Les registered reports (RR) sont un format de publication qui monte, qui monte… Explications. Ça vous est forcément déjà arrivé : vous montez un superbe protocole pour répondre à une question sur laquelle la communauté sèche et, une fois la manip bouclée… les résultats ne sont pas au rendez-vous. Des résultats, vous en avez, oui, mais rien de « sexy »… On le sait : pas facile de publier des résultats « négatifs ». Que faire, alors ? « C’est du boulot d’écrire un article. On ne va pas le faire si on sait qu’il n’a aucune chance d’être accepté », nous confie Nicolas Grimault. Ce chercheur fait partie des 250 signataires d’une toute récente lettre ouverte pour le développement d’une forme alternative de publication, les registered reports (RR) ou « preregistration » pour les intimes : « Dans un contexte de course à la publication, il est important de lutter contre les fraudes. Les chercheurs peuvent être tentés de supprimer une ou deux lignes dans leurs tableaux de données pour obtenir les résultats tant espérés et pouvoir publier leurs travaux », détaille-t-il. Publication garantie En soumettant votre projet grâce au format RR, la problématique, l’hypothèse de travail ainsi que les méthodes sont examinées lors d’une première étape de peer review. Après acceptation, vous pouvez suivre vos protocoles et soumettre l’article final pour une deuxième étape de peer review. Si la démarche est bien respectée et l’interprétation correcte, l’article est accepté, quelle que soit l’issue de l’expérience. Et ça a l’air de marcher. Une des premières études sur les RR nous apprend que dans 60% des cas, les RR ne valident pas leur hypothèse de départ, contre une estimation de 5 à 20% pour les publications conventionnelles. L’initiative a germé il y a environ 5 ans, en grande partie suite à la crise sur la reproductibilité des travaux en psychologie et en sciences cognitives. Il existe maintenant environ 200 journaux proposant des RR (voici une liste), mais encore peu d’articles sont publiés dans ce format. Chris Chambers, un des pionniers du mouvement, en a fait un premier bilan dans Nature. Les avantages pour les auteurs ? Améliorer le protocole expérimental avant même de le démarrer, notamment. Le RR permet de plus de référencer la publication plus tôt, ce qui est très important pour les jeunes chercheurs. Recherche incarcérée ? Le système est encore imparfait. D’après les éditions Wiley, les éditeurs voudraient plus de soumissions de RR… alors que certains auteurs ne trouvent pas toujours de revues qui les acceptent. Toujours selon Nicolas Grimault « toutes les revues devraient proposer les deux processus de publications, le conventionnel et le registered report. Comme ça, les chercheurs pourraient continuer de soumettre à leurs journaux habituels, en changeant juste de format. » Quant aux inconvénients ? Les RR ne conviennent pas vraiment aux travaux exploratoires. Et surtout, les chercheurs ont peur de prendre de perdre leur liberté. Ce que réfute pourtant, Chris Chambers, qui promeut au contraire leur flexibilité : « RRs are a plan, not a prison. » Tentés ? Voici un tutoriel pour vous y mettre. |
« Mes propos ont été sortis de leur contexte »
Nous sommes le jeudi 27 octobre 2020, un peu moins de dix jours après le violent assassinat de Samuel Paty. Mme X, professeure de droit privé à Aix-Marseille Université, dispense comme à son habitude un cours consacré à la théorie générale du conflit des lois devant...