Deux enquêtes, deux visions du doctorat

— Le 14 janvier 2022

Avez-vous eu la chance de tomber sur la bonne équipe ?
Deux enquêtes dressent un portrait contrasté de l’état du doctorat en France. 

Grand recensement. Améliorer les pratiques, les conditions et l’offre de formation, c’est une des motivations affichées par le RNCD (réseau national des collèges doctoraux) pour sa grande enquête sur le doctorat. Menée en automne dernier, elle croise les réponses des doctorants (presque 12 000) et celles de leurs encadrants (presque 6 000) à plus de 150 questions (toutes les données sont disponibles en ligne).

Première importance. L’enquête montre tout d’abord — au cas où quelqu’un en doutait — le poids du doctorat dans la recherche française. Les doctorants sont, de fait, associés à plus de la moitié des productions scientifiques, témoignent très majoritairement leurs encadrants. Voilà qui résume tout le paradoxe de leur positionnement dans les laboratoires.

Petites mains pour certains… Selon une autre enquête dévoilée récemment par Vies de thèse (voir l’interview d’Adèle Combes), certains doctorants se vivent comme de simples exécutants (19% des 1 900 répondants). Le RNCD insiste lui sur le fort taux de satisfaction : pour plus de deux tiers des doctorants interrogés, l’expérience correspond à leurs attentes et à leur vision.

… satisfaction pour d’autres. Les deux enquêtes se complètent finalement bien au sujet de la relation entre les doctorants et leur directeur·rice de thèse. Quatre doctorants sur cinq se déclarent satisfaits de leur encadrement selon le RNCD, un sur cinq avoue avoir subi un harcèlement moral – ou un vol de résultats en même proportion –, d’après Vies de thèse.

Deux, c’est pas toujours mieux. Le co-encadrement est étonnamment fréquent puisqu’il concerne deux tiers des doctorants en troisième année selon le RNCD. Il est d’ailleurs à double tranchant : deux encadrants valent mieux qu’un, certes, sauf s’ils ne s’entendent pas ou manquent de coordination. Autre motif d’insatisfaction, sans surprise : le financement des thèses, toujours problématique.

A la conquête du grand public. Sylvie Pommier, présidente du RNCD et Adèle Combes – aka Vies de thèse – s’accordent sur le constat que les situations problématiques sont minoritaires… mais pas sur les priorités qui en découlent. Si, pour Adèle Combes, l’urgence est de mettre fin à ces situations, Sylvie Pommier préfère donner une image du doctorat plus positive auprès du grand public, notamment pour améliorer l’insertion professionnelle des doctorants.  

La recherche avant tout  L’enquête du RNCD révèle que doctorants et encadrants se focalisent durant la thèse sur les résultats scientifiques et l’apport de connaissance : deux tiers des doctorants veulent faire carrière dans la recherche publique. Au grand dam du RNCD, qui considère que l’acquisition de compétences utiles pour travailler hors de l’académie doit devenir l’un des objectifs principaux du doctorat.
Donnes-moi ta discipline, je te dirai combien de doctorants tu as

L’enquête du RNCD révèle d’importantes différences dans les pratiques d’encadrement. S’il est très rare en sciences de la vie qu’un directeur de thèse encadre plus de cinq doctorants, la situation est fréquente en sciences humaines. Les doctorants se plaignent alors du manque de disponibilité de leur encadrant, avec des rencontres à peine mensuelle en SHS – contre plusieurs fois par semaine en sciences “dures”. Cette fréquence des rencontres joue très clairement sur le taux de satisfaction des doctorants.

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