01.06.2022 • LA RECHERCHE ET SA POLITIQUE
Restons objectifs
Relations épistolaires. On a eu un échange aimable (comme souvent) avec l’un de nos lecteurs attentifs il y a quelques jours. Rien d’extraordinaire à cela, c’est notre quotidien.
Impossible vérité. Ledit lecteur avait une remarque que je vous livre : nos analyses se teinteraient d’un certain parti-pris, critique du système actuel de la recherche : publish or perish, appels à projets et tutti quanti… Certains chercheurs en seraient de fait satisfaits.
Bonnes nouvelles. Cette remarque soulève l’éternelle intranquillité des médias : pointer les défaillances plutôt que de se féliciter des trains qui arrivent à l’heure, n’est-ce pas ? On veut bien votre avis.
Décollage dans 10, 9… En attendant que vous ne peaufiniez votre mail de réponse, voici une analyse consacrée au mouvement social qui agite le Cnes depuis des mois (et qui en dit long sur le système susdit).
A très vite,
— Laurent de TheMetaNews.
PS
Une réaction ? Nous la publierons. N’oubliez pas que les colonnes de nos courriers des lecteurs vous sont ouvertes. Il suffit de nous écrire et de nous livrer le fond de votre pensée. |
Sommaire
→ ANALYSE Décollage de courroux au Cnes
→ LA VIE DE L’ESR Le Journal officiel passé au crible
→ BRÈVES Le second effet Raoult et rififi à la section 36
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Avec l’armée des douze singes
TEMPS DE LECTURE : 7 MINUTES |
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ANALYSE
Bataille EPIC au Cnes
Quelles sont les raisons profondes du mouvement social « historique » au sein du fleuron français de l’aérospatiale ?
Ventre fécond. Ce ne devait être qu’une anecdote institutionnelle : il y a maintenant deux ans, en juillet 2020, le Centre national d’études spatiales a quitté le giron du ministère de la Recherche pour traverser la Seine direction Bercy. Ce changement de tutelle — puis de direction avec l’arrivée de Philippe Baptiste en 2021 — semble avoir créé le ferment de la crise que traverse le Cnes depuis les premières mobilisations d’avril 2022 très scrutées par les medias.
« Le monde du spatial est en train de quitter la main des États, appelons ça le NewSpace, mais faut-il pour autant oublier de porter des projets scientifiques ? »
Julien Anxionnat (CFDT)
EXPRESS
C’est la vie de l’ESR
→ Le journal officiel au pas de course. Si vous n’avez rien compris au repyramidage des postes dans l’ESR, cette circulaire pourra (éventuellement) y remédier, chiffres à l’appui, pour la requalification des ingénieurs et techniciens • Pour les jusqu’au-boutistes de la francisation des mots (ou les Québecois), voici le vocabulaire de l’informatique et quelques termes francisés de l’ESR (mais qu’est-ce que la subitisation ?) •
→ Ils changent leur carte de visite. Carole Vallet est renouvelée à son poste de déléguée régionale académique adjointe à la recherche et à l’innovation dans les Hauts-de-France pour trois ans • Guillaume Boitier est renouvelé en tant que délégué régional académique adjoint à la recherche et à l’innovation pour la Normandie • Bienvenue à la pléthorique nouvelle promo de l’Institut de France, à la fois junior et senior, pour les chaires de médiation (nouvelle mouture) et d’innovation scientifique • Olivier Ginez est nommé directeur du cabinet de la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche Sylvie Retailleau et décroche logiquement une délégation de signature (vous avez raté un épisode ?) • Matthieu Landon est renouvelé dans ses fonctions de conseiller technique industrie, recherche et innovation au cabinet de la première ministre ; également au cabinet d’Elisabeth Borne : François Weil, en tant que conseiller éducation, jeunesse, enseignement supérieur et sports • Mehdi Gmar, ex conseiller en charge de la recherche et de l’industrie au cabinet de Frédérique Vidal, prendra la direction générale de CNRS Innovation à compter du 1er juin •
EXPRESS
Pendant ce temps dans la recherche
→ Le second effet Raoult ? Opaque, décriée et peu active (17 procédures depuis 2017), la juridiction disciplinaire des hospitalo-universitaires se fait tailler un costard sur mesure par la Cour des comptes dans une note flash. Les sages ont produit quatre recommandations, dont la réduction du nombre de membres élus et l’allongement de la durée de leur mandat.
→ Le quinté dans le désordre. Les classements d’admission de la section 36 du CNRS font régulièrement parler d’eux et cette année n’échappe pas à la règle avec une liste des admis (après validation de la direction générale) ne correspondant pas à l’ordre préconisé par le jury d’admissibilité et provant de poste un chercheur, comme le regrettent amèrement les représentants des sociologues et certains syndicats. Rendez-vous au tribunal ?
→ Agenda de ministre. La première semaine (sans pont de l’Ascension) de la vie de ministre de Sylvie Retailleau a été consacrée à des rencontres en “unilatéral” avec de nombreux acteurs de l’ESR, au premier rang desquels Pap n’Diaye, son homologue à l’Éducation nationale, puis France Universités en la personne de son président Manuel Tunon de Lara. Antoine Petit (CNRS) a suivi de près.
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Plainte baillon. Une dépêche AFP largement bâtonnée par de nombreux médias, relate la relaxe de Jean-Baptiste Jeangene Vilmer, un chercheur français de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire, accusé de diffamation par la chaîne prorusse RT France pour cinq tweets remontant à 2018.
→ Les armes dans le viseur. Politique intérieure mais américaine, cette fois. Suite au massacre de l’école d’Uvalde, Scientific american rappelle que la science a parlé : une régulation des armes permettrait de sauver des vies. Reste au Parti Républicain à écouter les scientifiques, Trump en premier (vous voyez le problème).
→ Fin d’une demie-vie. La reine des isotopes Marilyn Fogel est morte et le Washington post publie une belle nécrologie de cette chercheuse courageuse, dont les travaux ont permis de nombreuses avancées.
→ Le pacifisme dans l’ADN. La guerre russe en Ukraine va relancer la recherche militaire au niveau européen. Mais en Allemagne, près de 70 universités ne peuvent statutairement s’y consacrer, relève le site spécialisé Science|business.
→ Maintenant ou maintenant. Le chercheur Jean-Marc Égly publie une tribune dans Le Monde pour tenter d’enrayer le déclin de la recherche française, propositions (pas forcément originales) à l’appui, dont celle de redéfinir le statut de chercheur.
L’ARMÉE DES DOUZE SINGES
Et pour finir…
Le Covid prend ses quartiers d’été ; au moment où la variole du singe pointe son nez, pourquoi ne pas se pencher sur la menace que représentent les quadrumanes à travers les âges ?