Quand on parle des 95,5 milliards d’euros de financement d’Horizon Europe (comprenant les ERC ou les bourses Marie Curie), le cas des Anglais achoppe encore. Malgré un accord entériné fin 2020 avec l’Europe, l’accession du Royaume-Uni à ce programme est aujourd’hui gelée, au grand dam des universités européennes, qui ont écrit à Ursula Von Der Leyen. Les paiements de certains chercheurs britanniques ont déjà été bloqués. Jeanick Brisswalter, le président de l’Université Côte d’Azur, est l’un des signataires de l’appel à réintégrer le Royaume-Uni dans Horizon Europe. Les Anglais sont sortis de l’UE mais voudraient toujours bénéficier d’Horizon Europe, ce n’est pas antinomique ? Pour nous scientifiques, c’est le Brexit qui est antinomique. Nous réclamons que l’accord qui a été signé l’an passé soit mis en place aujourd’hui. Cela n’a que trop tardé. Cet accord permettait de continuer le travail en réseau à l’échelon européen avec nos collègues britanniques. Le retard accumulé a un vrai impact sur la recherche : empêcher le travail en réseau entre chercheurs diminue le potentiel scientifique de l’Europe. Historiquement, il n’y a aucune distinction entre les chercheurs britanniques et européens : plusieurs milliers de Français exercent au Royaume-Uni et inversement. Toutes les compétences européennes doivent être réunies : le Brexit est une décision politique, la science fonctionne autrement. Pourquoi être intervenus en tant qu’universités ? Il y a urgence à recréer des ponts avec les collègues britanniques. Toutes les alliances des universités de recherche intensive, ainsi que nous Udice — qui représente les Idex français — se sont positionnées sur le sujet [lire leur plaidoyer, NDLR]. Certains projets ou certains financements ne pourront être obtenus conjointement si nous dispersons nos forces. La puissance scientifique de notre continent tient à ses chercheurs… et au fait que les Britanniques n’aillent pas collaborer avec les Etats-Unis ou d’autres pays. Pour l’instant, nous n’avons pas de réponse de la Commission européenne mais le temps de la politique européenne est long alors nous attendons. Quels effets tangibles ont ces blocages institutionnels ? Il y a eu une migration encore limitée de collègues anglais titulaires d’un ERC vers les universités européennes pour pouvoir continuer à bénéficier de cet environnement. Par exemple, deux chercheurs anglais nous ont rejoint à l’Université Côte d’Azur en un an. La date butoir approche : les programmes Horizon Europe arrivent très vite, nous devons pouvoir émarger à ces programmes avec le Royaume-Uni et la Suisse, exactement pour les mêmes raisons. |
Aline Houdy : « Les chercheurs ont très envie de communiquer »
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