Déconfinés mais comment ?




22 avril 2020 /// L’actu de la profession


La somme
de toutes les peurs
La France a maintenant une date en tête : celle du 11 mai, avec un déconfinement progressif annoncé par Emmanuel Macron.
Rien ne sera pourtant résolu dans trois semaines : le virus circule encore, les services de réa crient grâce et le risque d’une deuxième vague est tout sauf hypothétique.
Pour les labos, le timing est tout aussi délicat. Balayons ensemble cette semaine les questions en suspens… et le peu de réponses que nous avons.
Keep calm & science hard,
Laurent de TheMetaNews

PS. On s’est fait — gentiment — taper sur les doigts par notre lectrice Renata Santos pour avoir écrit que Jonas Salk avait choisi de ne pas breveter « son » vaccin contre la polio. Il n’avait en réalité pas le choix, ses recherches ayant été financées par une association caritative.


Si vous n’avez que 30 secondes



A partir d’ici 6′ de lecture incompressible



La lumière (du labo) au bout du tunnel


Le retour au labo peut s’envisager à partir du 11 mai… mais dans quelles conditions ? On fait le point.




Il est encore trop tôt pour parler de plan de reprise d’activité dans la recherche. Sauf évidemment pour ceux qui n’ont pas quitté les locaux pour assurer la maintenance du matériel, voire la survie des animaux ou tout simplement pour combattre le Covid-19.
Le sujet est maintenant sur la table. Jeudi dernier, suite aux annonces présidentielles du 13 avril, la Conférence des présidents d’université (CPU) a tenu sa première réunion sur le sujet, qui a été également au menu du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) le 21 avril. Le président de la CPU, Gilles Roussel dit vouloir s’appuyer sur l’expérience des labos qui n’ont pas fermé leurs portes.
Une chose est sûre. Si les facultés sont fermées pour les cours en présentiel jusqu’à la rentrée de septembre, les laboratoires de recherche pourront rouvrir à compter du 11 mai. Reste à déterminer le calendrier de ce retour aux affaires scientifiques. Faute de directives centralisées claires — qui ont fort peu de chances d’être édictées par le ministère de la Recherche —, il sera laissé à l’appréciation des instituts et universités.
Au moins 15 jours de battement. A l’Inrae, notamment, le télétravail sera privilégié a minima jusqu’au 25 mai, soit la date de réouverture des écoles pour toutes les classes d’âge ; les directives seront égrenées dans les prochains jours par vos tutelles. Pour la CFDT, il est donc vraisemblable qu’il n’y ait « pas de reprise de tous les agents à temps plein dès le 11 mai au matin ». Une position confirmée par la CPU dont le président prévoit au moins une quinzaine de jours « tampon » avant une reprise totale.
Des questions en pagaille. Les congrès aux quatre coins du monde survivront-ils au Covid-19 ? Quelle gestion des masques au sein des labos ? Comment respecter la distanciation sociale en bureau partagé ? Faut-il reprendre dès que possible les expérimentations animales ou les terrains en sciences sociales ? Les prochaines semaines seront cruciales.


Les soutenances passent à la télé

Les premières soutenances à distance par visioconférence ont lieu pratiquement au moment où nous écrivons ces lignes, notammant à PSL, à Paris Saclay ou à l’Université de Paris. Nous vous tiendrons informés dans un prochain numéro [InsideLab] ; un décret bordant les derniers flous juridiques — et accompagné d’une notice vu la complexité du sujet —, est en cours de finalisation, ainsi qu’un texte sur le prolongement des contrats doctoraux. Texte qui concernera également les comités de sélection et les HDR. Tout cela ne dit pas comment organiser un pot de thèse décent, même si des cérémonies virtuelles de remise des diplômes sont déjà possibles aux Etats-Unis. Bienvenue dans le monde d’après.


Un chiffre qui en dit long
187 800
C’est le nombre de chercheurs dans le privé en 2018. Point positif, ces effectifs sont encore en augmentation sensible : + 4 % en 2018, donc, contre 5,9 % l’année précédente (si vous voulez la source).


Des infos qu’il vous faut /////////// Le Covid-19 n’y aura rien fait, la chercheuse Fariba Adelkhah devait être jugée le 19 avril dernier, les sociétés savantes de France ont alerté le ministre des Affaires étrangères /////////// Le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) s’adapte au Covid et réaménage l’évaluation de la vague B (Cirad, Ifremer, Inrae…) sur deux ans  /////////// Inquiet pour la sécurité de votre intimité si l’application de tracing StopCovid est mise en place ? Vous ne devriez pas, selon le PDG d’Inria, Bruno Sportisse, qui détaille les gardes-fous mis en place dans une tribune. Quand on voit ce que Google et Facebook savent de nous… /////////// La Cour des comptes, apparemment toujours en forme, étrille la gestion et la direction de la Fondation Maison des sciences de l’homme, présidée par Michel Wieviorka /////////// Vous êtes enseignant ? Prenez un moment pour répondre à cette enquête de l’université de Marseille sur le supérieur, c’est pour la bonne cause ! ///////////


On passe au carnet mondain //////// Une fois n’est pas coutume, intéressons-nous au Japon dont l’institut national de recherche (Riken) vient de nommer son directeur aux affaires internationales en la personne de Yuko Harayama //////// Après Jacques Blamont la semaine dernière, l‘espace perd à nouveau un de ses habitants, en la personne de Jean-Marie Luton (Cnes, ESA) /////// 


Le plan S tente la transformation


En plein Covid, le plan S refait parler de lui. Cette stratégie européenne, portée par cOAlitionS (oui, oui) visant à rendre open les publications scientifiques — en particulier celles issues de la recherche publique —, vient de publier les critères applicables aux revues en transformation, celles qui tentent le grand saut vers le libre accès. Part des publis en open, modèle économique, transparence de la tarification… cinq critères ont été édictés.
2024, odyssée de l’OA
Springer nature avait pris les devants dès le 08 avril en annonçant la « transformation » de la majorité de ses revues, y compris Nature et les Nature research journal mais sans s’avancer sur une date. Dont acte. En 2024 — ou avant — le taux de publis en open access devra avoir atteint 75% pour cocher toutes les cases du plan S, c’est également à cette date que cessera le soutien financier des membres de cOAlitionS pour ce faire. Une remarque pour finir : la pandémie de coronavirus n’en finit pas de démontrer les bienfaits de l’open access en matière de science.


Une (petite) semaine de JO //////// On commence par une prise de poste : Thomas Lebourg est officiellement intronisé en tant que professeur des universités à Nice (24e section) //////// On continue avec quelques démissions de Professeurs des universités — praticiens hospitaliers (PU-PH) au sein de diverses universités //////// Election à l’Académie des sciences ! Chez les matheux, une vingtaine de nouveaux impétrants se rendront sous les ors du quai Conti ////////


Des appels à projets



Et pour finir


Alors, oui ça parlera sûrement plus aux biologistes qu’au reste de l’humanité mais si vous avez une boîte de feutres à portée de main, tentez ces coloriages de cellules proposés par la revue Cell… avec ou sans votre éventuelle progéniture, on ne jugera pas. (via @Codename5281)