Les CDI de projet sont sur toutes les lèvres. Pour la présidente du conseil scientifique du CNRS, Dorothée Berthomieu, cela ne résoudra rien. Que pensez-vous du “CDI de chantier” déjà mis en place dans certains instituts ? Ils ne peuvent pas résoudre les difficultés que connait la recherche pour plusieurs raisons : la première étant que ces CDI ne sont pas définis, tout comme les “tenure tracks”. Ce qui ressort, c’est que les CDI de chantier seraient des CDD. Une autre difficulté est que si l’idée est de recruter des docteurs sur des CDD de plusieurs années, la France aura du mal à insérer ces docteurs de 30 ans ou plus dans les entreprises privées car ce n’est pas ce qui est fait actuellement ; ils sont actuellement recrutés le plus souvent directement après la thèse voire après un post-doc. Pour quelle raison ? Un “tenure track” est par définition mis sur pied dans l’attente d’un poste permanent, or qu’est ce qui garantit qu’il y aura des postes permanents à l’avenir ? Ils diminuent d’année en année. Il s’agit d’un changement de paradigme complet du recrutement dans la recherche publique. Va-t-on créer deux types de concours ? C’est une question que nous avons déjà posée à Antoine Petit. En 11 ans, 1 278 emplois ont été perdus au CNRS, ce sont des pertes sèches, tenant compte des entrées et les sorties, soit 116 emplois par an. Avec 250 recrutements cette année, la tendance perdure puisqu’à l’heure actuelle tous les départs ne sont pas remplacés. La montée en puissance des universités est-elle un changement d’ère pour le CNRS ? Je ne mettrais pas en opposition le CNRS et les universités. La situation des universités n’est pas brillante non plus. Le CNRS n’est pas une exception internationale, ni européenne. En Allemagne, il y a des labos où les chercheurs ne font que de la recherche. L’exception française est peut-être que le CNRS couvre toutes les disciplines et que les chercheurs y sont recrutés pour faire de la recherche mais pas d’enseignement comme à l’université. C’est aussi l’organisation en unités mixtes de recherche qui est une exception française. Il y a en revanche une vraie exception en terme de rentabilité, les salaires sont bas ce qui conduit à un rapport qualité/coût très élevé. La rémunération brute mensuelle médiane est de 2 836 euros pour les ingénieurs et techniciens et de 4 103 euros pour les chercheurs. |
Marc-Antoine Fardin, Ig Nobel et fier de l’être
Photo par Thibaut Divoux Les chats peuvent-ils être considérés comme des liquides ? Quelques années après s’être posé scientifiquement cette question décalée, Marc-Antoine Fardin s’envolait pour Boston il y a tout juste sept ans afin de recevoir le Ig Nobel de...