L’analyse d’un secteur toujours fécond par Jacques Lewiner, spécialiste de l’innovation. A l’avant-garde depuis toujours la microfluidique a déjà vingt ans, d’où vient-elle ? La microfluidique est effectivement née il y a une bonne vingtaine d’années sous l’impulsion de quelques pionniers aux USA. La France a très vite été bien placée grâce à des chercheurs comme Pierre-Gilles de Gennes et de son intérêt pour la matière molle [en voici une définition, NDLR]. Compte tenu des très petites quantités de fluides manipulées, il fallait adapter les lois bien établies de la mécanique des fluides. C’est aux USA il y a plus de dix ans qu’ont été lancées les premières start-up, à Harvard, Stanford ou Princeton, une époque où il y avait encore de nombreux obstacles sur la route des chercheurs entrepreneurs en France. Pourquoi cet engouement ? Très vite, on a compris que cette capacité à déplacer de petites particules ouvrait la voie à de nombreuses applications. On peut créer une gouttelette dans un fluide porteur et y inclure ce qu’on veut (un virus, du parfum, de la peinture, etc.). Pour la recherche sur les médicaments, on utilise des robots qui testent de nouvelles molécules à raison de quelques échantillons par seconde. Si on utilise des gouttelettes entraînées dans un petit canal, on peut traiter des milliers d’échantillons par seconde ! Le gain en temps ou en quantité de matière est énorme… et les coûts sont diminués. Quel avenir lui prédisez-vous ? La microfluidique va à coup sûr se développer. Le basculement a commencé à se faire avec des ”big pharma“ qui regardaient cela de loin jusqu’à présent mais investissent maintenant le secteur. Des start-up se sont développées, par exemple Fluidigm, Capsum, Fluigent et bien d’autres. Une nouvelle technologie met toujours un peu de temps à s’imposer mais une innovation qui apporte des avantages objectifs est vouée à réussir, surtout si son impact environnemental est positif ce qui est le cas avec la microfluidique. |
Hélène Gispert : « L’absence des femmes aux Nobel n’est que la partie émergée de l’iceberg »
Les femmes sont encore une fois les grandes perdantes de cette série de Nobel 2024. Faut-il s'en indigner ? En effet, si l’on regarde les cinq dernières années, sur les trois prix de médecine, physique et chimie, 29 hommes et seulement six femmes ont été récompensés....