Marianne Le Gagneur : « Télétravailler doit rester un choix »

— Le 19 juin 2020
Spécialiste du télétravail chez les cadres, Marianne Le Gagneur a du pain sur la planche. Elle évoque pour TMN la situation des chercheurs.

Le télétravail n’était-il pas relativement naturel pour les chercheurs ?

Ils n’ont pas attendu le confinement pour s’y mettre et sont dans la catégorie socio-professionnelle qui utilise d’habitude ce dispositif. Mais, alors que le télétravail se fait en général à distance du lieu de travail dans le cadre d’accords négociés, les chercheurs l’effectuaient souvent sous forme de « surtravail » en poursuivant leur journée de travail à la maison. Ce « surtravail », en dehors de tout cadre légal, va dans le sens de la liberté des espaces de travail du chercheur.

La recherche est un travail collectif. Y-a-t-il un risque de perte de sens ?

Tout à fait. Dans ce télétravail qui s’est installé sur le long terme, des solutions ont été mises en place pour pallier cette solitude. Mais la situation était plus compliquée pour celles et ceux qui s’occupaient de leurs enfants à domicile – et en particulier pour les femmes, qui ont en moyenne moins publié. La perte de sens peut s’expliquer par la disparition du collectif mais, selon moi, elle est avant tout due à la crise que nous avons vécue. Certains chercheurs ont pu se sentir désœuvrés car pas directement utiles.

Comment envisager le retour à la normale ? 


Le télétravail va probablement se répandre mais il doit rester choisi et non subi. Car, si certains sont très intéressés par le télétravail, pour d’autres ne plus se rendre sur leur lieu de travail est vécu comme une privation. De plus, au lieu de laisser le flou sur les conditions de travail des chercheurs et les laisser gérer eux-mêmes, on pourrait élaborer des règles communes comme le télétravail partiel et fournir des outils adéquats. On a laissé aux individus la charge de prendre soin les uns des autres car rien de systématique n’a été mis en place au niveau institutionnel.

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