Annaïg Mahé & Vincent Larivière : « Les altmetrics ne sont pas assez fiables »

Spécialistes des publications et de la communication scientifique, les chercheurs Annaïg Mahé & Vincent Larivière partagent leurs visions des altmetrics.

— Le 10 juillet 2020

En quoi les altmetrics ont changé depuis dix ans ?

A. M. Après un pic d’activité entre 2010 et 2015, le soufflet des altmetrics est retombé. Maintenant, nous sommes dans une phase d’étude dans laquelle nous pouvons creuser le sujet et faire notamment la comparaison avec les mesures de citations.
V. L. Il y a aujourd’hui consensus pour dire que les articles tweetés le sont principalement par d’autres scientifiques – et non par le grand public comme auparavant. La crise actuelle du Covid-19 donne une plus grande importance aux échanges entre scientifiques sur Twitter. 

Quelle utilité pour les chercheurs ?

A. M. Ils peuvent être un outil de navigation et de veille. Grâce aux détails du score altmetric, on peut remonter aux mentions d’un article, et ainsi retrouver la communauté qui gravite autour d’un sujet, et se constituer une liste d’articles pertinents.
V. L. C’est un lieu unique pour avoir une vue globale de l’influence de ses propres publications. Je l’utilise pour voir l’ensemble des commentaires à mes articles. 

Peuvent-ils servir à l’évaluation des chercheurs ?

A. M. Je dirais qu’ils ne sont actuellement pas suffisamment fiables pour évaluer les chercheurs [voir notre encadré sur les limites, NDLR]. De plus, il existe de grandes inégalités dans l’usage des médias sociaux [en 2014, le Kardashian index montrait que les femmes restaient peu visibles sur les réseaux sociaux, NDLR].
V. L. Il y a deux ans, j’aurais répondu surtout pas ! Mais aujourd’hui, avec l’engagement grandissant des chercheurs sur les médias sociaux, je pense qu’il serait pertinent de valoriser les chercheurs qui contribuent à un débat sain sur ces plateformes. 

À lire aussi dans TheMetaNews

Élisabeth Bouchaud, la vie en deux actes

On accède au bureau d'Élisabeth Bouchaud, situé sous les toits d’un immeuble parisien, grâce à un de ces étroits escaliers en colimaçon. L’ambiance, ocre et rouge, y est méditerranéenne. Au rez-de-chaussée, la pièce du jour s'apprêtait à débuter ; l’ouvreuse appelle...