Être chercheur et confiné, ce n’est pas pareil en France ou à l’autre bout du monde. Pas du tout pareil non plus selon sa discipline. Tour d’horizon. Confinement marocain Au Maroc, les écoles sont fermées depuis le 16 mars alors qu’il n’y avait encore que peu de cas. Aurore Ducellier et son conjoint, enseignants détachés à l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), restent depuis confinés. Ces deux docteurs en littérature espagnole sont au Maroc depuis septembre dernier, mais ils continuent à candidater pour un poste en France et à faire de la recherche sur leur temps libre. Pour Aurore, l’accès à ses corpus est compliqué car la plupart sont en France. Elle attend donc la fin de la crise avec impatience pour « pouvoir déballer les derniers cartons d’archives » et finaliser ses articles en cours. Mais ça ne sera pas avant le 20 mai. Isolement nippon Au Japon, ni interdiction de sortie ni fermeture stricte. Mais depuis début avril, l’activité du Jamstek (équivalent nippon de l’Ifremer) est réduite. Pour Laurie Charrieau, postdoc en géoscience au Jamstek de Yokohama, travailler dans son studio est impossible. Elle se rend dans les quelques cafés qui restent ouverts. Rester seule au Japon pendant le confinement lui faisait peur : « Le boulot, c’est mon seul espace social », avoue Laurie. Mais elle est tout de même positive : « Ici on a moins la sensation d’enfermement, et la situation est moins dramatique qu’en France ». Elle pense que les frontières resteront fermées cet été car le Japon, qui compte moins de 400 morts, voudrait rester isolé au maximum. |
Les jeunes chercheurs s’expatrient Entre le nombre de postes qui se réduit et les conditions de travail difficiles, les jeunes chercheurs passent de plus en plus de temps en dehors de France. Une étude de 2017 sur la mobilité des docteurs révèle que la moitié d’entre eux travaillent toujours à l’étranger six ans après l’obtention de leur doctorat. Sur la période 2013-2016, une croissance de 19% du nombre de français qui réalisent leur thèse à l’international a été observée. En 2016, un doctorant français sur dix était expatrié. |
Responsabilité allemande En Allemagne, la gestion de la crise du Covid a été très différente de la France, et le confinement y est moins strict. Ahcène Boubekki, jeune chercheur en machine learning est content d’être à Hambourg plutôt qu’à Paris. Mais il devait partir le 1er avril en Norvège et il a dû démarrer son nouveau projet à distance avec l’université de Tromsø. « L’équipe a pu me donner les accès à leur serveur pour faire des calculs, donc j’arrive à travailler », raconte Ahcène. Le gros enjeu de ces prochains mois sera pour lui la soutenance de sa thèse, peut-être également à distance, crucial pour signer un contrat de postdoc en juillet. Amélioration aux Etats-Unis Les conditions de confinement ont été très variées aux Etats-Unis, qui est devenu l’épicentre mondial du Covid-19. Seattle, où vit Sabrine Hedouin, postdoc en génétique à l’institut Fred Hutchinson, a été un des premier foyers de Covid-19. En télétravail depuis début mars, cette expérimentatrice a du mal à travailler à la maison. « L’angoisse, c’est d’être loin, et de ne pas pouvoir rentrer s’il arrive quelque chose à mes proches ». Mais l’amélioration de la situation laisse espérer un déconfinement progressif début mai. |