Le devoir de neutralité a-t-il vécu ?

04.11.2022 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Ordre et progrès

Si tu vas à Rio. Coupure des budgets de recherche, déforestation accélérée… le bilan de Jair Bolsonaro à la tête du Brésil n’est pas glorieux pour les amoureux de la science et de l’environnement. Pour cette raison, la victoire de Lula est pour beaucoup d’abord un grand soulagement et nourrit de grands espoirs.

Désobéir ou… Prendre position dans une campagne électorale, certains chercheurs français l’avaient fait en ce début d’année et TMN vous en avait largement parlé. Un engagement clairement défini comme celui d’un simple citoyen. Mais peut-on s’engager avec sa casquette de chercheur sans enfreindre son devoir de neutralité ? 

Qualität. L’engagement de Scientifiques en rébellion pour la cause climatique questionne ce fameux devoir de neutralité des chercheurs. Ces derniers font parler d’eux en Allemagne et en France (avec le soutien de Sandrine Rousseau) et occupent une nouvelle fois les colonnes de TMN cette semaine pour un second épisode consacré à cette question brûlante.

À très vite, 
— Lucile de TheMetaNews.

Sommaire

→  ANALYSE  Sous la blouse, le citoyen
→  UN CHIFFRE  L’emploi scientifique en France
→  UN OUTIL  Une aide en français pour Zotero
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR De pairs en fils (ou fille)

TEMPS DE LECTURE : 3 ou 7 MINUTES

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ANALYSE

La neutralité scientifique percutée par la crise climatique


Peut-on être chercheur et militant ? L’engagement de collègues dans la lutte contre le dérèglement climatique remet en cause la notion pourtant bien établie de neutralité scientifique. Second épisode de notre enquête.

Les scientifiques engagés ne sont pas naïfs : « On se sert de la neutralité pour faire taire les chercheurs qui dérangent ce statu quo », analyse Julia Steinberger. « Nos collègues en sciences humaines et sociales savent depuis bien longtemps que la neutralité n’existe pas », explique Xavier Capet pour qui la notion n’est brandie que pour tenter de discréditer des scientifiques dont l’engagement dérange. Mais les choses évoluent. (…)

UN CHIFFRE

1,7%

L’emploi en recherche a progressé de 1,7% en 2021, selon la dernière note du SIES publiée par le ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur. Les tendances varient grandement d’un organisme à l’autre et en fonction des disciplines. La plus forte augmentation est observée dans les instituts Pasteur et Curie. Les mathématiques et l’informatique enregistrent les plus hauts flux d’entrée et de sortie. Globalement, la part des non permanents (CDD) est à la hausse.

UN OUTIL

Une aide en français pour Zotero

La documentation Zotero existe maintenant en français et les principales pages sont disponibles sur le site docs.zotero-fr.org. C’est un travail titanesque qu’ont entrepris une poignée de chercheurs de tous horizons convaincus de l’utilité d’une version française de la doc’ du célèbre outil de gestion bibliographique. Ils exposent leur démarche et ses limites sur leur blog.

EXPRESS

Des infos en passant


● La fin de l’excellence. C’est la révolution chez eLife : si un article est envoyé pour relecture, il sera automatiquement publié avec le rapport, a annoncé l’équipe d’eLife dans un éditorial. Après avoir commencé en 2021 à ne publier que des articles déjà déposés en preprint, eLife prend la direction d’une plateforme de preprint avec peer review post-publication. Le chercheur Stephen Heard n’est pas convaincu et l’explique sur son blog. Times Higher Education publie quant à lui l’opinion d’un virologiste très déçu qui tient à la sélection dans les revues.

● Caméra de surveillance. On se demandait pourquoi ça n’existait pas encore, un logiciel permettant de détecter la manipulation d’image dans les articles scientifiques vient de faire l’objet d’une publication dans Scientific Reports. Malgré l’importance du sujet, les auteurs assument paradoxalement ne pas avoir voulu rendre l’outil disponible à tous bien que le code semble être ouvert.

● Beauté collective. Le festival Pariscience s’est clôturé en beauté et a annoncé les lauréats du prix Symbiose – relire l’interview de la gagnante 2021 – remporté cette année par la réalisatrice Fanny Lavastrou – passée par le même master que vos deux journalistes de TheMetaNews – et le doctorant Thomas Buffet pour le court-métrage “Neurones : à vue d’œil”. Bravo à eux !

● Retour aux sources. Si vous êtes à court d’idées de lecture et que le sujet vous intéresse, un ouvrage de plus de 600 pages consacrées à l’histoire des revues scientifiques de 1665 à nos jours au sein de la Royal Society vient de paraître chez UCL Press et peut être téléchargé gratuitement.

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Nouveau souffle. Les chercheurs brésiliens célèbrent la victoire de Lula, apparemment le seul candidat à avoir mentionné la science durant la campagne. Ils espèrent que les financements de la recherche ainsi que les protections environnementales reviendront avec le départ de Bolsonaro, rapporte Nature.

→ Femme de l’ombre. Passer au crible les articles Wikipédia et ajouter les références adéquates en pied de page, c’est le travail de Rachel Helps à l’Université Brigham-Young aux États-Unis – tenue par des Mormons, au passage. Elle montre dans The Scholarly Kitchen l’influence de Wikipédia sur la science, notamment en termes de citations, et évoque les potentiels conflits d’intérêt inhérents à son travail.

→ Artistes en herbe. Les jeunes chercheurs sont plus créatifs que leurs collègues seniors, montre une étude ayant analysé un million de publications en biomédical. La recherche gagnerait donc à leur donner plus de moyens et d’indépendance, concluent les auteurs dans The Scientist.

→ Accident du travail. Pierrette et Émilie sont mortes des suites de la maladie de Creutzfeldt-Jakob après avoir été contaminées suite à une blessure dans leur labo. Une famille porte plainte contre l’Inrae, l’autre préfère ne pas aller en justice. Mediacités revient sur ces drames qui ont bouleversé des vies mais aussi le cours des recherches sur les prions, avec des moratoires sur plus d’un an.

DE PAIRS EN FILS

Et pour finir…


De quels célèbres chercheurs descendez-vous ? Découvrez-le grâce aux arbres généalogiques académiques !