Olivier Belli : « On m’a reproché de m’attaquer à un éminent professeur »

— Le 27 mars 2020
Olivier Belli, doctorant en biologie moléculaire à l’ETH Zurich, dénonce les manquements éthiques des travaux de Christian Raoult sur la chloroquine.

Pourquoi avez-vous ressenti l’envie de prendre la parole auprès du grand public ? 

Je recevais beaucoup d’interrogations de la part de proches non-scientifiques et j’ai voulu écrire une réponse globale. Il était important pour moi de coller aux faits, de parler uniquement de l’article de Didier Raoult et de ses manquements éthiques. Certains disent qu’en tant de crise, on n’a pas le temps de respecter les protocoles à la lettre pour trouver des solutions. Je pense au contraire, qu’il faut faire d’autant plus attention. Le risque d’accident [par automédication, NDLR] est grand, surtout en Afrique ou en Asie où il est facile de se procurer de la chloroquine.

Quelles ont été les réactions ? 


J’ai reçu beaucoup de messages de soutien de la part de chercheurs et de médecins qui m’ont rassuré dans ma démarche et ma légitimité. D’autres personnes m’ont reproché d’être un simple doctorant qui ose s’attaquer à un éminent professeur. Mais si un simple doctorant voit les failles, c’est qu’il y a un sérieux problème. Enfin, quelques lecteurs m’ont avoué avoir pris du recul par rapport aux travaux de Didier Raoult.

Comment faire passer le message ? 


Je comprends les gens qui croient le professeur Raoult car on leur dit de faire confiance aux experts. Et le grand public n’est pas familier avec la culture de la contradiction que nous avons en sciences. De plus, on voit bien émerger la structure narrative du héros, seul contre tous, typique de la théorie du complot. La manière dont les sciences sont enseignées n’aide pas : le plus souvent, des figures charismatiques comme Galilée ou Einstein sont mises en avant au détriment du collectif.

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