Il n'y a pas que les start-up dans la vie


05 octobre 2020 /// l’actu de l’inno 
L’autre manière
d’innover

La physicienne naïve que je suis – et je pense ne pas être la seule – a toujours cru que valorisation rimait avec startup. Un modèle économique loin de faire l’unanimité parmi les chercheurs.
C’est donc avec enthousiasme que j’ai découvert l’innovation ouverte ! Théorisées au début des années 2000 par Henry Chesbrough, ces idées étaient dans l’air depuis des lustres. A l’heure où l’innovation prend de plus en plus d’espace dans les discours et les budgets, c’est le moment de s’y replonger.
Bonne lecture,
Lucile de TheMetaNews


Envie de science ? Envie de jazz ? Elodie Chabrol est allée à la rencontre de Pauline Eveno pour notre deuxième épisode du Déclic #Deeptech.

#ParlonsRecherche à la Une
Jouez-la open !
Breveter et protéger ses travaux n’est pas le seul moyen de les valoriser. Tour d’horizon de l’innovation ouverte.


Une séance de travail chez ROpenExo

Start-up, deeptech, entreprenariat… Il existe une alternative : l’innovation ouverte. Basée sur l’open source et vendant plutôt du service, celle-ci s’oppose au modèle des start-up qui demandent un investissement financier important (d’où le recours à des VC ou « venture capitalists ») pour des développements technologiques généralement pointus.
Des valeurs différentes. Au lieu de tout baser sur la propriété intellectuelle et la protection à travers des brevets, l’open innovation surfe sur les principes de l’open science, où la valeur est créée par la diffusion massive et rapide de la connaissance. De plus, le partage avec la communauté ainsi créée permet  d’améliorer la qualité en continu.
Pas tout seul. Le choix de l’open permet d’accéder à tout un réseau, par exemple celui des fab labs. Ceci a permis à Madjid Ait Si Amer, titulaire d’un master en informatique et diplômé de la Fabacademy, de compter sur une dizaine de collaborateurs. Leur projet ROpenExo (si vous voulez en savoir plus) a pour objectif de développer un exosquelette à destination de personnes atteintes de la myopathie de Duchenne. Le tout en open source.
Des modèles éco à repenser. À quoi sert de déposer un brevet sans argent pour le défendre ? Madjid a choisi une licence open source plutôt qu’un brevet pour développer son projet : diffuser les plans de son exosquelette accélérera son amélioration grâce aux retours des utilisateurs. Mais il faut trouver son modèle économique : un abonnement payant à ROpenExo permettrait par exemple aux clients de disposer de la dernière version du produit.


Un chiffre plutôt qu’un long discours
 1 milliard 
C’est l’Euromillion ! Daniel Ek, PDG de Spotify, est évidemment multimilliardaire. Il a annoncé le 24 septembre dernier de consacrer une partie de la sa fortune personnelle à la recherche et ses applications, le tout pour reconstruire le rêve européen. (Et la preuve que la deeptech est the next big thing)


Ca peut vous intéresser //////////// Accelair (Air liquide) propose une série de webinaires sur la deeptech et l’entrepreneuriat dont le dernier est prévu le 06 octobre (les autres en replay) //////////// Innover dans l’Armée, c’est également possible, voici pas mal d’infos sur le sujet ainsi que l’annonce du Forum Innovation défense en novembre prochain ///////////


Un double « Trois questions à… » Inno3
« Les outils financiers ne sont pas adaptés à l’open »


Naviguant entre open source et open science, Benjamin Jean et Célya Gruson-Daniel défendent une autre vision de l’innovation.


A plusieurs, on est plus open.

Quel rapport entretiennent public et privé en terme de valorisation de la recherche ?
BJ On a parfois l’impression que la recherche est aujourd’hui là uniquement pour profiter au privé. Le privé prend ce qui l’intéresse et repart avec, sans que la recherche y gagne.
CGD On assiste à des tensions public-privé, avec une captation des projets se disant « open » mais sans modèle ni gouvernance ouverte sous-jacent –
 de l’open washing donc. C’est pourquoi il est important de pérenniser les modèles économiques dont les fondements sont ouverts.

Pourquoi les modèles open sont-ils plus naturels pour les chercheurs ?
CGD Le système actuel de l’innovation dégoûte beaucoup de chercheurs qui sont habitués à travailler avec des valeurs de partage et de collaboration.
BJ Le numérique fournit une abondance des connaissances, exactement comme en recherche : on innove à partir de ce qui existe déjà. 

Les chercheurs sont-ils orientés par défaut vers le modèle start-up ?
BJ Les outils financiers actuels ne sont malheureusement pas adaptés à l’open, alors que les institutions poussent à l’open. C’est très contradictoire.
CGD Nous sommes à un moment de transition : les modalités de valorisation actuelles ont une grande inertie. Il y aurait un réel besoin de formation et d’acculturation à ces nouveaux modèles, par exemple au sein des SATT.

Propos recueillis par Lucile Veissier


À la tête d’Inno3 depuis 2011, Benjamin Jean est juriste spécialisé en propriété intellectuelle. Célya Gruson-Daniel, auteure d’une thèse sur l’open science et co-fondatrice de HackYourResearch, a rejoint l’équipe l’an dernier. A cette même époque, Inno3 a réalisé une étude pour le CNES sur la valorisation de l’open source.


Ils parlent d’inno (alors on vous en parle)



Et pour finir

On voulait faire un grand coucou à nos amis de TechTrash, qui ont dégoté cette perle de l’innovation (côté bullshit). Un spray de café, oui, oui. Si vous ne les connaissez pas, abonnez-vous (c’est gratuit) et/ou soutenez-les  !