Le climat, Total, et moi

16.09.2022 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Coupure de savoirs

Explosion de budget. Les prix de l’énergie flambent, le cours du dollar monte… tout le monde va trinquer et la recherche ne fera certainement pas exception – on commence à en parler sur les grosses infrastructures.

Les électrons à l’arrêt. À votre échelle, devez-vous renoncer à certains équipements, certaines expériences ? Racontez-nous les conséquences de l’inflation sur votre travail de chercheur – il vous suffit de répondre à ce mail.

On ne va pas chez eux par hasard. Hasard éditorial, il sera question de Total (pardon TotalEnergies) dans ce numéro ! Seriez-vous prêts à travailler avec le géant pétrolier ? Nous vous racontons le quotidien de climatologues qui y sont confrontés de très près.

À très vite, 
— Lucile de TheMetaNews.

 PS  Laurent et moi-même avons signé la charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique. TheMetaNews va donc rejoindre la dizaine de rédactions signataires en s’engageant sur 13 points qu’on vous invite à lire et partager !

Sommaire

→  ANALYSE  Être climatologue et bosser avec Total, c’est possible ?
→  CHIFFRE  Rétractations massives
→  OUTIL  Écrivez comme Shakespeare
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR La classe saclaysienne

TEMPS DE LECTURE : 3 ou 7 MINUTES

℗ Contenu réservé à nos abonné·es

ANALYSE

Leur vie avec (ou contre) Total


Pour ces climatologues du prestigieux Laboratoire de météorologie dynamique, la collaboration avec Total soulève de nombreux cas de conscience.

Philippe Drobinski semble las de devoir encore une fois se justifier : « On a l’habitude de travailler avec des industriels et Total n’est pas différent des autres ». Professeur à l’école Polytechnique et directeur du laboratoire de météorologie dynamique (LMD), il est également le porteur de la chaire financée par Total (…)

UN CHIFFRE

494


Pas loin de 500 articles scientifiques ont été rétractés d’un coup par la maison d’édition IOP Publishing. Lié à la société savante britannique de physique, l’éditeur a mené l’enquête et a répondu à Retraction Watch. Il s’agit a priori d’articles fabriqués par les fameux « paper mills » et soumis à deux revues consacrées aux « proceedings » de conférences. Un phénomène qui n’est pas près de s’arrêter si l’on en croit Elisabeth Bik (relire son interview).

UN OUTIL

Un Shakespeare sommeille en vous


En tant que scientifique, vous maîtrisez certainement assez bien l’anglais pour rédiger vos articles. Mais que diriez-vous d’écrire dans un anglais encore plus châtié ? Basé sur l’intelligence artificielle et entraîné spécialement sur des textes scientifiques, Writeful propose des tournures de phrases alternatives et même un générateur de titres ! Des extensions pour Overleaf et Word sont disponibles. Nature a interviewé un doctorant brésilien qui donne ses conseils : traduire dans un sens puis dans l’autre et choisir la meilleure version. D’autres applications sont également en gestation.

EXPRESS

Des infos en passant


● Mains tendues. Au rayon Science avec et pour la société, l’ANR a ouvert un appel à projets Recherches participatives auquel il est possible de répondre jusqu’au 30 septembre.

● Débrouillez-vous. Dans les revues “prestigieuses” – avec un impact factor élevé –, les reviewers ont tendance à être plus pointilleux mais moins constructifs, analysent les auteurs d’un preprint mis en ligne sur Arxiv, repris par un journaliste de Nature.

● Chevaliers blancs. Ils bataillent avec un éditeur pour faire retirer un article aux conclusions fausses et pas sans conséquences (la Covid et ses vaccins ne sont pas loin). Ces chercheurs français le racontent dans une tribune publiée par le Bulletin du Cancer.

● Sortez les cadenas. Devant l’urgence écologique, les chercheurs peuvent-ils passer à la désobéissance civile ? Certains d’entre eux en revendiquent la légitimité et l’efficacité. Un “comment” publié dans Nature Climate.

 Causes et conséquences. Les femmes mentorées par des femmes réussissent moins bien, certes, mais uniquement par le manque de ressources sociales et économiques de leur mentors, conclut une étude publiée dans PlosOne. Il y a deux ans, une autre étude avait fait polémique en n’analysant pas les raisons de cette disparité homme-femme (relire notre article dans TMN).

EXPRESS

Votre revue de presse


→ Factures salées. La crise de l’énergie n’est malheureusement pas sans conséquences pour la recherche. Science Mag fait le tour des grandes installations énergivores comme les supercalculateurs, les observatoires d’astronomie ou les accélérateurs de particules. Des arrêts sont envisagés.

→ La science n’a pas de… L’égalité des sexes se joue aussi dans les tests cliniques. Une question de plus en plus prise en compte par les agences de financement mais parfois difficile à évaluer. Il y a du mieux mais la route est encore longue, analyse Nature.

→ Défis démocratiques. Un nouveau collectif Horizon TERRE propose de mettre en application la loi Recherche en allouant un dixième des financements à la recherche à des conventions citoyennes. Chiche ? Le Monde publie leur tribune.

→ Question de priorité. Suite aux inondations catastrophiques, les chercheurs pakistanais, notamment biologistes, viennent en aide à la population pour prodiguer des soins de première urgence. Nature interviewe deux d’entre eux.

 Singes savants. Emmanuel Procyk, chercheur CNRS, alerte sur France Culture au sujet de la pénurie des macaques à longue queue dans les labos. Le blocage des exportations par la Chine pourrait conduire à l’arrêt des recherches.

→ La dalle. Construire un métro ou préserver les terres agricoles ? Dans le prolongement du cluster scientifique, le dilemme se pose sur le plateau de Saclay – relire notre article à ce sujet. Dans le Monde, des chercheurs dont l’ex-député Cédric Villani signe un appel à classer ces terres au patrimoine mondial de l’Unesco – rien que ça.

LE GRAND DÉTOURNEMENT

Et pour finir…


Pour continuer encore un moment sur le plateau de Saclay, un de nos lecteurs s’est amusé