27.09.2024 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE
Crever l’écran
Missions. Faire de la belle science, c’est génial. La communiquer au grand public, c’est encore mieux. Vous serez certainement d’accord, mais trouver le temps n’est pas forcément évident.
Transfiguration. Ne vous en faites pas, journalistes scientifiques et professionnels de l’audiovisuel sont là pour ça ! Avec leur œil acéré et une patte experte, ils peuvent transformer une publi un peu austère en récit haletant (j’exagère à peine).
Speed dating. Encore faut-il connaître ces fabuleuses personnes… Et si vous veniez au festival du documentaire scientifique Pariscience pour les rencontrer ? Il aura lieu du 24 au 28 octobre à Paris et TheMetaNews en est partenaire pour la quatrième année.
Avant-première. D’ici là vous pouvez lire dès cette semaine l’interview de la présidente de ce festival, Aline Houdy. Cette productrice de documentaire scientifique nous parle de la place de la science dans l’audiovisuel.
Bonne lecture,
— Lucile de TheMetaNews
PS. J’animerai la projection du film sur les aventuriers de l’ARN messager, les prix Nobel de médecine Katalin Karikó et Drew Weissman, qui aura lieu vendredi 25 octobre au Museum national d’histoire naturelle. En espérant vous y voir !
Sommaire
→ INTERVIEW Aline Houdy parle de documentaires scientifiques
→ OUTIL Protégez-vous des bâillons
→ CHIFFRE Des faux papiers
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Délit de faciès
TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES |
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INTERVIEW
« Les chercheurs ont très envie de communiquer »
Productrice de documentaires scientifiques, Aline Houdy est présidente de l’AST/Pariscience. Le festival célèbre fin octobre ses vingt ans et se projette dans l’avenir de façon positive.
La science occupe-t-elle la place qu’elle mérite dans l’audiovisuel français ?
↳ Nous avons pu ainsi observer une grande évolution depuis vingt ans, avec aujourd’hui de belles cases dans les grilles de programmation de documentaires scientifiques (…)
OUTIL
Protégez-vous des bâillons
Méchants trolls. Vous êtes intimidé·es, voire harcelé·es en communiquant sur vos recherches ? Certain·es ont bien connu cette situation sur les réseaux sociaux durant la Covid, d’autres sont bâillonné·es par des plaintes… Des chercheurs étasuniens ont donc lancé le Researcher Support Consortium pour venir en aide à leurs collègues, avec des ressources pour les institutions et les chercheurs. Nature en parle également.
EXPRESS
Pendant ce temps dans les labos
● Inertie. « Il faut que tout change pour que rien ne change ». Cette citation du Guépard s’applique aussi à la science ouverte, si l’on en croit Nicholas Brown (Nick pour les intimes), chercheur en psychologie. Dans cet article publié par PLOS Biology, il observe que, si des progrès ont été réalisés en termes de sensibilisation et d’outils pour les chercheurs, il n’y aurait que peu de changement côté éditeurs. Open science Pasteur en parle.
● Prospective. Un recueil de propositions est publié suite au workshop sur l’encadrement doctoral qui s’est tenu à Strasbourg en novembre 2023. Celui-ci regroupait une quinzaine d’ateliers sur l’intégrité scientifique, la santé mentale des doctorant·es, leurs attentes ou leur encadrement. En ressort un fort besoin de formation à destination des encadrants et doctorants, mais aussi des recommandations plus précises : dédramatiser le changement de direction ou inciter les chercheur·es à s’interroger sur les impacts environnementaux et sociétaux de leurs projets.
● Mais aussi… Les principales organisations syndicales de l’enseignement supérieur et de la recherche appellent à la mobilisation mardi 1er octobre pour les salaires, les services publics et l’abrogation de la loi retraites ● Le jeune climatologue Alban Planchat entame les derniers jours de son périple en semi-autonomie entre Ljubljana et Nice pour sensibiliser sur les enjeux climatiques (et au passage récolter quelques données) ● Une journée pour réfléchir aux questions de genre « au delà du plafond de verre » est organisée par l’Association française de sociologie le 17 octobre à Nanterre ●
CHIFFRE
1/7
Une publication sur sept contiendrait des résultats fabriqués ou falsifiés, selon un preprint déposé par le chercheur en psychologie James Heathers. Une proportion bien plus élevée que l’estimation précédente des 2% de chercheurs admettant avoir triché au moins une fois dans leur vie. Cette méta analyse s’appuie non sur des sondages mais sur la détection de manipulation et regroupe douze études totalisant près de 75 000 publications. Pour l’auteur, qui admet les limites de son travail, cette part de publications problématiques représente « une menace existentielle pour l’entreprise scientifique ». Dans les colonnes Retraction Watch, d’autres chercheurs sont plus nuancés.
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Eurêka. Une IA peut-elle générer de nouvelles pistes de recherche ? Leurs propositions sont jugées plus novatrices et originales que celles formulées par de vrais chercheurs, révèle un preprint. Nature donne les coulisses de l’étude réalisée dans la communauté du traitement automatique des langues.
→ pAIrs. IA toujours mais cette fois pour le peer review : ChatGPT semble capable d’écrire des rapports d’évaluation similaires à ceux des reviewers humains, montrent deux récentes études. Un sondage révèle que les chercheurs les trouvent même utiles, avec de potentiels gains de temps, rapporte Nature.
→ Le parrain. Le rapport d’expertise vient de tomber : le président de l’université de Salamanque Juan Corchado avait construit une véritable « fabrique de publications et citations ». Organisant conférences et numéros spéciaux, il a ainsi pu multiplier par dix le nombre de ses citations. Avec la complicité de l’éditeur et de la bibliothèque de l’université, rapporte le quotidien espagnol El Pais (en anglais).
→ Sanctions. Avez-vous déjà vu un de vos papiers rétractés ? L’Australien Nham Tran propose que les agences de financement posent la question pour éviter de financer les fraudeurs. À l’origine de la moitié des rétractations, les fraudes puisent leur source dans la culture du “publish or perish” dictée par l’évaluation des chercheurs, rappelle le chercheur dans The Conversation.
→ Loin des yeux. Nous abordons régulièrement la place des femmes dans la recherche, comment ne pas mentionner le véritable apartheid de genre en train de se mettre en place en Afghanistan ? Nature dénonce dans un édito l’absence de réaction de la communauté internationale. France24 en parlait également.
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