Nathalie Sayac : « Ne pas baisser les exigences, mais les adapter »

— Le 5 juin 2020
Comment évaluer les étudiants avec les contraintes actuelles d’enseignement à distance ? Nathalie Sayac, chercheuse en didactique, propose quelques pistes à TMN.

Maintenir des examens de fin d’année est-il vraiment indispensable ? 

Une évaluation reste indispensable pour permettre aux étudiants de valider leur année. Ne pas en faire serait d’autant plus injuste pour ceux qui travaillent pour financer leurs études. On voit bien que les inégalités sont exacerbées avec le confinement. Heureusement, dans certaines universités, de vraies aides ont été mises en place (prêts d’ordinateur à l’Upec, aides financières à Rouen). La contrainte du numérique est très pesante dans cette question de l’évaluation à l’université, question qui n’est pas simple.

Doit-on être plus souple ? 


L’indulgence est souvent vue comme une baisse des exigences, alors qu’elle doit être une adaptation. Par exemple, à l’Inspé [‘Institut national supérieur du professorat et de l’éducation, NDLR] où je travaille, le mémoire occupe une place très importante. Certains Inspé ont décidé de supprimer la soutenance alors qu’elle permet à l’étudiant d’améliorer sa note d’écrit, mais surtout de prendre du recul par rapport à l’écriture du mémoire. Dans cette situation, d’autres Inspé ont préféré un système où ils envoient par emails les questions qu’ils auraient posé à la soutenance.

Mettre 10/20 à tous les étudiants, c’est la solution ?

C’est compliqué car cela dépend des formations. Dans ma formation, il y a des étudiants que je désespérerais de voir devant des classes l’année prochaine. Ce serait extrêmement préjudiciable pour tous les élèves qu’ils auront pour la suite. Donner 10 à tout le monde poserait donc un gros problème éthique car l’année de master 2 est la seule année de formation après le concours. Mais j’encourage beaucoup les étudiants à rendre des travaux à plusieurs, parce que ça rend compte de la dimension collaborative du métier d’enseignant qu’ils feront plus tard.

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