24.02.2023 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE
Ordi et chapeau de paille
Globe-trotter scientifique. États-Unis, Japon, Canada… La recherche m’a clairement fait voyager et pas uniquement dans l’infiniment petit de la physique quantique. Les conférences, l’avion, les visites de labo, l’hôtel, les vacances… Tout cela se mélangeait joyeusement, pour notre plus grand bonheur et dans la plus grande insouciance.
Ralentir. Enfin, ça, c’était avant. Avant la prise de conscience des enjeux climatiques – qui se fait pour chacun à un moment différent – et les pandémies. Diminuer son empreinte carbone, prendre son temps, voyager en train… Nécessaire d’y réfléchir mais pas toujours évident en pratique.
Personne n’est parfait. Alors que je m’apprête moi-même à prendre l’avion ce dimanche – 3500 km qui me prendront trois jours de train au retour – je vous ai préparé cette analyse sur le recours aux avions dans la recherche : quelle part dans nos bilans carbone et comment la diminuer ?
À très vite,
— Lucile de TheMetaNews.
PS. Notre campagne « Demain, ouvrir TMN » continue, nous sommes à 50% de notre objectif ! N’oubliez pas : à 100%, on lève le paywall.
Sommaire
→ ANALYSE La recherche : avec ou sans avion ?
→ UN CHIFFRE Plus d’académiciennes que d’académiciens
→ UN OUTIL Des moteurs de recherche très académiques
→ EXPRESS Votre revue de presse
→ ET POUR FINIR Coloriage numéroté
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ANALYSE
La recherche doit-elle se couper les ailes ?
Alors que l’avion reste monnaie courante dans la recherche, les alternatives telles le train se heurtent à des obstacles culturels et… administratifs.
↳ Vol 714 pour Sydney. « Embarquement immédiat : les passagers à destination de San Francisco sont priés de se rendre à la porte… » À quand remonte la dernière fois que vous avez entendu cette douce annonce ? Rappelez-vous, elle est en général suivie de plusieurs heures dans un siège trop petit, un voisin à moitié endormi sur votre épaule, le tout en sirotant un jus de tomate pour contenir l’excitation d’aller présenter vos travaux devant les pontes de votre domaine à l’autre bout de la planète. (…)
UN CHIFFRE
× 3
Les femmes ont aujourd’hui trois fois plus de chance d’être sélectionnées pour siéger parmi les académiciens que des hommes à CV égal (en termes de publis et de citations), au moins outre-Atlantique. C’est ce que révèle un article paru dans PNAS analysant les disparités de genre à l’Académie des sciences ainsi qu’à celle des arts aux États-Unis. Si historiquement, ces institutions ne comportaient que des personnalités de sexe masculin, le changement est en route ces deux dernières décennies : depuis 2019, 40% nouveaux membres seraient des femmes. Un bel exemple de discrimination positive spontanée ?
UN OUTIL
Moteurs de recherche très académiques
Pour vos recherches biblio, vous utilisez quoi ? Google Scholar est aujourd’hui le plus connu car depuis 2004, il a tout simplement révolutionné les pratiques. Celles-ci consistaient auparavant à passer par les bases de données payantes auxquelles s’abonnent vos institutions, comme le rappelle le centre CoopIST du Cirad dans sa première fiche sur l’utilisation des moteurs de recherche académiques gratuits. Mais d’autres existent : Dimensions avec ses fonctionnalités avancées, Semantic Scholar basé sur l’intelligence artificielle, le très sophistiqué Lens ou Scinapse agrégeant les métadonnées de plusieurs sources. Tentés par le changement ?
EXPRESS
Des infos en passant
● Opacité 100%. Plus de transparence dans les affaires de méconduites scientifiques, c’est l’objectif d’une lettre ouverte signée par près de vingt chercheurs internationaux – dont Elisabeth Bik ou Guillaume Cabanac – et adressée à la direction du CNRS. Déplorant la minimisation des faits par des institutions qui essaient coûte que coûte de garder ces affaires secrètes – comme ce cas d’une unité CNRS-Sorbonne Paris Nord –, les signataires demandent la protection des lanceurs d’alerte – en l’occurrence Raphaël Lévy, dont TMN avait à l’époque peint le portrait.
● Suite dans les news. Du nouveau par rapport à deux brèves que nous avions publiées le 20 janvier 2023. Tout d’abord, le doctorant Samuel Legris se voit accorder (enfin) la protection fonctionnelle par son université. Ensuite, la lettre ouverte prenant la défense des deux chercheurs ayant déployé une banderole visant à dénoncer l’inaction climatique à une conférence de géophysique recueille aujourd’hui près de 2400 signatures. Leurs abstracts avaient été tout simplement rayés du programme, les signataires demandent donc leur réintégration et l’arrêt des investigations.
● “Nous”, y a un flou. Qui a fait quoi dans un papier ? Plutôt que d’essayer de deviner le rôle de chacun à sa position dans la liste d’auteur ou un vague paragraphe en fin d’article, une nouvelle proposition émerge dans la revue Nature reviews molecular cell biology : nommer les chercheurs à chaque action décrite dans le papier au lieu du traditionnel “nous”. Voilà qui pourrait d’ailleurs permettre d’expliciter des points de vue divergents, mettant fin à l’unisson de mise en la matière, avancent les auteurs. Une idée à creuser ?
EXPRESS
Votre revue de presse
→ Libérée, délivrée. Arrêtée en 2019 à Téhéran pour atteinte à la sécurité nationale, l’anthropologue franco-iranienne Fariba Adelkhah a été remise en liberté la semaine dernière. Jean-François Bayart, cofondateur de son comité de soutien, revient sur son incarcération, sa libération et son futur en tant que chercheuse, dans un interview pour le journal Le Temps.
→ Prise de risques. Si les études de terrain sont essentielles pour la recherche dans certaines disciplines scientifiques, elles restent un véritable défi pour les femmes indiennes, rapporte le média Rukhmabai Initiative. Manque de soutien des autorités, obligations familiales ou encore problèmes de sécurité, les femmes scientifiques font face à de nombreux obstacles.
→ Dans son coin. La guerre en Ukraine met à mal les collaborations internationales dans la recherche scientifique, explique un podcast de Radio France. De nombreux laboratoires s’interrogent sur la reconnaissance des chercheurs russes dans les articles. Le LHC – l’accélérateur de particules au Cern – a lui, par exemple, décidé de ne plus les inclure dans les papiers du laboratoire, rapporte la revue Nature.
→ Pincement au cœur. Lorsqu’il apprend que les méthodes et résultats d’un papier qu’il a publié au cours de sa thèse sont critiqués, Jaivime Evaristo est sous le choc. De sa décision de retirer son article aux difficultés qu’il a rencontrées pour publier de nouveaux articles par la suite, le chercheur, maintenant maître de conférences aux Pays-Bas raconte son parcours pour la revue Science.
→ Incontournable. L’IA est décidément sur toutes les lèvres. Cette fois-ci, certains mathématiciens ont cherché à savoir comment elle pouvait changer leur discipline, rapporte la revue Nature. Alors qu’elle est déjà utilisée pour formuler de nouvelles théories ou résoudre certains problèmes, il reste encore des ponts inexploités entre les deux domaines.
— Revue de presse rédigée par Noémie Berroir
COLORIAGE NUMÉROTÉ
Et pour finir…
Les moins jeunes s’en souviennent peut-être, la première image de Mars était… un coloriage !