[TMN#12] Jeune, Qui Es-Tu, Que Veux-Tu ?


C’est la fin de semaine et [TMN#12] vous apporte des infos par demi-douzaine. (🍾🍾 pour la rime)

Hasard de l’actualitĂ©, la semaine a Ă©tĂ© chargĂ©e en infos sur la gĂ©nĂ©ration montante. Alors cette news lui est un peu dĂ©diĂ©e.
Et vous, connaissez-vous le jeune ?

Laurent de TheMetaNews


80 bougies et 36 chandelles
Ce n’est pas une mais deux tribunes qu’a publiĂ© Le Monde coup sur coup le 18 juin dernier Ă  propos du CNRS. La première sur le cas particulier du chercheur Akim Oualhaci, la seconde sur le devenir mĂŞme de l’institution, dont la situation est analysĂ©e crĂ»ment par un collectif de 177 laurĂ©ates et laurĂ©ats du Conseil europĂ©en de la recherche, à peu près dans les mĂŞmes termes que fin 2018 sur le mode « Le CNRS fĂŞtera-t-il ses 100 ans ? » En substance : l’institution n’aurait pas les moyens de ses ambitions.
PĂ©nurie de postes, prĂ©caritĂ© des jeunes… Qu’ils soient « stars » ou « normaux », pour reprendre les termes d’Antoine Petit, son prĂ©sident, nombre de chercheurs s’inquiètent aujourd’hui. Rappelons que les groupes de travail de la loi de programmation de la recherche doivent rendre leurs conclusions fin juillet. Il est encore temps de peser sur les dĂ©bats car, une fois le texte sorti des cartons ministĂ©riels, il est gĂ©nĂ©ralement trop tard.


6,6
mois


Les docteurs en sciences du vivant sont ceux qui passent le plus de temps au chômage, d’après l’étude IPDoc. Soit un mois de plus que la moyenne des docteurs. Et, parmi les sciences de la vie, le record appartient aux docteurs en sciences agronomiques et écologiques avec 8,6 mois au chômage.


« La majorité se sent esclave du système »

Les doctorants et jeunes chercheurs sont au centre de toutes les attentions. La chercheuse Chérifa Boukacem-Zeghmouri les connaît bien pour les avoir étudiés au sein de l’étude Harbingers, voici son analyse.

TMN. La génération montante voit-elle les choses différemment de ses aînés ?
CB. Ils ont envie que ça bouge. Ils ont souvent une vision très diffĂ©rente de celle leurs pairs, notamment sur la question de la publication, y compris sur la question du facteur d’impact. Ils trouvent qu’on publie trop et trop vite pour rĂ©pondre Ă  des politiques d’évaluation ou rechercher des financements. Ils n’adhèrent pas Ă  cette approche quantitative, qui met la qualitĂ© en difficultĂ©. De manière gĂ©nĂ©rale, ils ne sont pas forcĂ©ment dans la “slow science” mais prĂ´nent un système plus consolidĂ© qui assure la reproductibilitĂ© qui leur permette d’être plus satisfaits des rĂ©sultats qu’ils produisent et publient..

TMN. Pour autant, font-ils évoluer le système ?
CB. Les choses bougent très lentement, Ă©videmment parce qu’ils ne sont pas dĂ©cisionnaires voire prisonniers du système d’évaluation. Ceux qui sont en poste disent qu’ils vont faire bouger les lignes mais sans grande conviction. L’Open Access est le credo d’une minoritĂ© agissante… qui parfois doit revoir ses pratiques d’ouverture, pour prĂ©server ses chances de dĂ©crocher un poste ou un contrat. Dans le panel français, un militant OA a dĂ» mettre ses pratiques “open” de cĂ´tĂ© pour obtenir un poste ; il faut d’abord capitaliser avant de partager et d’ouvrir. Cette personne a clairement Ă©tĂ© prudente par rapport Ă  la rĂ©alitĂ© des processus de recrutement. Encore aujourd’hui, ce qui compte est de publier dans des revues indexĂ©es, reconnues par les communautĂ©s de recherche et les critères des politiques d’Ă©valuation..

TMN. Rien ne différencie donc les jeunes du reste des chercheurs ?
CB. Cette gĂ©nĂ©ration a grandi avec le numĂ©rique et les rĂ©seaux sociaux. L’Ă©tude a clairement montrĂ© un dĂ©tachement de cette gĂ©nĂ©ration vis-Ă -vis des institutions acadĂ©miques ou des revues en tant que marques, alors qu’elle est très concernĂ©e par ce qu’elle estime ĂŞtre sa communautĂ© de recherche.  La jeune gĂ©nĂ©ration a un cĂ´tĂ© “freelance”, “dĂ©brouille”, une autonomie plus importante, qui s’explique notamment par sa grande mobilitĂ© internationale. Cette stratĂ©gie utilitariste est liĂ©e Ă  la prĂ©caritĂ© actuelle du statut des jeunes chercheurs, qui crĂ©Ă©e un dĂ©tachement que certains appelleraient du cynisme. A tel point qu’à la question – qu’il nous coĂ»tait de poser lors des entretiens –, « Diriez-vous que vous vous considĂ©rez comme un esclave du système? », Les rĂ©ponses recueillies sur l’ensemble des pays de l’Ă©tude ont Ă©tĂ© majoritairement « oui ». 
L’étude Harbingers a toujours besoin de vous. Prenez quelques minutes (SVP, hein) pour répondre à ce questionnaire. Réponses et analyses détaillées à la rentrée !


MĂ©tro, labo, dodo

Puisque cette [TMN#12] est une spéciale Jeunes, allons-y franchement : une étude menée par les Young Academics of Europe (YAE) et relayée par Nature montre que les horaires de travail de cette population sont copieux. Ils sont en effet 95% à travailler plus de 40h par semaine. Bon, l’échantillon est très faible (104 répondants).


Les appels ne manquent pas 

Source : CPU / ITMO neuro / Leem


ET POUR FINIR

On voulait quelque chose de beau ou d’intĂ©ressant pour clĂ´re cette semaine, on a fini par trouver les deux Ă  la fois avec cette incroyable sĂ©rie de scans cĂ©rĂ©braux dorĂ©s à l’or fin, dont voici un exemple ici-bas. Ces Ĺ“uvres ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es par deux scientifiques amĂ©ricains, l’un spĂ©cialisĂ© en neuro, l’autre en physique.