HAL, c’est avant tout l’ordinateur du vaisseau spatial dans 2001, Odyssée de l’espace. D’où vous est venu ce nom ?
Beaucoup de chercheurs en mathématiques et en physique étaient favorables au projet car ils connaissaient arXiv. Mais certains le soupçonnaient de devenir un « Big Brother » de la recherche : « Ton projet est pire que HAL de l’Odyssée de l’espace », me disaient-ils ! Par jeu, j’ai voulu garder l’acronyme et Daniel Charnay a inventé le nom complet : hyper-articles en ligne. Cela m’a pris du temps pour convaincre de l’intérêt de développer des archives ouvertes. Dès 1998, j’ai commencé un travail « d’évangélisation » auprès des organismes, universités, ENS, CNRS.
ArXiv existait depuis 1991. Vouliez-vous créer son équivalent français ?
L’inventeur du concept est en effet arXiv : son créateur, Paul Ginsparg est notre héros ! Mais la France se devait d’être le premier pays, après les Etats-Unis, à développer des archives ouvertes. Le but était aussi d’élargir à toutes les disciplines. Et quelle meilleure base que le CNRS pour faire cela ? Je leur ai donc demandé deux postes d’ingénieur et des locaux. Le CCSD a été créé en 2001 puis l’INRIA a rejoint le projet. Marco Picco (encore un physicien !) et moi-même avons ensuite collaboré avec arXiv, tout en veillant à la symétrie des échanges : envoi automatique des preprints collectés par HAL vers ArXiv et hébergement d’un de leurs miroirs dans nos locaux.
Aujourd’hui le CNRS veut rendre obligatoire le dépôt des publications sur HAL. Qu’en pensez-vous ?
Je ne peux que me réjouir de tout ce qui permet de mieux alimenter HAL ! Il faut cependant veiller à ce qu’il ne soit pas perçu comme un outil contraignant par les chercheurs et reste une aide. Vous savez, gérer des archives ouvertes, ce n’est pas qu’un problème technique, contrairement à ce que beaucoup croient. C’est avant tout une tâche très similaire à celle d’un éditeur d’une revue : définition des domaines scientifiques et classification, ainsi bien sûr que les critères d’acceptation, même si ceux-ci sont moins stricts que pour une revue.