L'académie et au-delà : voici BeyondLab#1 !


15 juin 2020 /// L’actu de l’inno 
On avait
une idée en tête

Depuis le lancement de TheMetaNews — déjà 70 numéros —, c’était entendu : il nous fallait parler de la recherche sous toutes ses coutures.
Après [InsideLab] et [OutsideLab], le panorama n’aurait pas été complet sans une news dédiée à l’innovation ou la valorisation.

Inno, valo, quelque soit le nom sous lequel vous connaissez, nous allons nous pencher sur ce qui se passe “beyond l’académie”. Vous êtes prêts ?
Bonne lecture,
Keep calm & science hard,
Laurent de TheMetaNews
PS. Cher lecteur, on va vous demander de nous noter ! Après lecture, cliquez sur l’enquête en pied de mail


Si vous n’avez que 30 secondes


La loi Recherche réserve quelques surprises


La LPPR, ce n’est pas que les “tenure tracks” ou les CDD de chantier, la preuve.


On ne sait pas encore quel sera le calendrier de la Loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR). Si Frédérique Vidal table sur une présentation le 8 juillet prochain au conseil des ministres, le devenir du texte au Parlement est encore incertain. Publié à la surprise générale il y a huit jours, sa vingtaine d’articles balaient la recherche dans son intégralité. Le rapport (très complet) attaché à la loi part du principe que « les relations entre les laboratoires publics et les entreprises sont encore insuffisantes » et liste certaines mesures “incrémentales” dans le secteur de l’inno :
  • Création de contrats doctoraux de droit privé d’une durée maximale de cinq ans. Une vraie surprise pour les acteurs du secteur… et beaucoup d’interrogations à la clef.
  • Elargissement des dispositions “Allègre”. Le rapport précise vouloir « ouvrir le champ des situations où les personnels de la recherche publique peuvent être autorisés à apporter leur concours à une entreprise ».
  • Facilitation du cumul d’activité. Le temps partiel entre labos et entreprises sera encore assoupli (c’était déjà possible).
  • Augmentation du nombre de thèses Cifre. C’est une augmentation de 50% (d’ici à 2027) que vise la préversion de la LPPR. 
  • Doublement de certains dispositifs. Sont évoqués des efforts conséquents pour les chaires industrielles de l’ANR, les LabCom et les Instituts Carnot.  
  • Labellisation de 15 « pôles universitaires d’innovation » (PUI). Un label, certes, mais «sans création de nouvelles structure ».
Reste maintenant à faire atterrir toutes ces dispositions “dans la vraie vie” des laboratoires et des entreprises. De nombreux décrets seront nécessaires ; leur publication sera égrénée… quand la loi sera votée.  


Un chiffre qui en dit long
500 millions
Bruno Lemaire et Cédric O ont annoncé un plan de soutien aux start-up technologiques le 05 juin dernier, après d’un demi milliard d’euros sous diverses formes : 65 millions pour les SATT, 20 millions supplémentaires pour le concours i-Nov… Certaines de ses dispositions seront incluses dans le projet de loi budgétaire spécial Covid bientôt en discussion au Parlement.


Trois questions à… Mathieu Porchet
« Il y a encore un fossé énorme »


Peut-on être sociologue ou historien et monter une start-up ? Ce spécialiste du sujet tente de lever les (éventuels) malentendus.


Y a-t-il un malentendu entre les sciences humaines et l’innovation ? Le transfert des résultats de recherche en sciences exactes est très opérationnel depuis plusieurs dizaines d’années, ça fonctionne très bien, une communauté internationale existe, des bonnes pratiques circulent. Mais seules certaines SHS — 40 % de la recherche en France ! — peuvent d’ores et déjà intervenir dans ce secteur, celles qui sont très “opérationnelles”. Je pense à des chercheurs en marketing, par exemple. Mais il y a encore un gap énorme dans d’autres disciplines : beaucoup de connaissances restent cloisonnés dans les vues ou les publications scientifiques, sans relation avec des acteurs socio-économiques.


On peut donc être historien et valoriser ses travaux ? Ubisoft a travaillé dans une de ses éditions d’Assassins Creed avec un historien spécialiste du sujet [Il s’agit de Laurent Turcot, NDLR] qui a apporté son expertise pour représenter Paris au Moyen-âge. Les historiens peuvent également travailler avec le secteur du tourisme. Néanmoins, si l’expertise est une modalité de transfert, ce n’est pas la seule. La difficulté est qu’il n’y a pas de modèle préexistant, il faut travailler au cas par cas, presque de manière artisanale, ça demande du temps et de l’investissement parce que les écosystèmes sont formatés pour certains types de projets, souvent technologiques.

Les choses évoluent-elles néanmoins ?
 
Le retour sur investissement sociétal est aujourd’hui un sujet en pleine croissance, c’est une autre manière de penser. Si l’objet du transfert n’est effectivement pas la technologie, cela reste néanmoins de la valorisation, même sans création de start-up ou de dépôt de brevet car on part de travaux de recherche. A la SATT Lutech, on a mis en place un projet pour créer de nouveaux formats audiovisuels — les ponts n’existent pas aujourd’hui avec le monde de la recherche dans ce secteur — pour redynamiser l’écosystème. Les jeunes chercheurs sont de plus en plus mécontents des perspectives dans l’académie et s’impliquent beaucoup plus sur ces sujets.


Que les humanités lèvent le doigt

Les résultats de la récente étude PhDTalent menée avec BPI France apportent quelques résultats parlants sur les SHS. 25% des chercheurs interrogés appartenaient aux arts , lettres, langues ou sciences humaines et sociales (voir page 24) — une traduction directe du poids des sciences exactes dans la Deeptech. Ces répondants sont, dans l’ordre décroissant, des chercheurs en « sciences de gestion, économie ou sociologie », commente Florian Andrianiazy. Ces derniers s’imaginent plus naturellement sur des fonctions comme le management, la communication ou les ressources humaines.


Quelques infos en passant ////////  L’institut Imagine lance un site dédié aux industriels, recensant toutes les ressources de l’institut (expertise cliniques ou précliniques, partenariats, etc)  //////// Quatre entreprises françaises ont décroché des fonds de la part de l’European innovation council dans la lutte contre le Covid, il s’agit d’Archeon, Xenothera, Cypheme et Osyvax //////// Le jury d’experts du 22e concours I-Lab, présidé par Florence Séjourné (Davolterra) s’est réuni le 12 juin dernier pour délibérer ////////


Ils parlent d’innovation (alors on vous en parle)



Et pour finir

On en a peu parlé pendant la crise du Covid certainement à tort : Georges Boussignac, décédé le 21 mai, a été le pionnier de la ventilation par pression continue, qui a permis de sauver de nombreux malades. Un grand innovateur, à la vie atypique.