Les pirates à l’assaut de Saclay

06.09.2024 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Tiens bon la barre

Vieux gréement. En cette rentrée, TheMetaNews ne perd pas le Nord et accompagne la mise à flot du baromètre de l’ESR 2024. Concocté par la Conférence des praticiennes et praticiens de l’enseignement supérieur et de la recherche (CPESR), ce questionnaire vise à sonder vos conditions de travail et vos ressentis.

Longue-vue. Répondez-y et encouragez vos collègues à faire de même – notamment les non-chercheurs, BIATSS ou ITA dans le jargon : le baromètre est ouvert pour un mois. TheMetaNews publiera en avant-première l’analyse de ses résultats.

Avis de tempête. Mais d’ici là, place à l’actu avec un sujet qui nous a sauté dessus en rentrant de vacances : la cyberattaque de l’Université Paris-Saclay. Sans annuaire ni possibilité de contacter mes sources par email, j’ai tout de même mené l’enquête.

Bonne lecture, 
— Lucile de TheMetaNews

Sommaire

→  ANALYSE  Redémarrage forcé à Saclay
→  OUTIL  Mettez en forme vos graphiques
→  CHIFFRE  L’empreinte des astrophysiciens
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Guerre de cocheur

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

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ANALYSE

Redémarrage forcé à Saclay

L’université francilienne a subi cet été une cyberattaque dont elle a encore du mal à se relever et en tire des leçons pour la suite.

   ↳ « If you meet or call colleagues from University Paris-Saclay, do not hesitate to communicate them this information as their email system is still down after this summer cyber attack. » Voici ce que vous avez pu lire ces derniers jours via vos listes de diffusion – comme celle du groupement de recherche Technologies quantiques à l’origine de ce message. Durant près de trois semaines, vos collègues de Paris-Saclay sont en effet restés coupés du reste du monde (…)

OUTIL

Mettez en forme vos graphiques

Pirouette cacahuète. Voici qui pourra vous être utile pour réaliser de belles figures (dans vos papiers, évidemment). Vous pouvez sauvegarder vos graphiques dans le format vectoriel SVG, ce qui vous permet ensuite de modifier la police ou la couleur facilement ! Via quel logiciel ? Certains le font tout simplement avec Powerpoint : la chercheuse Nalina Aiempichitkijkarn explique sur Medium la procédure dans le détail. Gratuit et open source, le logiciel Inkscape est une belle alternative pour ouvrir et modifier des fichiers SVG. Une extension pour ce logiciel existe même afin de vous faciliter la vie. Au passage, la Johns Hopkins University organise une série de workshop sur la visualisation du 12 septembre au 5 décembre. Inscriptions gratuites par ici.

EXPRESS

Pendant ce temps dans les labos

● Peluche pour vieux. Le Comité d’éthique du CNRS (Comets) appelle à la vigilance au sujet du développement des robots dits sociaux (ces humanoïdes conçus pour nous tenir compagnie, typiquement) et de leurs impacts cognitifs et psychologiques. Le Comets (relire notre interview de sa présidente Christine Noiville) estime que le monde académique et en particulier les chercheurs du domaine se doivent de réfléchir à la question. Un observatoire dédié permettrait le suivi et l’étude des relations développées avec les robots.

● Pas bassinés. Les Scientifiques en rébellion n’ont pas chômé cet été : blocage d’aéroports en Allemagne et en Norvège, manifestation au village de l’eau dans les Deux-Sèvres… Avec toujours plus de répression : au Royaume-Uni, des militants de l’association Just Stop Oil ont été condamnés à de la prison ferme pour “conspiration en vue de causer une nuisance publique”.

● Effet papillon. Classé premier à un poste de maître de conférences en géographie en mai dernier, Félix Lefebvre n’a pu valider ses vœux sur Galaxie (relire notre analyse), qu’il accuse de dysfonctionnement. Face au refus du ministère d’accepter après coup son affectation, il a engagé un recours. Une pétition ainsi qu’une cagnotte ont été ouvertes pour le soutenir.

● PhD attitude. Les doctorants paieront 391 euros pour l’inscription 2024-2025 dans les établissements français. Une somme en baisse, selon le guide de la rentrée étudiante publié par le ministère. Pour nos amis du Québec qui rédigent leur thèse, voici le programme automnal de l’association Thèsez-vous, ainsi que notre numéro de 2021 (déjà) sur la rédaction à relire. L’Association Nationale des Docteurs (ANDès) a quant à elle renouvelé son bureau et communique ses objectifs pour l’année universitaire à venir. Valorisation du doctorat, encore et toujours, au programme.

  Mais aussi…   Les phrases écrites par des humains (et non des bots) et les images augmentent la visibilité des publications scientifiques partagées sur Twitter, selon une étude publiée dans ScientometricsContre-outil : CiteSpace est un site chinois d’analyse bibliométrique qui permet de faire des papiers vite mais pas bien, selon le blog La Rédaction médicale

CHIFFRE

30 tonnes

C’est le bilan carbone annuel moyen de chaque astrophysicien – celle d’un Français est de 9 tonnes en équivalent CO2 – selon cette étude publiée dans Nature Astronomy (aussi sur arxiv). Les auteurs toulousains ont fait l’inventaire de plus de 1200 infrastructures dont l’empreinte, en augmentation ces dernières années, atteint au global 1,3 millions de tonnes de CO2 en 2022 – la France en totalise plus de 600. Une orientation non soutenable, sur laquelle les auteurs appellent à la réflexion. Dans un autre article (disponible sur HAL), l’étude d’un télescope en cours de construction met en évidence d’autres impacts environnementaux… ainsi que des pistes d’amélioration.

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Intelligences. Des IA souveraines pour le monde académique ? Sur le plateau de Saclay, CentraleSupélec propose maintenant Aristote, plutôt côté enseignement comme l’explique Campus matin. Le même média s’est rendu dans le massif armoricain pour interroger les artisans du démonstrateur de l’Université de Rennes qui souhaitent construire un véritable outil de travail, notamment sur des documents administratifs.

→ Prêt relais. Dès la première page, trois plagiats, dont deux belles phrases copiées-collées d’un ouvrage d’Albert Camus. Arrêt sur images fait la recension de dizaines de paragraphes voire de pages entières copiées-collées sans guillemets ni attributions dans un des tout premier ouvrage d’Étienne Klein publié en 2000. Sur X, l’intéressé fait son mea culpa.

→ Remède pas miracle. La bataille pour corriger la science a encore de longs jours devant elle. Suite aux critiques de Raphaël Lévy concernant un papier du chimiste médaillé Chad Mirkin, la revue PNAS a publié une correction, sans résoudre le problème principal, estime le français dont nous avions dressé le portrait. Le tout alors que Chad Mirkin le menace de poursuites judiciaires, rappelle Chemistry World.

→ Fraudeur-payeur. Faire payer les rétractations aux auteurs ? L’idée est esquissée dans un billet publié dans The Scholarly Kitchen. Face à l’impact financier pour les revues, qui doit être jugé responsable ? Les chercheurs qui pour certains, bien que leur réputation soit en jeu, sont au mieux désinvoltes et au pire mal intentionnés ? Ou bien les institutions qui leur mettent la pression ?

→ Pay or perish. Depuis 2019, les revenus des six plus grands éditeurs scientifiques ont triplé. Aux dépens des chercheurs qui doivent payer de plus en plus de frais de publication. On vous en parle déjà régulièrement et Science y consacre un long format.

→ Sous l’océan. Les poissons moches intéressent moins les scientifiques, titre Reporterre, mais c’est surtout l’intérêt économique qui prime dans le choix des études à financer, analyse l’écologue au CNRS Nicolas Mouquet. Un constat qui fait écho à l’interview de Simon Fellous, membre de la candidature collective pour la présidence de l’Inrae (finalement non retenue), qui dénonce dans le même média l’influence des lobbys, dont ceux des phytosanitaires ou de la viande.

→ Bug bounty. Payer des reviewers pour vérifier des papiers très cités, c’est le principe du programme ERROR. Avec un objectif de cent vérifications en quatre ans, les investigateurs n’ont pas la tâche facile : il faut convaincre les auteurs de coopérer (notamment en partageant leurs données) et trouver des reviewers, explique Nature. Une alternative intéressante aux Replication Games dont nous vous parlions.

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GUERRE DE COCHEUR

Et pour finir…

Si vous n’aimez pas cocher des cases, ceci n’est pas pour vous.