Suivez-vous habituellement la remise des prix Nobel ?
Non, ce sont plutôt pour moi des discussions de café. L’attribution des prix permet d’ouvrir de nouvelles discussions, de satisfaire notre curiosité scientifique. Mais ce système de « starification » de la science est une ineptie. Derrière chaque prix Nobel, il y a énormément de polémique, de jaloux, d’aigreur… et surtout un véritable travail d’équipe !
Qu’en est-il du prix de physiologie/médecine de cette année ?
Le prix récompense trois performances et un travail exceptionnel. Mais d’autres ont été oubliés. Je pense par exemple à Ralf Bartenschlager [prix Lasker en 2016, NDLR] qui a développé la recherche sur les traitements. Et, bien sûr, aux découvreurs des médicaments efficaces actuels. En effet, l’hépatite C a été la première maladie virale à pouvoir être éradiquée grâce à un traitement. C’était une révolution incroyable.
Qu’ont apporté ces découvertes à la virologie actuelle ?
On pense bien sûr aux recherches d’un traitement pour la Covid et ces résultats sont importants pour ça. Ce sont des défis en échelle : la difficulté supplémentaire majeure – en plus de la mutation rapide du virus – est maintenant que la fenêtre de traitement est seulement de quinze jours et qu’il faudra donc une molécule très efficace.
A quand le prix Nobel pour une solution à la Covid ?
Sans faire de pronostics, il est sûr que ce sera une grosse découverte et qu’elle sera récompensée. Il sera cependant plus difficile de l’attribuer à une seule personne étant donné le caractère collaboratif des recherches actuelles. Si, auparavant, une découverte pouvait se faire « par hasard » en cherchant dans son coin, ce n’est plus le cas.