Futurs travailleurs du clic ?

Sommaire

→  INTERVIEW  Cléo Collomb vous projette dans Le Problème à trois corps
→  OUTIL  Les visualisations du net à portée de clic
→  CHIFFRE  Des preprints rétractés
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Un jour, une énigme

INTERVIEW

« Et si les chercheurs n’étaient plus que des travailleurs du clic ? »

Et si la recherche n’avançait plus, voire reculait ? Quelles pourraient en être les causes ? C’est en lisant Le Problème à trois corps que la maîtresse de conférence à Paris-Saclay Cléo Collomb a trouvé l’inspiration.

La science est-elle en danger ? Si oui qui (ou quoi) la menace ?

     ↳ La science est évidemment plus ou moins en danger selon qui nous gouverne. Mais notre projet SPREADS s’intéresse non pas aux menaces en provenance du monde politique mais à celles venant de l’utilisation de grands instruments ou de l’intelligence artificielle (IA) : à quels risques ces outils exposent-ils la production scientifique ? Lors de notre enquête de terrain (…)

OUTIL

Les visualisations du net à portée de clic

Récup’ bien placée. Vous avez repéré une superbe visualisation interactive sur une page internet que vous aimeriez bien réutiliser ? Buena Vista Data Club explique sa technique secrète pour récupérer celles qui sont au format SVG (rubrique “Le coin do it yourself” vers le milieu de la newsletter), via le cache d’un site. Et pour nos ami·es adeptes du logiciel libre, utilisez Inkscape (plutôt que Figma) pour éditer les fichiers SVG récupérés.

EXPRESS

Pendant ce temps dans les labos

● Alliance inattendue. Comment nettoyer la littérature scientifique des publications frauduleuses, générées par IA, truffées de données manipulées ou vendues par des entreprises – les fameux paper mills ? Des chercheurs de toutes disciplines ont décidé de s’associer au monde de l’édition scientifique lors d’un colloque qui s’est tenu cette semaine à Paris (voir notre édito). Intitulée Forensic Scientometrics, la journée était organisée par l’enseignant-chercheur en informatique Guillaume Cabanac, lui-même lauréat d’une chaire à l’Institut universitaire de France (IUF) sur la décontamination de la littérature scientifique, et Digital Science, entreprise commercialisant notamment la base de données Dimensions ou l’outil d’édition Overleaf. Une déclaration devrait bientôt paraître.

● Odyssée de l’open. Cocorico, votre bien aimée HAL arrive en tête des plateformes de dépôt exemplaires et efficaces, selon un rapport publié à la demande de l’European Research Council (p. 22 pour les curieux·ses). Science ouverte toujours, le deuxième Sommet mondial sur l’Accès Ouvert Diamant se tenait cette semaine en Afrique du Sud. Ni notre bourse ni notre conscience écologique ne nous auraient permis d’y aller mais si vous y avez assisté, écrivez-nous !

 ● Mais aussi…   Suite à l’implication de chercheurs dans la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris (Science en parle), un nouveau groupement de recherche (GDR) interdisciplinaire verra le jour en janvier 2025, nous apprend le CNRS ● Vos recherches portent sur la transition écologique ? Candidatez au prix Luciole de l’Institut de France avant le 15 février, avec 100 000 euros à la clé ● Si vous prévoyez de fêter Noël au labo, jetez un œil au guide de l’Ademe pour l’organiser de manière plus écolo (on entend déjà les critiques : ce ne sont que des petits gestes certes, mais ne faut-il pas donner l’exemple ?)

CHIFFRE

14 000

Si les rétractations d’articles publiés dans des revues prestigieuses font grand bruit, certains preprints disparaissent silencieusement. Pour plus de transparence, la liste WithdrarXiv répertorie les 14 000 retirés de la plateforme arXiv, comme le présente ce preprint déposé sur la même plateforme qui accueille au total plus de deux millions de manuscrits. Les auteurs, dont un membre d’arXiv, en spécifient les raisons : 40% des preprints ont été rétractés pour erreurs critiques (méthodologiques ou factuelles).

ÇA VOUS A FAIT RÉAGIR

Vous avez été plusieurs à réagir à notre outil de la semaine dernière, le “kit de démarrage pour la thèse”, merci ! Le caractère commercial de la plupart des logiciels présentés a été pointé, nous reviendrons avec des alternatives “open” très bientôt. On commence d’ailleurs avec une qui vient tout droit de l’ESR.

« Je promeus régulièrement les outils de la plateforme HumaNum, et notamment _Stylo_, que je trouve épatant [nous vous en parlions à sa sortie en 2020, NDLR]. Pour une fois que les SHS sont bien servies, nous aurions tort de nous priver ! Comme toujours, un grand MERCI à toute l’équipe ; grâce à vous aujourd’hui je découvre Overleaf et, plus généralement, mon écosystème professionnel. »

Sandra Fontanaud | Docteur en sociologie et ingénieure d’études en production et analyse de données à l’Université de Picardie

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Mon précieux. Les géants de l’édition scientifique vendent leurs données (et donc un peu les vôtres) pour entraîner des modèles d’IA. Si l’accord à 10 millions de dollars entre Microsoft et Taylor & Francis a été rendu public, d’autres impliquant Wiley, Elsevier ou Springer Nature sont plus confidentiels ↯ mais les bibliothécaires veillent, peut-on lire dans les colonnes news de Nature.

→ Do Brazil. De l’autre côté de l’Atlantique, vos collègues d’Amérique latine se battent depuis longtemps contre les grands éditeurs en publiant dans leurs propres revues en open access. Science revient sur leur démarche, notamment la plateforme SciELO, qui mériterait de gagner en visibilité.

→ Allègre bis. Il y a du remous au sein de la Société de géographie : deux de ses membres ont démissionné en protestation contre le choix de Sylvie Brunel, professeure de géographie à l’université Paris-Sorbonne, comme lauréate du grand prix de la société savante. Spécialiste de l’Afrique, la chercheuse est critiquée pour ses propos climatosceptiques, rappelle Reporterre.

→ Rédemption. Vous vous demandez quel genre de recherches pourrait être encouragé par des politiques d’extrême droite ? Le champ de la “race science” par exemple, dont le britannique Richard Lynn est une figure. Après avoir publié une centaine de ses articles, Elsevier lance une investigation, rapporte The Guardian.

→ Anonymes. La prix Nobel de littérature Annie Ernaux vient de recevoir un doctorat d’honneur de l’Université de Rouen Normandie, rapporte Tendance Ouest. Des chercheurs moins connus font aussi parler d’eux : à l’Université de la Rochelle, la doctorante sourde Camille Ollier a soutenu sa thèse en langue des signes (Sud Ouest) et le physicien Gildas Diguet a ouvert une crêperie… au Japon ↯ (Le Télégramme).

→ Choc générationnel. Notre confrère David Larousserie était présent à No Future ? le 28 novembre dernier et signe pour Le Monde un article dans lequel il ne va pas par quatre chemins ↯ : dialogue de sourds, réponses technocratiques… Les décideurs de la recherche n’ont pas saisi les appels du pied des jeunes chercheurs, conclut-il.

↯ : liens menant à des articles protégés par un paywall

UN JOUR, UNE ÉNIGME

Et pour finir…

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