ÉLECTIONS
La perspective renouvelée de voir le Rassemblement national gagner le second tour déclenche de nombreuses réactions.
→ Dans l’isoloir. Faut-il glisser un bulletin Emmanuel Macron dans l’urne le 24 avril ? Cette question que nombre de Français se posent traverse tout le milieu de la recherche et de l’enseignement supérieur depuis une dizaine de jours. La réponse tient en majorité en ces quelques mots : « faire barrage à l’extrême droite ». Pas un soutien explicite pour le candidat sortant, donc mais un pis-aller que beaucoup assument.
« Une partie des militants ne déposeront pas un bulletin Macron dans l’urne. »
Philippe Aubry, Snesup-FSU
→ Le choix des mots. Du côté de certains syndicats en particulier, l’accord autour des mots d’ordre semble avoir été particulièrement dur à trouver. En 2017, le Snesup-FSU appelait à « utiliser le bulletin de vote Macron ». Cinq ans plus tard, après un quinquennat marqué par une Loi de Programmation de la recherche aux mesures contestées et des polémiques à répétition, le soutien est beaucoup moins explicite : « Aucune voix ne doit aller à M. (sic) Le Pen ». Côté collectif de chercheur, RogueESR maintient le « silence radio » faute d’être arrivé à décider d’un mot d’ordre commun.
→ Sans retenue. En réalité, parmi les syndicats, seule la CFDT a explicitement (et immédiatement) appelé à voter pour le candidat sortant. Si les polémiques, notamment sur l’islamogauchisme, ont laissé des traces, France Universités (ex-CPU), une des premières institutions à avoir dégainé son communiqué, appelle également à « combattre l’extrémisme que porte la candidature de Marine Le Pen et à voter pour Emmanuel Macron ».
→ Mobilisation générale. Il faut dire que les réseaux macroniens ont battu le rappel entre les deux tours, notamment grâce à Louis Vogel, référent thématique pour La République en marche et ex-président de la CPU, qui a diffusé une pétition finalement signée par plus 150 universitaires et publiée le 15 avril dernier dans Le Journal du Dimanche. Parmi les signataires, de nombreux présidents d’université.
→ Discrétion. Si certains comme la présidente de Nantes Université Carine Bernault ont même jeté un pavé dans la mare en utilisant les canaux académiques pour diffuser leur mot d’ordre, d’autres comme Udice (représentant les Idex) précise que « chaque président prendra position s’il le souhaite à titre personnel ». Même son de cloche pour la Conférence des grandes écoles ; plus explicite, la Cdefi, représentant les écoles d’ingénieurs, « fait part de son désaccord profond avec le projet de société porté par le Rassemblement national et sa candidate et appelle à en tirer toutes les conséquences » le 24 avril.
→ En grande pompe. L’enseignement supérieur et la recherche, dont le vote semble pencher à gauche (sans qu’aucune étude que nous n’ayons pu consulter ne l’atteste) aurait objectivement tout à perdre à l’élection de Marine Le Pen le 24 avril. Si ce scénario que beaucoup considèrent comme une catastrophe devient réalité, les chercheurs, enseignants chercheurs et étudiants se réveilleront dans un monde inconnu le 25 avril.