Les quotas de femmes en question

16.06.2023 • LA RECHERCHE ET SA PRATIQUE


Le charme de la recherche

Question bleue. Posez la même question à deux chercheurs de deux disciplines différentes, l’un répondra blanc, l’autre noir. On l’a vu pendant la Covid, j’en ai fait l’expérience encore une fois cette semaine.

Incompréhension. Divergence de point de vue, différence de vocabulaire, approches opposées… La question, que j’avais pourtant l’impression d’avoir libellée de la même façon, résonnait différemment pour chacun d’entre eux.

Ni oui ni non. Interpréter, creuser et reformuler les réponses m’ont donc été nécessaires pour recoller les morceaux et finalement… réaliser qu’ils étaient pratiquement d’accord – ouf ! La tâche est ardue mais les journalistes sont là pour ça, n’est-ce pas ?

Réponse imminente. Cette question était la suivante : Peut-on – et doit-on – mettre en place des quotas dans la recherche pour les femmes ? Je ne vous “spoile” pas, vous trouverez la réponse dans notre analyse de la semaine.

À très vite, 
— Lucile de TheMetaNews

Sommaire

→  ANALYSE  La discrimination positive est-elle la solution ?
→  OUTIL  Des auteurs bien choisis
CHIFFRE Mises en forme chronophages
→  EXPRESS  Votre revue de presse
→  ET POUR FINIR Ondes cosmiques

TEMPS DE LECTURE : 5 ou 10 MINUTES

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ANALYSE

Faut-il des quotas de femmes dans la recherche ?

La discrimination positive pour les femmes dans la recherche, une étape nécessaire ou une fausse bonne idée ?

  ↳ Les inégalités entre hommes et femmes dans la recherche académique puisent leurs origines dans l’héritage historique très genré des institutions : « “La grande pyramide du savoir n’a pas de sexe”, ont tendance à penser les scientifiques. Mais on a construit les bâtiments, nommé les salles, et défini à quel âge on doit atteindre tel ou tel poste dans un contexte d’exclusion des femmes de la production de savoir », rappelle Maxime Forest, politiste à Sciences Po (…)

OUTIL

Des auteurs bien choisis

Comment décider qui doit signer une publication ? La question est souvent l’origine de conflits dans les équipes et représenterait 40% des dossiers d’intégrité scientifique à l’Inserm. Coopérer en information scientifique et technique (CoopIST), un service du Cirad, propose comme à son habitude un ensemble de fiches très complètes sur le sujet. Des quatre conditions à remplir pour être co-auteur à l’établissement de l’ordre des signataires, vous serez armé des meilleurs arguments pour votre prochaine publication.

CHIFFRE

230 millions

C’est la somme (en dollars !) perdue en 2021, uniquement pour la remise en forme de manuscrits en vue d’une nouvelle soumission. Longueur du titre, de l’abstract, structure des papiers… les exigences peuvent varier grandement d’une revue à l’autre et, en cas de refus, il faut tout refaire. À partir du salaire moyen des chercheurs en Europe et États-Unis, les auteurs de cette étude publiée dans BMC Medecine ont ainsi pu convertir en monnaie sonnante et trébuchante le temps consacré à cette tâche dont vous vous passeriez bien : près de 2,5 milliards de dollars pour les huit prochaines années. Après avoir interrogé chercheurs et éditeurs, les auteurs suggèrent des soumissions au format libre avec des exigences minimales.

EXPRESS

Des infos en passant

● Révolution tranquille. Sur demande de l’Agence nationale de la recherche (ANR), le comité Ouvrir la science publie ses recommandations pour la diffusion en accès ouvert des ouvrages de recherche. Quatorze points au total qui correspondent à une mise au clair de ce que vous saviez certainement déjà. Sur un sujet proche, Udice, l’association représentant les « universités de recherche intensive » soutient, comme de nombreux autres, la stratégie de non-cession des droits initiée par cOAlition S (relire notre interview de son président Marc Schiltz).

● Cannes, sans les jets privés. Participer à l’élaboration d’un documentaire scientifique, ça vous tente ? Le festival Pariscience, dont TheMetaNews est partenaire depuis quelques années, lance deux appels à candidatures en direction des scientifiques : le Salon des idées scientifiques, où vous proposez un de vos sujets de recherche comme matière première d’un film (à envoyer avant le 17 juillet) et la compétition de courts métrages Symbiose où vous serez en mis binôme avec un réalisateur durant 48h (à déposer avant le 12 septembre). On se revoit à l’automne ?

● Confidentiel, toujours. On vous l’annonçait dans notre enquête sur la transparence des investigations, le nouveau manuel du Resint – le réseau des référents à l’intégrité scientifique – vient d’être publié. Cent trente-deux pages, dix fiches pratiques et des questions juridiques, dont une assez longue sur l’accès au “dossier d’instruction”. Ce qu’on en a compris : le rendre public est possible mais pas tout à fait conseillé par le Resint. 

EXPRESS

Votre revue de presse

→ Sherlock Holmes. Il y a une vie après la recherche. Dorothy Bishop, neuroscientifique britannique de renom, vient de prendre sa retraite et va pouvoir se consacrer entièrement à son nouveau hobby : traquer les publications douteuses. Spécialiste des questions d’intégrité, la chercheuse était à l’origine de la lettre ouverte au CNRS – relire notre enquête. Son portrait est à lire dans le média Spectrum.

→ Fight club. Le respect des règles de sécurité n’affecte pas la productivité, conclut une étude réalisée au sein du National Bureau of Economic Research. L’occasion pour le magazine Science de revenir sur le terrible accident survenu il y a près de quinze ans dans un labo de chimie en Californie et sur les changements, à la fois dans les pratiques mais aussi dans les sujets de recherche en eux-mêmes, que cela a entraînés.

→ Faute avouée… La transparence paye, en recherche du moins. La chercheuse en biologie évolutive et écologie Kate Laskowski en a fait l’heureuse expérience – dans son malheur. Lorsque des accusations de fraudes se sont répandues sur un de ses collaborateurs, mettant en cause leurs publications, elle a immédiatement témoigné avec honnêteté sur son blog, provoquant non pas la ruine de sa carrière, mais au contraire une reconnaissance de la communauté. Times Higher Education revient sur son histoire.

→ Money money. Payer plus les postdocs, quitte à en recruter moins. Voici la position du National Institutes of Health (NIH) qui a lancé un groupe de travail pour réfléchir au manque d’attractivité de ce type d’emploi. Le salaire minimum n’a pas suivi l’inflation alors qu’il peut jusqu’à doubler en passant dans l’industrie. L’élaboration de recommandations plus précises semble satisfaire les actuels postdocs, rapporte le magazine Science.

ONDES COSMIQUES

Et pour finir…

Pour se délecter de musique symphonique en voyageant dans l’espace, c’est par ici.