il s’agit d’une menace pour l’intégrité scientifique, clament les auteurs, qui recommandent de tenir à jour une sorte de journal de bord de chaque publication de manière transparente et uniformisée chez tous les éditeurs. Retraction Watch recueille différents avis sur la question.
● Rien ne sert d’écrire. La production de connaissance ne se résume pas à publier, conclut une étude déposée sur arxiv. Mais comment quantifier la connaissance produite ? Les auteurs chinois la conceptualisent comme l’apparition de certitudes au sein d’un réseau de papiers. Résultat : alors que le nombre de publis augmente exponentiellement, la connaissance n’augmente que linéairement.
● Pirates. L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information publie un rapport sur les menaces et incidents pour les organismes de recherche (et les think tank), distinguant plusieurs types d’attaques (espionnage, déstabilisation géopolitiques ou lucratives) auxquels les établissements peuvent ou ont déjà fait face et donne quelques recommandations dont sensibiliser le personnel (donc vous) et une attention particulière aux systèmes de messagerie. La situation à Paris-Saclay ne semble quant à elle pas avoir beaucoup évolué depuis deux semaines (relire notre analyse).
● Influence. La commission nationale Déontologie et Alertes en santé publique et environnement (cnDAspe) publie un avis relatif à l’indépendance de la recherche et de l’expertise publiques dans les domaines de la santé et de l’environnement. Celui-ci contient des recommandations à destination des établissements, dont par exemple sensibiliser les chercheurs aux biais que peuvent induire des financements privés ou étudier leurs impacts. « Maintenir une recherche portée par des financements publics exclusifs ou largement prédominants demeure essentiel en matière de santé et d’environnement », rappelle l’avis. Vous souhaitez en savoir plus ? Dites-le nous.
● Mais aussi… Si vous écrivez des papiers, vous devez aussi en reviewer, rappelle un édito de l’American Meteorology Society ● Les Assises nationales des données de la recherche auront lieu à Marseille les 26 et 27 novembre prochains ● Les journalistes scientifiques semblent bien au fait des débats autour de l’intégrité scientifique, de la science ouverte ou de l’usage des indicateurs bibliométriques dans la recherche, selon une étude déposée sur bioRxiv, mais moins armés pour déjouer les revues prédatrices, selon cette autre étude par les mêmes auteurs ●
CHIFFRE
1/6
Les biologistes citent de plus en plus leurs collègues sociologues, révèle une étude publiée dans JASIST. Environ un sixième (de 15 à 19%) des publications étudiées en sciences de la vie font référence à des articles en sciences sociales. Une interdisciplinarité très positive, argumentent-ils sur le blog Impact of social sciences.
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Englués. La recherche française sur les embryons humains marche au ralenti, témoignent des chercheuses du domaine. La raison ? Des recours juridiques menés par la Fondation Jérôme Lejeune, pourtant presque à chaque fois déboutée. Le Monde a mené l’enquête ↯.
→ Peace and love. De l’entre-deux-guerres à la guerre en Ukraine, les chercheurs ne sont pas restés indifférents aux conflits géopolitiques. Deux historiens des sciences retracent les prises de position des physiciens à travers celles de l’Union internationale de physique pure et appliquée (dont on apprend l’existence, peut-être comme vous), dans un essai pour Nature.
→ Au féminin. Seules trois sages-femmes sont aussi professeures des universités en France et Anne Chantry en fait partie. Le Monde dressait son portrait ↯ fin août, mardi 17 septembre la chercheuse était l’invitée du 13-14 sur France Inter. L’occasion bien sûr de parler de genre.
→ Parodie. D’abord faire rire, puis réfléchir, c’est le slogan des Ig Nobel dont la 34ème édition a eu lieu à Boston. Sur scène, un homme déguisé en vache avec sur son dos un chat, répétant une expérience de 1940. Science a couvert l’événement et explique la sélection des dix travaux les plus loufoques.
→ Chef étoilé. Personne n’est parfait, pas même les Nobel : le généticien Gregg Semenza, Nobel 2019 de physiologie, en est à sa 13ème rétractation. À l’origine ? Des duplications d’image, notamment des fameux western blots, explique Retraction Watch.
→ Boule de cristal. Astrologie, magnétisme… des pratiques considérées comme contraire à la science et pourtant, elles sont l’objet de travaux de recherche en sciences sociales ↯, relate Le Monde. De là à dire que “l’invisible” existe…
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